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XI

HYMNE DE NOEL.

D'où vient que le soleil, reprenant sa course, abandonne son cercle étroit? Est-ce le Christ qui naît sur la terre et agrandit les voies de la lumière?

Hélas! comme le jour, au fugitif éclat avait hâte de finir! son flambeau, presque éclipsé, éteignait peu à peu sa vacillante clarté.

Que le ciel resplendisse plus joyeusement, que la terre tressaille et se félicite, le soleil retrace par degrés ses premiers sillons dans le firmament radieux.

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Parais, aimable enfant que met au monde une mère la chasteté même : elle enfante et n'a point connu d'époux. Parais, ô médiateur! homme à la fois et Dieu.

Quoique né de la bouche du Père et engendré par sa parole, cependant, ô Sagesse! tu ne résidais jusqu'à ce jour que dans le sein du Père.

C'est la sagesse dont la puissance a créé le ciel, et la terre, et le jour, et tout ce qui existe; toutes choses ont été faites par la vertu du Verbe, car le Verbe est Dieu.

Lorsque le cours des siècles fut réglé, lorsque toute créature fut mise à sa place, le Créateur, l'ouvrier du monde, se reposa dans le sein de son père.

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d'années, il daigna visiter lui-même ce monde qui l'offensait depuis longtemps.

Les aveugles mortels vénéraient les ridicules mensonges de l'idolâtrie : l'airain, la pierre, le bois, étaient adorés comme des divinités puissantes.

Par ce culte coupable les hommes portaient le joug du démon, perfide ennemi qui leur faisait ensevelir dans l'abîme ténébreux du péché la vie qu'ils avaient reçue de Dieu.

Le Christ ne supporta pas plus longtemps le malheur des nations qui se perdaient; il ne voulut pas que la belle création de son Père s'abîmât dans le néant.

Il revêtit un corps mortel afin que la résurrection de sa chair rompît les chaînes de la mort, et replaçât l'homme auprès du Père.

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Le voici le jour natal où le Créateur, le Très-Haut, de son souffle de vie t'a revêtu du limon, ô Christ! et a uni le Verbe à la chair.

Tressaille, Vierge illustre dont les chastes entrailles ont porté neuf mois le Sauveur, le glorieux enfantement d'un Dieu augmente la gloire de ta virginité.

Ton sein très-pur contient le fruit béni qui va combler de joie toute créature, il apporte au monde une ère nouvelle, un âge d'or.

Le vagissement de Jésus au berceau commença le nouveau printemps du monde; la création voulut renaître et se défaire de sa souillure antique.

Les champs furent sans doute émaillés, la terre fut couverte de fleurs, et sur les sables des syrtes africaines le nectar et le baume répandirent leurs parfums.

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Hic ille natalis dies,

Quo te creator arduus
Spiravit, et limo indidit,
Sermone carnem glutinans.

Sentisne, Virgo nobilis,
Matura per fastidia 2,
Pudoris intactum decus
Honore partus crescere ?

O quanta rerum gaudia
Alvus pudica continet !
Ex qua novellum sæculum 3
Procedit, et lux aurea.

Vagitus ille exordium
Vernantis orbis prodidit:

Nam tunc renatus sordidum

Mundus veternum depulit.

Sparsisse tellurem reor

Rus omne densis floribus,

Ipsasque arenas Syrtium

Fragrasse nardo et nectare.

Enfant divin! les créatures les plus grossières et les plus insensibles se ressentirent de ta naissance; le rocher vit sa dureté vaincue par la mousse et le gazon qui verdirent ses flancs.

Déjà le miel découle de la pierre, le chêne, de son tronc desséché, distille l'amome, liqueur précieuse, et le baume parfume les bruyères.

Roi de l'éternité! qu'il est saint, dans la crèche, ton berceau! Les peuples le vénéreront d'âge en âge, les animaux eux-mêmes l'ont adoré.

L'âne, être sans raison qui ne peut pas te connaître, t'adore; le bœuf, aux instincts bornés, dont les gras pâturages font la force, t'adore aussi.

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