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5,000 habitants, dont 2,800 Maures, 1,800 Turcs et Kourouglis, et plusieurs centaines de Juifs. La population indigène a peu diminué, la population européenne s'est accrue. On a construit plusieurs vastes maisons dans divers quartiers, mais il est bien regrettable qu'on n'en ait pas encore construit assez pour y loger entièrement notre garnison.

Quoique cette ville ait eu depuis longtemps une certaine importance, on n'y trouve aucun monument digne de remarque. Ses neuf mosquées étaient d'une structure fort ordinaire. Cinq ont été employées à notre usage; la plus grande est devenue un hôpital. Le château, bâti en solides pierres de taille, est tombé en ruines. Les Arabes l'appelaient la forteresse des Cigognes, qui sont pour eux des oiseaux protégés par la superstition populaire, mais par une superstition moins respectable que celle de quelques peuples de l'Europe, notamment des bons habitants de la Hollande. Une tradition du pays rapporte que Mahomet changea en cicognes une troupe d'Arabes qui avaient la criminelle audace de piller les pèlerins de la Mecque, et comme nul Arabe n'est sûr de ne pas avoir dans sa parenté quelque voleur de grand chemin, nul d'entre eux n'ose tirer sur une cigogne, de peur de tuer sous la plume blanche de l'oiseau nomade un de ses vénérables aïeux.

Nous avons été reçus à Mostaganem par M. le général Pélissier, dont l'aimable et gracieuse physionomie ne ressemble guère à celle que lui ont faite les journaux. Les accusations de la presse parisienne, répétées par les échos de la province, ne l'ont point intimidé, et lui-même parle sans embarras de la catastrophe qui a attiré sur lui tant de cris d'indignation. L'insurrection de Dahra, comprimée sur plusieurs points, résistait encore sur quelques autres aux efforts de nos troupes. Il fallait à tout prix écraser ce foyer de révolte, qui, si on le négligeait, pouvait en peu de temps se ranimer et répandre au loin le désastre et la ruine. Parmi les tribus les plus rebelles était celle des Ouled-Riah, que nous n'avions jamais vaincue. Fière de sa sauvage indépendance, elle se sentait enhardie encore dans ses luttes opiniâtres par le voisinage de ses grottes profondes, où elle pouvait, en cas d'échec, trouver un refuge assuré et se soustraire aux poursuites de ses ennemis victorieux. Ce fut dans une de ces grottes que, le 17 juin, douze cents Arabes se rassemblèrent, guidés par les marabouts les plus fanatiques, et résolus à se défendre

B.-A statement of surveying contracts and orders of survey made and issued during the period extending from the 1st October, 1860, the date of my predecessor's last report, to the 6th of February, 1861, after which his acts were considered void, which were approved and paid for prior to February 6, 1861, and not heretofore reported. C.-A statement of contracts made by myself, and in force June 30, 1870. D.-An estimate of appropriations necessary for the fiscal year ending June 30, 1872. E.-Proposed surveys for the year ending June 30, 1872.

F.-List of deputy surveyors appointed by the present surveyor general of Louisiana. I have the honor to be, very respectfully, your obedient servant,

Hon. JOSEPH S. WILSON,

JOHN LYNCH, Surveyor General Louisiana.

Commissioner General Land Office Washington, D. C.

les Arabes oblige à des rigueurs que l'opinion publique condamnerait en Europe comme des monstruosités. Les Arabes ne sont que trop disposés à regarder tout ménagement d'humanité comme un signe de faiblesse, et ils usent envers nous, chaque fois que l'occasion s'en présente, d'un régime de cruauté qui nous conduit forcément à des représailles de même genre. Qu'on suppose à la place des OuledRiah quelques-uns de nos bataillons renfermés et cernés dans les cavernes du Dahra'; il est certain que les Arabes ne leur auraient pas offert la moindre capitulation, ou les auraient, après de perfides promesses, traités sans pitié. En 1788, le major Stein se réfugia avec un corps de troupes autrichiennes dans une des grottes du Danube, à quelques lieues d'Orsova. Les Turcs lui ayant fermé toute issue et l'ayant réduit à la famine, il fut forcé de capituler, et lorsqu'il sortit de sa retraite sur la foi des traités, les Turcs le massacrèrent avec tous ses soldats. Ce que les Turcs ont fait en Hongrie, à Nicopolis et en Orient, dans toutes leurs guerres contre les chrétiens, les Arabes le feraient sans hésiter dans leur lutte contre nous. Le même fanatisme les enivre, et ils éprouvent la même joie religieuse à voir couler le sang d'un chien d'infidèle. Encore une fois, loin de nous, bien loin de nous la pensée de vouloir mettre en pratique leur système d'atrocités; nous sommes les plus forts, et nous pouvons ennoblir notre force par notre générosité; mais soyons au moins assez justes pour tenir compte à nos officiers, à nos soldats, de la position difficile où ils se trouvent souvent engagés, et ne pas faire peser sur eux comme un crime le résultat d'une catastrophe involontaire ou le fatal effet d'une rigoureuse nécessité.

A quelques kilomètres de Mostaganem est cet illustre petit fort de Mazagran, que les Arabes ne peuvent plus voir sans courber la tête, et sans se demander si Allah a déserté ses étendards pour se ranger du côté de leurs ennemis : quatre jours et quatre nuits d'un combat acharné, cent vingt-trois soldats de France contre quinze mille hommes, les merveilleux exploits de Roland et du fabuleux Antar renouvelés sur ce pan de muraille, et après une lutte incroyable le drapeau français criblé de balles, lacéré par le sabre, noirci par la poudre, mais flottant encore sur le rempart victorieux, et les Arabes fuyant ce sol arrosé de leur sang et jonché de leurs morts. Je ne connais pas un monument militaire plus mémorable que cet étroit bastion de Mazagran. Je voudrais qu'on y gravât sur une plaque de marbre le nom

de tous ceux qui ont eu l'audace de le défendre contre une telle attaque et le bonheur de remporter une telle victoire.

Entre ces trophées de guerre et les autres trophées de Mostaganem, nous avons été voir un pacifique établissement où il est doux d'observer les fruits du labeur et de l'industrie. C'est une vaste ferme confiée à la direction d'un officier intelligent qui a fait sur cette terre féconde diverses expériences agricoles couronnées d'un plein succès. Il y a là tout ce qui constitue une riche et complète maison rurale: larges champs couverts chaque année de moissons abondantes, frais enclos remplis d'arbres de différentes sortes, pépinières et potager, jardins de luxe et pâturages. On y a joint depuis quelques années un haras qui renferme les plus admirables chevaux qu'il soit possible d'imaginer. Cette belle et fructueuse exploitation doit servir de modèle à la population européenne de Mostaganem, et donner à nos colons un exemple de ce qu'ils peuvent attendre du sol d'Afrique en y jetant quelques plantes, en y creusant quelques sillons.

Ce qui surprend et charme sans cesse l'artiste, le voyageur sur la côte algérienne, c'est cette variété de sites extraordinaires et cette chaude lumière qui les revêt d'un éclat splendide: tantôt des masses de rocs où nulle herbe ne verdoie, mais qui brillent au soleil comme des lames de cuivre d'un rouge ardent, tantôt d'étroits vallons pleins d'ombre et de fraîcheur comme ceux de la Suisse, tantôt une plaine de sable aride et silencieuse, abandonnée par le pâtre et le laboureur, traversée seulement de loin en loin par quelque lente caravane de chameaux, et sur les bords de cette plaine déserte des oasis arrosées par une eau vivifiante, des fleurs, des fruits, tout le luxe éblouissant d'une végétation des tropiques; ici les tentes noires des douars; là l'industrieux établissement d'un colon, et de tout côté les cimes gigantesques de l'Atlas, et les vagues de la Méditerranée reflétant dans leur miroir d'azur tous les rayons du jour, tous les astres argentés de la nuit.

Quoique les villes africaines aient été en grande partie construites par le même peuple, habitées par les hommes de la même race, elles se ressemblent aussi peu que si elles appartenaient à diverses contrées. L'aspect d'Alger ne donne pas une idée de celui de Constantine, et le panorama de Bone, de Bougie, de Cherchell ne prépare point l'esprit à celui d'Oran. De toutes les cités qui bordent le littoral, Oran est peut-être celle qui étonne le plus les regards habitués à l'effet

des constructions mauresques. L'Espagne l'a pendant deux siècles et demi tenu en son pouvoir, et, sans effacer complétement sa physionomie arabe, lui a donné un caractère européen. Puis la France est venue, après un intervalle de cinquante années, continuer et agrandir l'œuvre de l'Espagne. A la place de ces ruelles étroites et tortueuses, de ces maisons en plâtre des villes turques, voici des larges rues qui montent en droite ligne sur la pente des coteaux, des places spacieuses, des maisons à deux ou trois étages, égayées par des boutiques et des magasins de toute sorte, deux quartiers qui couvrent toute l'étendue de deux vastes plateaux, et au milieu de ces plateaux, un ravin rempli d'élégantes habitations et de riantsjardins, un collier d'émeraudes entre deux bracelets d'argent. A gauche, sur les flancs d'une colline, est le château Neuf, immense et magnifique édifice, occupé par le gouverneur de la province et son état-major; au haut de la ville, un champ de manœuvres auquel nous avons donné le nom de place Napoléon et qui est le théâtre de toutes les parades militaires, de toutes les fêtes civiles; sur les montagnes qui s'élèvent du côté de la mer, des forteresses espagnoles que le tremblement de terre de 1791 n'a pu ébranler, et au-dessus de ces forteresses, un marabout que les Arabes contemplent avec orgueil, comme s'ils voyaient dans cette construction, qui domine le drapeau tricolore, un signe d'espoir, un emblème de l'ascendant qu'ils aspirent à reprendre sur leurs maîtres actuels.

M. le général Lamoricière, gouverneur d'Oran, était en France quand nous arrivâmes au chef-lieu de son gouvernement. Mais nous avons trouvé dans les beaux salons du château Neuf M. le général d'Arbouville, qui allie à toutes les qualités d'un excellent militaire l'esprit gracieux de l'homme du monde et les talents d'un habile administrateur.

Le Montezuma nous a débarqués le soir sur un large quai, où une troupe de Maures se disputait autour de nous le privilége d'emporter nos bagages. Le lendemain, dès le matin, l'arrivée de M. Salvandy mettait toute la ville en mouvement. Les soldats étaient sous les armes, les marchands sur leur porte, une foule de curieux aux fenêtres, une foule d'autres suivait les tambours et les clairons pour ne rien perdre des mouvements de la revue guerrière et du cortége ministériel. Des cantinières, leurs paniers au bras, couraient rejoindre les bataillons pour rafraîchir la victoire, des fiacres et des cabriolets cou

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