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naux, par le chômage de la navigation, que causent en été les sécheresses, et en hiver les gelées, par les accaparements, et surtout par les mouvements populaires, qu'il est si difficile d'apaiser et si dur de punir.

Une comparaison exacte de la consommation du froment, autrefois et aujourd'hui, est l'un des objets les plus intéressants que la Statistique puisse offrir à l'économiste, à l'historien et au philosophe. Il y a tant de choses d'une haute portée, dans le morceau de pain que mange le peuple, qu'il est possible de trouver, dans les chiffres qui en expriment la qualité et la quantité, les notions les plus précieuses sur le véritable état de la civilisation, souvent déguisée par des dehors trompeurs, et cachant sous le luxe et la magnificence, la misère publique la plus poignante, celle qui se renouvelle à chaque repas du pauvre.

Mais, lorsqu'on recherche les termes numériques propres à faire connaître quelle était, il y a seulement un siècle ou deux, la consommation du blé, on désespère de les atteindre, en voyant comment et par quel expédient les publicistes les plus renommés se sont dispensés de chercher la vérité, et comment ils lui ont substitué des faits entièrement fictifs. Depuis Vauban jusqu'à nos jours, on a constamment employé, pour déterminer la quantité de blé consommée annuellement, la méthode des évaluations arbitraires et des inductions les plus larges.

VI.

Valeur de la consommation.

La valeur de la consommation du froment, déterminée, d'après les prix ruraux, par communes, s'élève à 933 millions 386, 920 fr. Mais portée au prix des marchés, à 20 fr. l'hectolitre, elle est de 1,052,000,000.

Le tableau suivant, exprime la valeur totale du froment consommé, par la population du royaume, à cinq époques diverses, et la valeur de cette dépense, par habitant.

Époques.

Valeur par année. Val. par habitant.

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4840 1,121,000,000

33

Considérée en masse, la valeur du blé consommé est à

présent triple de celle dépensée sous Louis XIV pour cet

objet. Elle est de moitié en sus plus forte que sous l'Empire. Calculée par habitant, elle double de la somme à laquelle elle montait en 1700, et plus considérable de 65 pour 100 qu'avant la révolution. Ainsi, la subsistance principale de la population s'est augmentée et s'est améliorée, mais aussi 'elle est devenue beaucoup plus dispendieuse; et afin d'y pourvoir, il faut plus de travail et un travail mieux rétribué qu'autrefois. La quantité de froment que consommait, en moyenne, un habitant de la France, il y a cinquante à soixante ans, ne valait que 20 fr.; elle en vaut aujourd'hui 33.

Pour alimenter en froment toute la population du royaume, il en faudrait environ 102 millions d'hectolitres, valant à peu près 2 millards. Ce serait un accroissement de moitié en sus, en quantité et en valeur. Il n'y a rien dans ce fait d'avenir, qui soit capable de faire douter de sa réalisation; et ce doit être l'une des espérances de l'agriculture, et l'un des objets de la sollicitude de l'autorité publique.

VII. Importation et consommation des blés étrangers. Résumé quinquennal des quantités de froments étrangers, importés en France pour la consommation de 1815 à 1847.

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L'insuffisance de nos récoltes est beaucoup plus fréquente qu'on ne l'imagine communément. C'est un phénomène agricole qui s'est renouvelé quatorze fois en trentedeux ans. Les années d'insuffisance ne viennent jamais seules; elles se groupent par deux le plus souvent, quelquefois par trois ou même par cinq. Ainsi, quand la disette se

PRIX MOYEN DU BLÉ EN FRANCE DE 1800 A 1846. 179 déclare, il est probable qu'elle continuera après la moisson, qui semble devoir y mettre fin. Cette prolongation de durée est due à la persistance des causes physiques; mais elle est augmentée par la spéculation, qui s'établit pendant les nécessités publiques, et qui, lorsqu'elles devraient devenir moins pressantes, maintient encore les hauts prix des marchés. Un spéculateur, qui a vendu longtemps ses blés à 40 ou 50 francs l'hectolitre, se décide difficilement à les donner à moitié prix. Les plus grandes importations, qui indiquent le plus grand déficit dans nos récoltes, ont eu pour époques, 1832, 1846 et 1847. Elles supposent que le déficit était d'un quinzième de la consommation ou d'un dix-septième de la production. C'est moins d'un hectolitre par hectare cultivé en froment. En 1847, le déficit a été double. A. MOREAU DE JONNÈS.

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La moyenne de 1800 à 1831 ressort à 20 fr. 95 cent. ; celle de 1832 à 1846 à 19 fr. 05 cent. Les années où le blé s'est vendu le plus cher, sont: 1817, 1812, 1816, 1811, 1818, 1801, 1802 et 1846. Cette dernière année n'est que la huitième dans l'échelle décroissante des prix les plus forts, et le prix moyen (23 fr. 84 c.) est de 12 fr. 32 c. moins élevé que celui de 1817 (36 fr. 16 c.) qui est l'année la plus calamiteuse.

Prix moyen de l'hectolitre de froment pour la France entière en 1846 et 1847.

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On voit par ce tableau qu'après avoir été à peu près stationnaire pendant les six premiers mois de 1846, l'accroissement du prix du blé a été rapide dans les six derniers mois et que cet accroissement a continué jusqu'en mai 1847. Depuis cette dernière époque la diminution n'a pas été moins rapide puisqu'à la fin d'octobre le prix de l'hectolitre était redescendu à 22 fr. 01 c.

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Im portations de grains et farines.

Du 1er juill. au 31 déc. 1846 il a été importé 2,542,229 hect.

En Janvier 1847................

Février..

716,925 hect. 736,848

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Total général du 1er janvier au 31 octobre.... 9,695,615 hect. C'est deux fois et demie autant que l'année dernière, et huit fois autant qu'en 1845.

DEUXIÈME PARTIE.

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