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limite de 150 milligrammes par litre. Pour rester au-dessous de cette limite, il suffira en général de recourir à une décantation ordinaire sans précipitation chimique, avec des décanteurs bien combinés et convenablement nettoyés.

Les conditions réglementaires atténuées, dont il vient d'être question, seront révisées à des périodes fixées par l'autorité centrale et les délais de révision seront plus courts que ceux concernant les cas où il est fait application des conditions générales ou de conditions spéciales plus sévères que ces dernières.

5o Si la dilution est supérieure à 500, on peut se dispenser de toute épreuve et accepter le déversement de l'eau d'égout brute, à condition qu'on se soumette à des prescriptions telles que l'établissement de grilles ou de fosses à sable, fixées par l'autorité centrale.

Ces règles semblent présenter l'avantage d'éviter les dépenses parfois excessives qu'entraîne une réglementation qui ne différencie pas les exigences suivant les cas.

Si elles étaient adoptées en France, il est permis d'espérer que le développement du tout à l'égout et l'assainissement des villes feraient plus de progrès, car ce qui rend parfois fort difficile d'amener les collectivités à s'assainir, c'est que les dépenses à engager sont trop importantes.

C'est bien ici le cas de répéter que « le mieux est l'ennemi du bien ».

A s'en tenir aux règles de la Commission anglaise, il deviendrait facile et relativement peu coûteux d'établir le tout à l'égout dans les villes qui sont situées à proximité de cours d'eau d'un fort débit ou de la mer, car il suffirait, après avoir séparé les matières lourdes et flottantes, ce qui donne peu de dépenses, de décanter les eaux sans s'occuper des matières en solution. Parfois même la décantation deviendrait inutile.

Il y a d'ailleurs des exemples très importants, principalement en Allemagne, de grandes villes qui se sont contentées d'une épuration aussi sommaire.

III

L'étude de la décantation a donné lieu à de nombreux travaux, principalement en Allemagne.

En ce qui me concerne, j'ai étudié cette question lorsque j'étais chargé de la station d'épuration de Mont-Mesly appartenant au département de la Seine, et rendu compte de mes études dans un mémoire paru, en janvier-février 1917, dans les Annales des Ponts et Chaussées.

L'importance de la décantation est extrême; cette opération est à la base de tous les modes d'épuration, qu'il s'agisse de l'épandage, des lits bactériens ou des boues activées. On comprend en effet qu'il y a intérêt à se débarrasser des matières fines en suspens avant d'aborder l'épuration des matières dissoutes.

Bien plus, comme je l'indiquais ci-dessus et comme cela résulte des travaux de la Commission royale anglaise, il y a beaucoup de cas où la décantation réalise à elle seule une épuration suffisante.

J'ai essayé d'esquisser une théorie de la décantation en la basant sur l'étude de la chute des particules fines dans un liquide et sur la formule suivante qui donne la valeur de la vitesse de chute :

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dans laquelle D est la densité de la particule ;

d, celle du liquide; g, l'accélération de la pesanteur; a, le rayon d'une particule supposée sphérique ; z, le coefficient de viscosité qui, pour l'eau à 18o, est o, 0105.

Il est très important de remarquer que cette vitesse dans un milieu résistant est uniforme et non pas uniformément accélérée. C'est cette circonstance qui permet d'essayer d'étudier théoriquement le phénomène de la décantation.

Les appareils de décantation se groupent en deux classes: d'une part ceux dans lesquels la vitesse de l'eau est horizontale ou peu inclinée sur l'horizontale (bassins de décantation); d'autre

part ceux dans lesquels la vitesse de l'eau est verticale ou peu inclinée sur la verticale (puits de décantation).

Les observations dont il y a lieu de tenir compte dans la construction des bassins peuvent se résumer ainsi :

1o Lorsqu'on connaît le cube q d'eau à décanter et qu'on s'est fixé le degré de décantation à obtenir, c'est-à-dire la vitesse V de chute des particules que l'on veut séparer (V peut varier entre 1/4 de millimètre et 1 millimètre par seconde et on peut adopter en général 1 /2 millimètre), la superficie du bassin est déterminée. Par exemple, s'il s'agit d'un bassin de longueur L, de largeur A, ayant une profondeur h à l'entrée et h' à la sortie, avec un fond plan, la superficie A L se déduit de la formule :

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D'après les résultats de l'expérience on peut considérer 8 comme une valeur moyenne du rapport entre la longueur et la largeur. 2o La profondeur à l'entrée est comprise entre 1 m. 50 et 3 m. D'après un grand nombre d'exemples, la vitesse horizontale de passage de l'eau varie entre 4 et 20 mm.

3o Le bassin à fond horizontal est d'une forme défavorable et onéreuse comme frais de premier établissement. Celui dont la profondeur va en croissant du côté d'entrée au côté de sortie de l'eau est encore moins avantageux. Il faut préférer ceux dont la profondeur d'eau va en décroissant dans le sens d'écoulement de l'eau.

4o Si on veut éviter les fermentations septiques qui troublent la décantation il faut prévoir le nettoyage des bassins au bout de 4 ou 5 jours en général.

5o La contenance des bassins de décantation peut être évaluée, à titre de première approximation, à 8 m3 par litre-seconde du débit moyen d'eau polluée de temps sec.

6o Les fosses septiques se rattachent aux bassins de décantation, mais elles en diffèrent essentiellement parce qu'on ne cherche plus à les curer fréquemment, mais qu'au contraire on laisse la Ann. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1925-I.

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boue y séjourner longtemps et se modifier par suite des actions microbiennes.

Les fosses septiques sont par suite, en général, plus profondes que les bassins; elles offrent l'inconvénient que la fermentation trouble la décantation, et, en revanche, l'avantage que la boue qu'on en extrait est plus concentrée que celle des bassins. Elle contient de 80 à 850 % d'eau contre 92 à 95 ° % pour les bassins: c'est dire que, toutes choses égales d'ailleurs, alors même qu'on ne ferait pas état d'une certaine solubilisation ou gazéification des boues, le cube de celles-ci retiré des fosses septiques sera environ trois fois moindre que pour des bassins.

On trouve des installations de fosses septiques principalement en Angleterre; un certain nombre existe en France.

Les bassins de décantation se trouvent principalement en Allemagne.

C'est aussi dans ce pays qu'a été étudié le mode de décantation par puits au sujet desquels j'ai procédé, à la station de MontMesly, à de longues expériences qui ont donné d'excellents

résultats.

La construction des puits est régie de la façon suivante :

1o Lorsqu'on connaît le cube d'eau q à décanter et qu'on s'est fixé la vitesse V de la décantation, la superficie s des puits est donnée théoriquement par la formule :

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dans laquelle k est un coefficient compris entre 0,25 et 0,50 et pour lequel on peut accepter la valeur moyenne de 1/3.

2o La hauteur de la course utile de l'eau n'a pas besoin d'être grande; avec des puits carrés de 3 m. × 3 m. elle pourrait être d'environ 2 mètres.

Il est recommandable de combiner l'arrivée de l'eau de manière qu'elle s'effectue centralement, et sa sortie de façon qu'elle s'opère sur toute la surface horizontale du puits, afin que les trajets des diverses molécules d'eau intéressent autant que possible toute cette surface.

3o La contenance des puits peut être évaluée à 6 ou 7 m3 par litre-seconde du débit moyen d'eau polluée de temps sec.

4o Le curage des puits doit être fait aussi fréquemment que celui des bassins. Il est plus facile, si on a soin de donner à la partie inférieure des puits une forme conique prolongée au besoin par un cylindre étroit dans lequel la boue vient se concentrer. Celle-ci peut être évaluée périodiquement par un tuyau formant siphon dont une des branches plonge jusqu'à la base inférieure du puits, et dont l'autre, commandée par un robinet, aboutit soit à un réservoir à boues, soit à un terrain d'égouttage.

La dépense de premier établissement d'une décantation par puits peut être évaluée aux cours actuels à 75 frs par mètre cube de débit journalier de temps sec, non compris l'acquisition des terrains nécessaires si on veut traiter les boues par enfouissage. Celle-ci augmenterait d'ailleurs peu la dépense (5 fr. environ).

La dépense d'exploitation dans les conditions économiques actuelles est de l'ordre de grandeur de 8 millimes par mètre cube d'eau d'égout, non compris traitement des boues. Celui-ci, en admettant qu'il soit fait sur le sol, pourrait être évalué, suivant les cas, entre 7 et 10 millimes par mètre cube d'eau d'égout.

IV

Jusqu'à la guerre le procédé qui était le plus en faveur pour l'épuration des matières dissoutes était celui des lits bactériens percolateurs.

Les lits, dits de contact, constitués par du mâchefer entouré de cuves étanches qu'on remplissait d'eau à épurer puis qu'on vidait, étaient peu à peu abandonnés.

Les lits percolateurs sur lesquels l'eau était répandue continuellement, et desquels elle ne cessait de s'écouler à travers le mâchefer, avaient fait l'objet de diverses recherches conduisant à des améliorations notables.

La difficulté principale à vaincre était d'arriver à répartir l'eau aussi uniformément que possible sur la surface supérieure du mâchefer.

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