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aura sur ces armateurs sera la différence entre la dépense du renflouement ou de la dispersion et les recettes nettes du séquestre renflouement ou de la dispersion et les recettes nettes du séquestre.

Les Ingénieurs certifient les sommes ainsi dues et l'arrêté du Conseil de Préfecture sur le procès-verbal de contravention qui aura certainement été rendu pendant que s'exécuteront les travaux de renflouement ou de dispersion de l'épave devra être adressé à l'agent judiciaire du Trésor public qui sera chargé du recouvrement de cette créance. Ce recouvrement sera extrêmement difficile quand il s'agira de navires étrangers, notamment de navires anglais, car il arrive fréquemment que, pour diminuer l'étendue de leurs responsabilités, les armateurs de cette nationalité forment une société par navire, de sorte que leur fortune de terre est mise complètement à l'abri et qu'ils ne peuvent pas être obligés au delà du navire proprement dit, lequel constitue le seul gage des créanciers si un accident amène sa perte partielle ou totale.

Nous ajouterons qu'il sera prudent, avant de commencer les poursuites contre les propriétaires ou armateurs de ces navires, d'avoir un arrêt du Conseil d'État statuant sur la validité ou non de l'abandon.

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DES BATEAUX APPARTENANT A L'ADMINISTRATION
DES PONTS ET CHAUSSÉES.

1o Dans le cas d'abordage d'un bateau de l'Administration des Ponts et Chaussées, il y a lieu pour les Ingénieurs de s'adresser immédiatement, par l'intermédiaire d'un avoué, au Président du Tribunal civil du port où l'accident s'est produit pour lui demander de désigner en référé des experts à l'effet de déterminer les causes de l'accident, d'évaluer les dégâts occasionnés et, le cas échéant, de faire entreprendre les réparations nécessaires pour le compte de qui il appartiendra.

En même temps, il conviendra de demander au Président du Tribunal de Commerce, par l'intermédiaire d'un agréé, de

faire une saisie conservatoire du navire abordeur et de s'opposer à la délivrance des papiers de douane du dit navire. Cette opposition devra être notifiée à la Douane. Dans la requête adressée à ce magistrat, on indiquera le montant de la caution à verser par le dit navire pour couvrir les réparations à exécuter au bateau abordé. Cette caution peut, au surplus, être constituée par un établissement de crédit. Main-levée de la saisie est donnée dès que ladite caution est consignée. Il est inutile de dire que toute cette procédure sera faite au nom du Préfet qu'il faudra, dès lors, de tenir au courant.

L'affaire sera ensuite poursuivie devant le Tribunal civil, toutes les dépenses engagées, si elles sont mises à la charge du bateau abordeur, étant payées sur la caution à fournir.

2o Dans le cas où le navire abordeur est un bateau de l'Administration, l'abordage doit être assimilé à un dommage résultant d'un travail public à régler par application de la loi du 28 pluviôse an VIII. Les tribunaux compétents, sont non pas les tribunaux de droit commun (civil ou de commerce) mais bien le Conseil de Préfecture. C'est le Conseil de Préfecture qui, par voie de référé, peut seul, nommer des experts chargés uniquement de faire des constats; c'est également le Conseil de Préfecture qui nommera, par arrêté spécial, les experts devant donner leur avis sur les causes de l'accident et sur les responsabilités encourues, l'un de ces experts étant désigné par l'Administration.

En conséquence, les Ingénieurs devront, s'ils sont appelés pour nomination d'experts devant les juges civils ou consulaires les armateurs du navire abordé, faire plaider immédiatement l'incompétence de ces juges et appeler du jugement intervenu s'il est passé outre à leurs conclusions.

par

Ils devront, au surplus, refuser toutes explications à ces experts irrégulièrement nommés.

No 10

NOTE SUR L'EMPLOI DES CIMENTS

A LA MER

Par L. PARJADIS DE LARIVIÈRE

Ingénieur des Arts et Manufactures.

La décomposition des mortiers par l'eau de mer ou par les sulfates a donné lieu déjà à de nombreuses recherches.

Dernièrement encore, M. Anstett, Ingénieur en chef du laboratoire d'essais des matériaux de la Ville de Paris, a publié dans la Revue des Matériaux de construction, mars 1923, un article sur les ciments alumineux à haute résistance dans lequel il décrit un procédé qu'il emploie pour reconnaître si un liant est décomposable par les sulfates.

M. Anstett confectionne des briquettes en pâte pure, les laisse durcir pendant quelques semaines, les broye très finement et après y avoir ajouté 50 /。 de leur poids de gypse confectionne des petits blocs cylindriques agglomérés par compression. Si le iant est décomposable il se produit, d'après M. Anstett, un gonflement déjà sensible au bout de quelques jours.

D'après les premiers résultats publiés par M. Anstett, seuls avaient subi l'épreuve avec succès un échantillon de ciment prompt et un échantillon de ciment alumineux fondu.

Au moment où M. Anstett publiait ces résultats, les essais ne dataient que de quelques semaines. J'avais procédé au même moment à des essais analogues et j'ai poursuivi pendant deux ans des observations sur les éprouvettes que j'avais confectionnées alors avec des ciments de diverses provenances.

Au bout de ce temps tous les ciments étaient décomposés, y compris le ciment fondu. Cependant, au début, les résultats ont été dans l'ensemble identiques à ceux obtenus par M. Anstett

Les premières fissures ne sont apparues sur les ciments fondus qu'au bout de 10 à 12 mois.

J'avais en même temps immergé des blocs de mortier des mêmes ciments dans des solutions de sulfate de chaux et de sulfate de magnésie. Actuellement, au bout de deux ans, un certain nombre d'éprouvettes sont encore intactes dans le sulfate de chaux; par contre, dans le sulfate de magnésie, tous les ciments portlands artificiels ont été décomposés et il ne reste plus actuellement que les ciments alumineux fondus et les ciments prompts. D'autre part, M. Feret a poursuivi ces dernières années des essais prolongés de résistance et de décomposition. Ces essais présentent un grand intérêt parce qu'ils portent sur une période très longue et qu'ils se rapprochent beaucoup plus des conditions pratiques que les essais accélérés dont il est question plus haut. Les résultats obtenus donnent lieu aux constatations suivantes.

Les chaux hydrauliques ont donné à la mer des résultats très mauvais.

Les ciments de grappiers se sont mieux comportés.

Les portlands en général ont donné d'assez mauvais résultats et les portlands administratifs, en particulier, se sont plus mal comportés que les autres.

Dans les ciments prompts, les résultats sont très variables, quelques-uns s'altèrent très rapidement, pendant que d'autres se comportent très bien. Toutefois, dans l'ensemble, les résultats sont meilleurs que pour les portlands.

Les ciments de laitier résistent également mieux que les ciments portlands.

Enfin les ciments fondus sont ceux qui ont donné les meilleurs résultats, tout au moins jusqu'à deux ans, puisque les essais jusqu'ici n'ont pas été poussés plus loin.

Les essais de M. Feret sont évidemment les plus probants parce qu'ils sont les plus conformes à ce qui se passe en réalité mais ils ont l'inconvénient d'être très longs.

Les essais de M. Anstett présentent au contraire l'avantage d'être très rapides, mais ils sont très incomplets. En effet, la

désagrégation des mortiers à la mer est due à la formation de sulfo-aluminate de chaux. Il faut donc que le ciment contienne des corps susceptibles de donner ce sulfo-aluminate par contact avec l'eau de mer. Il faut que ce contact ait lieu. Il faut en outre que l'effort dû à l'augmentation de volume qu'entraîne la formation de ce sel soit supérieur à la résistance du mortier pour provoquer sa dislocation. Les essais de M. Anstett ne tiennent compte que du facteur chimique et négligent complètement les deux autres. Ceci explique pourquoi certains ciments indécomposables ayant fait leurs preuves depuis de longues années n'ont pas subi avec succès cette épreuve.

La résistance n'intervient évidemment que si la quantité de sulfo-aluminate formée est relativement faible. Son rôle ne peut donc être admis que comme complément des deux autres.

Par contre, il est évident qu'un mortier complètement imperméable résisterait parfaitement à la mer. On cherche d'ailleurs dans ce but à augmenter la richesse des dosages dans les travaux à la mer. Malheureusement ces travaux sont généralement faits avec des ciments portlands artificiels et tous les entrepreneurs connaissent l'impossibilité d'obtenir des mortiers imperméables avec ces ciments. A ce sujet, il me paraît intéressant de comparer les résultats obtenus dans les travaux de canalisations et dans les travaux à la mer. Les ciments qui permettent de faire des conduites étanches doivent permettre de faire des travaux durables à la mer. Les entrepreneurs spécialisés dans les travaux hydrauliques paraissent d'accord pour reconnaître que, dès que l'on veut faire une conduite sous pression, la fonte ou l'acier n'ont d'autre concurrent que les bétons ou mortiers de ciment prompt, mais encore faut-il choisir sa marque car il y a ciment prompt et ciment prompt; ce point confirme du reste les essais de M. Feret qui a obtenu des résultats très différents suivant les échantillons essayés. Il est difficile de trouver des travaux à la mer en ciment prompt, les cahiers des charges en vigueur en proscrivant l'emploi comme celui du ciment fondu en raison de sa forte teneur en alumine. Cependant certaines références et les déclarations d'entrepreneurs spécialisés dans les travaux à la mer mériteraient un examen approfondi.

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