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IV

HYMNE APRÈS LE REPAS.

Nos entrailles sont rassasiées; nous avons pris les aliments réclamés par l'infirme condition du corps, que notre langue chante en ses louanges Dieu le père :

Le Père qui, assis sur un trône élevé, domine et régit les séraphins et les chérubins, degrés sacrés de son trône.

C'est lui que nous appelons Dieu Sabaoth. Il n'a pas de commencement, il n'aura pas de fin. Il est le créateur de toutes choses et lui seul a formé le monde. La fontaine de vie coulant d'une source intarissable,

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le Verbe répand la foi et inspire la pudeur; il est vainqueur de la mort et auteur du salut.

Tout ce que nous avons de vie et de vigueur nous vient aussi de l'esprit qui règne éternellement, procédant à la fois du Père et du Christ.

Cet esprit sans tache entre dans les cœurs purs qui, consacrés comme des temples, se réjouissent lorsque de toutes leurs forces ils se sont abreuvés de Dieu.

Mais s'il sent que le vice ou la fraude commencent à naître au milieu de ces cœurs consacrés, il se hâte de les fuir comme un sanctuaire souillé.

Les feux horribles du péché font exhaler à la conscience une vapeur épaisse dont la noirceur offense le Saint-Esprit et le repousse.

Mais ce n'est pas seulement la pudeur et les désirs innocents qui forment dans le secret du cœur un temple éternel au Christ.

Infusor fidei, sator pudoris,

Mortis perdomitor, salutis auctor.

Omnes quod sumus aut vigemus, inde est :
Regnat Spiritus ille sempiternus,

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Il faut prendre garde aussi de ne pas s'échauffer dans la crapule, de ne pas se remplir d'aliments jusqu'à accabler sous le poids des viandes le cœur, siége de la foi.

Les cœurs dégagés, parce que leur nourriture est sobre, reçoivent mieux, quand il se répand en eux, Dieu la vraie nourriture de l'âme et sa vraie saveur.

Mais, ô Père! tu nous fais la grâce d'un double aliment, tu nourris à la fois nos corps et nos âmes, tu les fortifies, tu les remplis de vigueur.

C'est ainsi que jadis ta puissance souveraine ranima, par des aliments descendus du ciel, un homme jeté au milieu des lions rugissants.

Parce qu'il avait eu horreur d'une idole de métal, et avait regardé comme un crime de courber sa tête devant une statue d'airain poli,

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Le peuple et le roi de la cruelle Babylone l'avaient

Sed, ne crapula ferveat, cavendum est,

Quæ sedem fidei cibis refertam

Usque ad congeriem coartet intus.

Parcis victibus expedita corda
Infusum melius Deum receptant:
Hic pastus animæ est, saporque verus.

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Sed nos tu gemino fovens paratu,
Artus atque animas utroque pastu

Confirmas, Pater, ac vigore comples.

Sic olim tua præcluens potestas,
Inter raucisonos situm leones,
Illapsis dapibus virum refovit.

Illum fusile numen exsecrantem,
Et curvare caput sub expolita
Æris materia nefas putantem,

Plebs diræ Babylonis ac tyrannus

condamné à mort, l'avaient livré aux bêtes féroces pour qu'il fût dévoré aussitôt par leurs gueules cruelles.

O piété! ô foi toujours en sûreté ! Les lions indomptés lèchent cet homme, ils ne font aucun mal à cet enfant de Dieu et tremblent devant lui.

Ils s'approchent, abaissent leur crinière; leur rage s'adoucit, leur faim s'apaise, leur langue amie caresse leur proie.

Mais lorsque, toujours en prison et manquant de vivres, il élève ses mains vers le ciel, priant le Dieu dont il avait éprouvé la bonté,

Un messager céleste reçoit l'ordre de descendre sur la terre et de donner de la nourriture à ce serviteur éprouvé. Il s'élance à travers l'espace obéissant.

Il aperçoit des aliments qui n'ont pas été achetés, que le prophète Habacuc, avec un art rustique, a préparés pour les moissonneurs.

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Morti subdiderant, feris dicarant,
Sævis protinus haustibus vorandum.

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O semper pietas fidesque tuta!

Lambunt indomiti virum leones,

Intactumque Dei tremunt alumnum.

Adstant comminus, et jubas reponunt:
Mansuescit rabies, fameque blanda
Prædam rictibus ambit incruentis.

Sed cum tenderet ad superna palmas,
Expertumque sibi Deum rogaret,
Clausus jugiter, indigensque victus: .
Jussus nuntius advolare terris,
Qui pastum famulo daret probato,
Raptim desilit obsequente mundo.

Cernit forte procul dapes inemptas,
Quas messoribus Habacuc propheta
Agresti bonus exhibebat arte.

Il le saisit en ce moment par les cheveux, tout chargé de ses corbeilles, le soulève et le porte à travers les airs.

Le prophète ainsi enlevé et ses aliments, descendent doucement dans la fosse aux lions; il offre le festin qu'il portait.

Reçois avec joie, dit-il, goûte avec plaisir la nourriture que t'envoient, en ce pressant péril, le Père suprême et l'ange du Christ.

Quand il l'eut prise, le prophète Daniel tourna son visage vers le ciel, et, fortifié par cet aliment, il dit : Amen, et chanta Alleluia.

Ainsi ranimés par vos dons, ô Dieu qui nous dispensez tous les biens, nous rendons grâce et nous entonnons des hymnes sacrés!

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Vous veillez sur nous, entourés des efforts impuis

Hujus cæsarie manu prehensa,

Plenis, sicut erat, gravem canistris
Suspensum rapit, et vehit per auras.

Tum raptus simul ipse prandiumque
Sensim labitur in lacum leonum,
Et, quas tunc epulas gerebat, offert.

Sumas lætus, ait, libensque carpas,
Quæ summus Pater, Angelusque Christi
Mittunt liba tibi sub hoc periclo.

His sumptis, Danielus excitavit
In cœlum faciem, ciboque fortis
Amen reddidit, alleluia dixit.

Sic nos muneribus tuis refecti3,

Largitor Deus omnium bonorum,

Grates reddimus, et sacramus hymnos.

T'u nos tristifico velut tyranno,

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