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sants du monde, affreux tyran, et vous repoussez la bête féroce

Qui rôde frémissante et cherche à nous dévorer, aiguisant ses dents en sa fureur insensée, parce que nous ne cessons de vous prier, ô Dieu suprême!

Nous sommes affligés, oppressés, accablés de maux; on nous hait, on nous déchire, on nous persécute, on nous blesse; la foi subit d'injustes supplices.

Mais dans notre anxiété nous ne manquons pas de remèdes, car la colère du lion affamé languit, et de célestes nourritures nous sont apportées.

Si quelqu'un altéré s'en nourrit, non d'un gosier délicat, mais à pleine bouche, et veut en remplir ses entrailles,

Il sera rassasié par un saint prophète, et goûtera les aliments des hommes justes qui moissonnent des fruits pour un Maître éternel.

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Mundi scilicet impotentis actu

Conclusos regis, et feram repellis :
Quæ circumfremit, ac vorare tentat,
Insanos acuens furore dentes,

Cur te, summe Deus, precemur unum.
Vexamur, premimur, malis rotamur :
Oderunt, lacerant, trahunt, lacessunt:
Juncta est suppliciis fides iniquis.

Nec defit tamen anxiis medela :
Nam languente truci leonis ira,
Illapsæ superingeruntur escæ.
Quas si quis sitienter hauriendo,
Non gustu tenui, sed ore pleno,
Internis velit implicare venis:

Hic, sancto satiatus ex propheta,
Justorum capiet cibos virorum,
Qui fructum Domino metunt perenni.

Rien n'est plus doux, rien n'est plus savoureux, rien ne peut mieux délecter l'homme que les pieuses paroles chantées par le prophète.

Nourris de ces paroles, qu'une puissance insolente nous croie méchants et nous condamne à mort, que les lions affamés se précipitent sur nous:

Toujours nous confesserons Dieu le Père, toujours nous dirons qu'il est Un avec toi, ô Christ Dieu! toujours nous porterons ta croix.

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Nil est dulcius, ac magis saporum,
Nil quod plus hominem juvare possit,
Quam vatis pia præcinentis orsa.

His sumptis, licet insolens potestas
Pravum judicet, irrogetque mortem;
Impasti licet irruant leones,

Nos semper Dominum Patrem fatentes,
In te, Christe Deus, loquemur unum,
Constanterque tuam crucem feremus.

V

HYMNE A L'HEURE OU LES LAMPES SONT ALLUMÉES.

Auteur de la brillante lumière, bon Maître qui divises les temps par des successions fixes, le soleil s'est plongé dans l'Océan, l'affreux chaos nous envahit, Ô Christ! rends la lumière à tes fidèles!

Quoique tu aies décoré les cieux d'astres sans nombre, quoique tu aies donné à la terre la lune pour flambeau, tu nous apprends à frapper un caillou pour en faire jaillir des étincelles, semences de lumière.

Afin que l'homme n'ignore pas qu'il n'a d'autre espérance de lumière que dans le corps immortel du

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HYMNUS AD INCENSUM LUCERNÆ '.

Inventor rutili, dux bone, luminis,
Qui certis vicibus tempora dividis,
Merso sole chaos ingruit horridum,
Lucem redde tuis, Christe, fidelibus.

Quamvis innumero sidere regiam,
Lunarique polum lampade pinxeris,
Incussu silicis lumina nos tamen
Monstras saxigeno semine quærere.

Ne nesciret homo spem sibi luminis
In Christi solido corpore conditam,

Christ, qui a voulu s'appeler la pierre ferme, d'où sort l'étincelle qui allume nos faibles feux.

Nous entretenons nos feux avec des lampes où sont versés des flots d'huile onctueux, ou avec des torches arides; de plus, nous enduisons de cire, composée avec le suc des fleurs, mais dépouillée de tout miel, de longs fils de jonc.

La flamme est vivante et vigoureuse, soit que dans les flancs creux d'une lampe le chanvre s'imbibe d'un suc onctueux, soit que le pin l'alimente avec sa poix, soit que l'étoupe enflammée boive la cire arrondie.

Le nectar brûlant découle du sommet du cierge goutte à goutte en larmes odorantes, la force du feu fait tomber cette pluie bouillante qui se liquéfie.

Par vos bienfaits, ô Père! des flammes mobiles resplendissent dans vos demeures. La lumière rivalise

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avec le jour absent, devant elle la nuit s'enfuit avec son manteau déchiré.

Mais qui ne voit pas l'origine sublime de la lumière aux rapides rayons? Qui ne voit pas qu'elle découle de Dieu? Moïse vit Dieu dans un buisson épineux, comme une flamme d'une lumière éclatante.

Heureux qui mérita de voir dans un buisson sacré le Prince du trône céleste, après avoir reçu l'ordre de dénouer les liens de ses pieds, de peur de souiller un lieu saint avec ses chaussures.

Un peuple de race illustre, protégé par les mérites de ses aïeux, et très-puissant, habitué à vivre sous des maîtres barbares, libre enfin, suit ce feu à travers de vastes déserts.

Partout où ils portaient leurs pas et transportaient leurs camps au milieu de la nuit azurée, un rayon plus

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