O Dieu très-saint, qui donnez à la poix la plus noire la blanche candeur du lait, qui changez l'ébène en cristal, effacez nos péchés livides. Sous les voiles azurés de la nuit, Jacob, luttant audacieusement contre un ange, soutint un combat inégal tant que le jour ne fut pas levé. Mais dès que le soleil resplendit, son jarret fléchit, sa cuisse devenue débile plia; il n'eut plus assez de force pour prolonger sa résistance. Il n'eut plus de force dans les parties basses du corps, qui sont les plus viles, et qui, éloignées du cœur, favorisent les pensées lascives. Cette image nous apprend que l'homme plongé dans les ténèbres, s'il ne cède pas à Dieu, perdra ses forces rebelles. 70 75 80 85 Tu, sancte, qui tetram picem " Ebenoque crystallum facis, Delicta terge livida. Sub nocte Jacob cærula", Sed cum jubar claresceret, Nutabat inguen saucium, Hæ nos docent imagines, 6 Bienheureux celui qui, au lever du jour, trouve soumise et mortifiée l'intempérance de ses membres. Qu'enfin disparaisse l'aveuglement qui a longtemps entraîné dans des chutes malheureuses nos pas précipités, et nous a fait marcher dans les sentiers de l'er reur. Que cette lumière nous apporte la sérénité; qu'elle nous rende purs comme elle. Loin de nous les paroles trompeuses, loin de nous les sombres pensées. Qu'ainsi s'écoule le jour entier; ne péchons ni par notre langue menteuse, ni par nos mains, ni par nos yeux égarés. Qu'aucune faute ne souille notre corps. Là-haut réside un témoin qui chaque jour observe nos actions, depuis l'aurore jusqu'au soir. 90 95 100 105 Errore traxit devio. Hæc lux serenum conferat, Sic tota decurrat dies. Ne lingua mendax, ne manus, Speculator adstat desuper, Ce témoin est aussi notre juge; il voit tout ce qui est, tout ce que conçoit l'esprit humain, et ce juge personne ne le trompe. III HYMNE AVANT LE REPAS. O Christ, bon Sauveur, créateur de la lumière, par qui tout a été fait, miséricordieux, engendré par la parole du Père, conçu dans le sein d'une vierge, mais déjà puissant dans le sein du Père, avant la création des cieux, de la terre et des mers. Je vous en supplie, dirigez vers nous un brillant regard de votre face salutaire, tournez vers nous votre front rayonnant et serein, afin que nous puissions, en l'honneur de votre nom, prendre ces aliments. Sans vous rien n'est doux, Seigneur, la bouche n'a aucun plaisir à prendre quelque nourriture avant que votre grâce n'ait béni les aliments et les breuvages, et que tout soit sanctifié par la foi. Que nos tables nous fassent goûter Dieu, que le Christ coule dans nos coupes. Que la sainte Trinité, du haut des cieux, règle nos heures sérieuses, nos amusements, nos paroles, nos jeux, tout ce que nous sommes, tout ce que nous faisons. Ici point de roses effeuillées, point d'arome exhalant son parfum, mais pour moi coule, versée du sein du Père, une ambroisie divine, et la foi répand le plus doux nectar. O muse, méprise le lierre dont tu as coutume de ceindre tes tempes; habile à te tresser de mystiques couronnes, mets aujourd'hui pour diadème autour de tes cheveux le chant des louanges de Dieu en strophes dactyliques. Pocula ni prius atque cibos, Fercula nostra Deum sapiant, Hic mihi nulla rosæ spolia3, 30 Laude Dei redimita comas. |