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No 11

NOTE

SUR LA SITUATION GÉNÉRALE

DES GRANDS RÉSEAUX

DE CHEMINS DE FER FRANÇAIS

AU REGARD DES ACCIDENTS SURVENUS EN 1924,

Par M. F. MAISON,

Inspecteur général des Mines,

Directeur du Contrôle de l'exploitation technique des Chemins de Fer,
Professeur suppléant à l'École nationale supérieure des Mines.

M. le Ministre des Travaux publics a prescrit, par une décision du 3 février 1925, sur la demande de M. le Président du Comité consultatif de l'exploitation technique et commerciale des chemins de fer, que le Directeur du Contrôle de l'exploitation technique des chemins de fer présenterait chaque année, sur les accidents survenus l'année précédente sur les chemins de fer, un rapport d'ensemble ayant plus spécialement pour objet de mettre en relief les caractères spécifiques de ces accidents, leur tendance à s'étendre ou à se réduire, les mesures prises et les résultats obtenus.

La présente Note a pour but de déférer à cette invitation et d'exposer la situation pour l'année 1924.

Elle constituera, en quelque sorte, la suite de la Note sur la Sécurité de la circulation dans les chemins de fer depuis la guerre, publiée dans les Annales des Mines et dans les Annales des Ponts et Chaussées en 1924 (1), dans laquelle nous avons donné une statistique comparée des accidents de trains survenus en

(1) Annales des Mines, 12o série, tome V, 6o livraison, 1924. Annales des Ponts et Chaussées, Mémoires, tome V, 1924.

Ann. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1925-VI.

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France pendant les années 1918 à 1923, en rapprochant les résultats obtenus de ceux de la période d'avant-guerre, et indiqué les diverses raisons qui ont amené une amélioration dans la sécurité des trains.

La nouvelle Note donnera tout d'abord une statistique des accidents de trains ayant entraîné la mort ou des blessures (quelle qu'en soit la gravité), survenus en 1924. Puis elle fera connaître la situation, pour cette même année, en ce qui concerne l'ensemble des accidents d'exploitation ayant occasionné la mort ou des blessures entraînant (sauf pour les accidents de trains) au moins 20 jours d'incapacité de travail, en la comparant non seulement à celle des années antérieures mais aussi à celle des chemins de fer des États-Unis d'Amérique, de Grande-Bretagne et d'Allemagne. Enfin, elle fera le rapprochement des accidents de trains dus aux mêmes causes en indiquant les mesures prises, et recherchera les tendances et les enseignements que ce rapprochement mettra en relief.

I. STATISTIQUE DES ACCIDENTS DE TRAINS EN 1924.

Le tableau no 1 ci-annexé donne, pour l'année 1924, et par réseau, la statistique des accidents de trains ayant entraîné la mort ou des blessures (quelle qu'en soit la gravité), en faisant ressortir la proportion des victimes par rapport aux éléments du trafic, voyageurs transportés, voyageurs kilométriques et trains kilométriques; il reproduit, en outre, pour l'ensemble des réseaux, les données comparatives des années 1922 et 1923 ainsi que celle des années 1905, 1909 et 1913 et les moyennes des dix années 1904 à 1913 qui ont précédé immédiatement la guerre. Il convient d'observer, toutefois, que les proportions correspondant à l'année 1923 sont un peu différentes de celles du tableau joint à la Note précitée de 1924, par suite de rectifications apportées aux éléments du trafic des voyageurs qui n'étaient alors qu'approximativement connus.

Il résulte de l'examen de ce tableau que la situation, au point

de vue de la sécurité, a été, d'une manière générale, moins. satisfaisante en 1924 qu'en 1923.

Alors que, pendant cette dernière année 1923, le nombre des accidents de trains ayant entraîné mort ou blessures était de 39, avec 19 voyageurs et 8 agents tués, 167 voyageurs et 49 agents blessés, soit, au total, 27 personnes tuées et 216 blessées, il s'est élevé, en 1924, à 47, et ces accidents ont occasionné la mort à 24 voyageurs et 15 agents et des blessures à 228 voyageurs et 68 agents, soit, en tout, 39 personnes tuées et 296 blessées, ce. qui donne une augmentation de 20, 5 % pour le nombre des accidents de trains ayant entraîné des victimes, de 44 o/% pour celui des personne tuées et de 37 °% pour celui des personnes blessées.

La comparaison du nombre des voyageurs tués et blessés par rapport au nombre des voyageurs transportés s'établit ainsi :

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Les nombres de voyageurs tués et blessés se sont accrus respectivement de 1/4 et de 1/3 par rapport à 1923, mais ils sont notablement inférieurs à ceux de l'année 1913, où l'on comptait en moyenne 8,3 voyageurs tués et 55, 4 blessés par cent millions

voyageurs transportés, chiffres représentant respectivement

3 fois et 2 fois ceux de 1924; ils font également ressortir une sécurité meilleure que celle correspondant à la moyenne des dix années précédant la guerre.

La situation comparée au nombre de voyageurs kilométriques est un peu moins satisfaisante, ainsi que le montre le tableau ci-après :

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De 1923 à 1924, le nombre des voyageurs atteints par milliard de voyageurs kilométriques s'est accru de un tiers pour les tués et de près de la moitié pour les blessés. Cela provient de ce que si, en 1924, le nombre des voyageurs transportés a été à peu près le même qu'en 1923 (diminution de 0,5°/%), le nombre des voya geurs kilométriques a été réduit beaucoup plus sensiblement (diminution de 3 o%).

Les résultats de l'année 1924 sont néanmoins encore très satisfaisants par rapport aux années d'avant-guerre ; la sécurité pour les voyageurs, au point de vue du risque de mort, y était 3 fois plus grande qu'en 1913, et 2 fois plus grande que pour la moyenne des années 1904 à 1913, et, au point de vue du risque de blessures, 2 fois plus grande qu'en 1913 et 3 fois plus grande que pour la moyenne de 1904 à 1913.

La comparaison du nombre des voyageurs tués et blessés par rapport au nombre de trains kilométriques de voyageurs, y compris les trains mixtes et de messageries, conduit aux mêmes résultats sensiblement que celle faite par rapport au nombre des voyageurs kilométriques. Elle est résumée dans le tableau ci-après :

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Il devait en être ainsi parce que la fréquentation des trains a été très sensiblement la même en 1924 qu'en 1923: elle était en effet de 121 voyageurs par train en 1923 et de 120 voyageurs

en 1924.

Le tableau ci-dessus indique que, pour l'année 1924, la sécurité rapportée au nombre de trains kilométriques est très analogue à celle qui correspond à la moyenne des années 1904 à 1913, et qu'elle est plus satisfaisante que celle de l'année 1913.

Si donc les résultats très favorables de l'année 1923 ne se sont pas maintenus en 1924, il convient de remarquer que la situation, au cours de cette année, a été encore très bonne, et il n'y aurait pas lieu de s'émouvoir outre mesure de la recrudescence d'accidents qui s'y est produite si elle n'avait pas tendance à s'ac

centuer.

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