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tance des animaux ; mais si une telle dépense semble minime quand il ne s'agit que d'un seul individu, elle devient très-grande lorsqu'on la calcule, par famille, puisqu'elle s'élève alors à 255 francs qu'il faut trouver, avant tout, dans les salaires de 300 journées de travail, tout au plus, obtenus d'une part par le mari et de l'autre par la femme, quelquefois avec l'aide débile d'un enfant.

Quelque difficile qu'il soit d'établir la balance entre les besoins et les moyens d'y satisfaire, il n'y a rien de comparable à cet égard dans la situation du peuple, telle qu'elle est de nos jours et telle qu'elle était autrefois. Nous aurons ailleurs l'occasion et le pouvoir d'élucider ce sujet intéressant.

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Les cultures du froment, sans les jachères, couvrent en France 5,586,787 hectares ou 2,830 lieues carrées moyennes de 25 au degré. C'est plus d'un dixième de la France et deux cinquièmes de l'étendue des terres cultivées du royaume. Sur 100 hectares productifs, il y en a 40 qui donnent du froment. Cette surface égale celle de la Grèce et surpasse l'étendue de la Bohême, de la Suisse ou du Danemark; elle équivaut à deux cinquièmes de l'Angleterre. Le froment est cultivé dans tous les départements, et forme la subsistance principale de la population. Cependant il y a une très-grande différence dans l'étendue locale de sa culture, quand on compare les départements entre eux. C'est ce qui est indiqué dans le tableau suivant, qui énonce ceux où la surface, occupée par les blés, est à son maximum, et ceux où elle est le plus restreinte.

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Les dix premiers départements ont une étendue de terres cultivées en froment onze fois aussi grande que celles des dix derniers. Il n'en faudrait que 47 comme eux pour égaler ła culture tout entière du froment en France, tandis qu'il en faudrait 518 de ceux au minimum pour arriver au même terme.

Il ne sera pas sans utilité de faire connaître quelle est l'étendue de la culture du froment dans quelques-uns des États de l'Europe, à des époques récentes ou peu éloignées.

Grande-Bretagne et Irlande.... 2,130,000 hect. 9 ares chacun. Royaume de France..........

de Suède
de Pologne......

560,000

3.5

.........

40,000

3.8

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Ancien royaume des Pays-Bas,

Hollande et Belgique....

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Espagne.......

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France.....

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Les différences de l'étendue des terres cultivées en froment, dans chacun de ces pays, sont très-considérables; elles tiennent principalement aux causes suivantes : Une grande partie du Royaume-Uni de la Grande-Brelagne et d'Irlande est alimentée par la pomme de terre, et le sol de ses provinces septentrionales repousse la culture du froment. Il en est ainsi de tous les Etats du Nord de l'Europe. En France, le blé trouve un climat favorable, mais la nature des terres ne l'est pas toujours. En Espagne, la température protége les moissons du froment, qui retrouve, pour ainsi dire, dans ce pays, le ciel des lieux de son origine. D'ailleurs, les habitudes de l'ancienne civilisation laissent difficilement se répandre l'usage des autres moyens alimentaires. Néanmoins, on peut croire que, s'il faut, à chaque habitant de l'Espagne, 20 ares cultivés en froment, surface qu'il fallait aussi en France il y a 50 ans, c'est que l'agriculture de la Péninsule n'a pas suivi la nôtre dans ses progrès.

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Les anciens économistes attribuaient au froment, cultivé en France, la multiplication exprimée par les chiffres suivants :

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Si l'on consulte l'antiquité sur ce sujet, les nombres fournis par les historiens et les naturalistes les plus illustres, ressemblent si peu à ceux recueillis dans les documents contemporains, qu'on est forcé de supposer que, dans ces siècles éloignés, la fécondité du froment était immensément plus grande.

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Il faut peut-être considérer ces chiffres moins comme des vérités ştatistiques que comme des faits agronomiques transmis par des traditions qui exprimaient des opinions populaires. Nous inclinons, toutefois, à croire qu'on ne doit pas se hâter de les repousser comme des exagérations. Des exemples contemporains et avérés prouvent que, dans des terres nouvelles et sous un climat propice, le froment multiplie sa graine douze fois autant qu'en Europe. Nous avons vu le maïs reproduire fréquemment, dans l'Amérique tropicale, les merveilleuses récoltes de la Babylonie. Un observateur, qui tient le premier rang en Europe, M. Alexandre de Humboldt, s'est assuré qu'au Mexique la

production moyenne du froment est de 25 à 30 pour un ; qu'elle est de 35 à 40 sur le plateau de ce pays, élevé de 2 à 3,000 mètres au-dessus de l'Océan, et que même, dans les grosses fermes, elle est de 50 à 60 1. Aux Antilles, le maïs donne, comme le froment libyque d'Hérodote, jusqu'à 400 pour un de semence.

Le tableau suivant, qui fait connaître combien peu est récompensé, en Europe, le travail du labourage, montre quelle admirable découverte serait celle qui parviendrait à rendre au froment la fécondité des anciens temps, en multipliant, avec constance, le nombre de tiges données par une seule semence.

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Plaisance, plaines.

9

id.

Légation de Bologne, plaines

États Romains, Marais-Pontins, 20t

Terres ordinaires..

Roy, de Naples. Prov. de Capoue 20.
Terres ordinaires...

Malte, les meilleures terres 38 à 64.
Terres ordinaires....

Ces nombres n'étant pas formés, comme ceux pour la France, en 1840, par les résultats généraux d'une investigation détaillée, on ne saurait en attendre le même degré de précision et de certitude. Toutefois, ils passent pour authentiques; et même en les taxant de quelque exagération, il faut reconnaître que les récoltes de froment

Essai sur la nouv. Espagne, t. II, p. 431.

15

id.

id.

8

id.

....

22, 26, 30

Cevalos.

coûtent, en Europe, beaucoup de travail sans donner beaucoup de blé, surtout si on les compare à celles de l'antiquité.

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Dans un pays comme la France, où la récolte doit nourrir 35 millions d'habitants, et, de plus, pourvoir l'année suivante de semences suffisantes, la production du blé forme une masse prodigieuse et d'un poids immense; elle s'élève annuellement à 70 millions d'hectolitres; et il faudrait, pour les transporter par mer, une flotte, sans pareille, de 88,000 navires de cent tonneaux chacun. Et, cependant, la part qui revient à chacun, dans ce grand approvisionnement, est assurément fort petite; elle l'est tellement, qu'une partie de la population doit y renoncer, et se nourrir de grains moins chers et moins savoureux. Jamais pourtant, il faut le dire, le froment n'avait été produit en si grande quantité, et n'était entré en si grande proportion dans la subsistance du peuple. La consommation en est diminuée, en beaucoup d'endroits, par d'anciennes habitudes nationales, telles que celles qui font vivre de sarrasin ou de maïs les habitants de l'ouest et ceux du midi du royaume; elle l'est encore, par le haut prix auquel le blé est fixé, dans l'ancienne Provence, qui sc nourrit, en grande partie, de froments étrangers. Enfin, une autre cause, qui a les mêmes effets, mérite une attention particulière : c'est l'inégale distribution de la production des blés, qui se concentrent dans une douzaine de départements, tandis que les autres n'ont que des cultures disproportionnées à leurs besoins. Le tableau suivant donnera une idée de cette inégalité et de sa singulière ex tension.

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