Le recensement quinquennal de la population de la France, exécuté en 1846, a obtenu dans son exécution plus de succès que ne semblaient le promettre les circonstances difficiles au milieu desquelles ses opérations ont été faites. Jusqu'à présent, on n'avait pas réussi à dénombrer une partie de la population flottante des grandes villes. Les intérêts de localité favorisaient volontiers ces omissions, qui, en atténuant dans les tableaux officiels le nombre réel des habitants, classaient les villes dans des catégories moins surchargées dans l'assiette des contributions indirectes. Cette tolérance répréhensible, qui altérait l'exactitude d'un document public fort important, n'a peut-être pas cessé entièrement en 1846, mais du moins elle a beaucoup diminué; et l'on peut espérer qu'au prochain recensement, les soins attentifs de l'autorité la feront disparaître tout à fait. : Cette acquisition de meilleurs chiffres, qui a coûté beaucoup de peine et dont on doit se féliciter, a pourtant un grave inconvénient celui d'empêcher qu'on puisse comparer, l'un à l'autre, les deux derniers recensements, et qu'on puisse tirer de leur différence la quantité de l'accroissement éprouvé par la population, pendant la période quinquennale comprise entre 1841 et 1846. Or, cette opération donne l'une des notions les plus importantes que la Statistique doive fournir, car les plus hautes considérations de l'Économie sociale s'y trouvent rattachées. Il faut donc essentiellement dégager de l'augmentation attribuée à la population par le recensement de 1846, la quantité d'habitants provenant d'omissions dans les recensements antérieurs ; et ce n'est que par la défalcation de cette quantité surajoutée que nous retrouverons l'accroissement réel, qu'il importe de connaitre positivement. Voici les éléments de cette recherche statistique. Les deux derniers recensements établissent qu'à une distance de cinq années révolues, la population de la France était ainsi qu'il suit : La population moyenne de la période quinquennale étant de 34,865,000 habitants, l'accroissement annuel moyen est d'un sur 149; terme qui suppose seulement 103 ans, pour le doublement, et qui permet de croire qu'avant 1970, la France aurait deux fois sa population actuelle ou 71 millions d'habitants. Heureusement, cette rapidité menaçante de l'accroissement n'existe point; et le calcul que nous venons d'en faire doit être rectifié, en prenant une autre base, qui nous est |