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l'île Cazeau : on avait ainsi une seconde barre située à 2 kilomètres de la première, notablement plus basse d'ailleurs, appelée la barre aval du Bec, ou encore passe de Goujon. Enfin, à l'amont, entre les fosses du Marquis et de Barbe de Squire, se trouvait un point relativement maigre, mais d'un niveau nettement inférieur aux deux précédents, le seuil de Belle-Rive.

Pour supprimer le seuil du Bec amont en réalisant un chenal facile pour la navigation, il convenait de condamner les deux fosses en cul-de-sac, de manière à assurer le passage d'une rive à l'autre suivant un tracé régulier on pouvait espérer de l'abaissement de ce seuil une légère amélioration des seuils amont et aval dus l'un et l'autre à des causes (débouché de la Dordogne et du bras de Macau) sur lesquelles il était matériellement impossible d'exercer une action efficace.

Les épis sous-marins en gravier 1 et 2 (rive droite) furent par suite établis entre la berge et le platin qui règne au large entre les kilomètres 23 et 25. Ils produisirent une action très énergique qui se manifesta très vite par un affaissement sensible de la partie médiane de l'épi no 1 et de l'autre par une attaque violente de la falaise extérieure du platin; des rechargements continuels arrivaient à peine à faire facè aux affaissements constatés pour l'épi amont sur l'ancienne ligne de thalweg et les courants déviés par cet ouvrage venaient alors corroder d'une façon inquiétante les hauts fonds du large, si heureusement situés pourtant en vue de l'aménagement rationnel des sections du fleuve.

L'épi no 1 fut consolidé dans la région menacée par un revêtement en enrochements extraits à la drague sur les anciens épis de 1904, et un chevron additionnel (épis sous-marins no a et b) également protégé par des moellons fut établi en amont pour le garantir en assurant une première déviation du jusant. D'autre part, pour s'opposer à la destruction rapide dont était menacé le platin du large, il fallut continuer vers l'aval l'ossature prévue pour la défense de ces hauts fonds en décidant la réalisation immédiate des épis sous-marins nos 3 et 4 (rive droite) qui furent entrepris aussitôt. Les épis sous-marins nos 5 et 6 purent n'être

exécutés qu'en deuxième phase, après aménagement du Caillou et de Bassens.

On put alors passer à la rive gauche où les mêmes phénomènes se reproduisirent, avec moins de violence toutefois; on put réaliser de la sorte successivement les épis sous-marins nos 3, 4, 1, 2, 5, sans qu'il parût nécessaire de prévoir un chevron de couverture à l'aval, ni de réaliser l'épi sous-marin n° 6 qui fut reporté en deuxième phase.

Les résultats progressivement constatés au fur et à mesure de la réalisation des travaux ne permettaient pas d'ailleurs de regretter le changement imposé par les circonstances dans l'ordre d'exécution prévu tout d'abord. Tandis que la passe du Caillou, oscillant au tour de la cote (- 3,50) passait de (3,40) en octobre 1911 à (-- 3,30) en janvier 1912, puis à (— 3,50) en avril, à (— 3,70) en juillet pour revenir à (— 3,40) en octobre 1912, la passe du Bec d'Ambès, contrairement à tous les antécédents constatés, passait spontanément sur l'axe du chenal théorique de (-3,30) en octobre 1911 à (— 3,50) en janvier 1912, à (— 3,70) en avril, à(— 3,90) en juillet, à (— 4,10) en octobre.

Sous l'influence des épis établis sur les deux rives et se complétant les uns les autres, un chenal continu s'était donc progressivement ouvert à cette dernière cote sans aucun dragage: seule une lentille à la cote (—3,90) subsistait entièrement isolée au milieu de la passe, et constituée par de l'argile compacte inattaquable par les courants. Le moment paraissait venu de régulariser le chenal et de le mettre en ce point à la cote défi itive, soit (— 4,50) : un dragage fut exécuté à la cote (— 5,00) en novembre et décembre 1912 dans la partie la plus haute du seuil restant, c'est-à-dire entre les kilomètres 23 500 et 24 100; il comporta l'enlèvement de 108 920 m3, qui furent immergés à la berge entre les épis de rive gauche et de rive droite.

Le plan de sondages du deuxième trimestre de 1914 montre qu'après achèvement complet des ouvrages (exécution des épis 5 et 6 rive droite et 6 rive gauche) en décembre 1913 et janvier 1914, la situation d'équilibre de la passe s'est établie aux environs de la cote (-4,40), et que les passes de Belle-Rive

et du Bec aval (ou Goujon), situées de part et d'autre, et qui, en 1911, étaient respectivement à (— 4,00) et (3,80), se sont spontanément abaissées aux environs de la même cote sous l'influence des épis du Bec amont cependant déjà relativement éloignés. Ces résultats constatés sont d'autant plus intéressants que pour entretenir sur le Bec amont la cote (3,50) seulement on n'avait pas extrait moins de 588 140 m3 de déblais dans la période allant du 21 novembre 1906 au 24 novembre 1909, qui représente en chiffres ronds 200 000 m3 par an.

ce

L'aménagement de la passe du Caillou a été commencé en fin décembre 1912 aussitôt après l'achèvement du dragage effectué sur la passe du Bec d'Ambès. On exécuta les épis sous-marins dans l'ordre 1, 2, 4, 6, en première phase, 3 et 5 en deuxième phase (planche 10).

En ce point, la fosse de jusant à (— 4,00) suivait la rive gauche et descendait jusqu'au kilomètre 15 300 environ, tandis que la fosse de flot, après avoir contourné le banc de la Seiglière, venait couper le prolongement de la fosse de jusant dont elle était séparée par un seul transversal très court mais relativement élevé, (-3,50) environ, pour se retourner ensuite le long de la rive droite parallèlement à la première et se terminer vers le kilomètre 14 500. Outre le seuil transversal existant, l'angle brusque formé par l'axe des deux fosses de jusant et de flot était gênant pour les navires qui venaient toucher fréquemment le banc de sable qui marque la pointe de Pachan.

La traversée qui se faisait à (—3,50) en avril 1912 et à (—3,40) seulement en janvier 1913, est passée sous l'action des seuils sous-marins à (— 3,70) en avril 1913, puis à (— 4,10) en juillet 1913. Le chenal qui avait 50 mètres de largeur à cette époque où l'exécution des ouvrages était très avancée, s'est progressivement accru jusqu'à mesurer 175 mètres en janvier 1914. En outre, la courbe à (— 3,00) du banc de Pachan située à 250 mètres de la digue du Caillou au kilom. 15 900 sur le plan du 2o trimestre 1912, se trouvait reculée de 40 mètres vers la rive en juillet 1913, de 60 mètres en octobre, de 80 mètres en janvier 1914; elle n'était plus ainsi qu'à 170 m. de la digue.

Toutefois, comme elle était encore gênante pour les navires, surtout à la pointe subsistant sur le profil du kilomètre 16, et comme son mouvement.de régression paraissait sur le point de s'arrêter, un dragage à la cote (— 4,50) fut exécuté en février et mars 1914, à l'accore du banc de rive droite, entre le kilomètre 15 600 et le kilomètre 16 400. La largeur du chenal à (— 4,00) fut ainsi portée à 200 mètres et la ligne à (— 3,00) du banc ramenée à 150 mètres de la digue: la route des navires s'est trouvée de ce fait sensiblement redressée et la circulation facilitée.

D'autre part, on voit sur le plan du 2o trimestre 1914 qu'un passage continu à (-4,30) s'est formé sur 30 mètres environ de largeur entre les fosses de Lagrange et du Marquis; les fonds se trouvent par suite actuellement en rapport avec ceux de BelleRive, du Bec amont et du Goujon.

L'aménagement de la passe de Bassens (planche 10) a fait suite aux travaux du Caillou : grâce au matériel dont on disposait à ce moment, il put être rapidement exécuté. La situation en cet endroit était en bien des points analogue à celle du Caillou et comprenait un faux chenal de flot d'une part (en rive gauche), un chenal de jusant de l'autre. Toutefois, la difficulté ne résidait pas essentiellement ici dans la traversée entre l'extrémité de la fosse de jusant et la partie la plus voisine de la fosse de flot, traversée qui ne s'élève au-dessus de (— 4,50) que dans des périodes exceptionnelles, mais dans le maigre que présente la fosse même de jusant entre le kilomètre 8 200 et le kilomètre 8 400 c'est ainsi que la traversée était à (— 4,20) en janvier 1910; mais à cette époque, la fosse de jusant ne présentait au kilomètre 8 300 que des fonds à (— 3,20) environ, C'est donc ce dernier point qu'il convenait d'améliorer avant tout.

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On décida tout d'abord d'ajourner la construction de deux épis sous-marins d'aval (a b) pour ménager la fosse d'évolution existant en ce point qui pouvait être fort utile aux navires ayant à opérer à Grattequina, et on exécuta les autres dans l'ordre, 1, 3,6, 2, 4, 5. Aucun dragage n'a encore été effectué sur ce point; la comparaison des plans des 2es trimestres 1912 et 1914 montre les résultats obtenus: la fosse de jusant qui présentait des fonds

de (— 4,00) en avril 1912, de même qu'en avril et juillet 1913, est successivement descendue à (— 4,40) en octobre 1913, et à (— 4,70) en janvier 1914 et à (— 5,00) en avril.

Cette dernière cote n'avait jamais été constatée jusqu'ici en ce point, même dans les circonstances les plus favorables, comme en janvier 1911 où on ne trouvait que (4,50) entre les kilomètres 8 et 9, bien que la traversée entre les fosses de flot et de jusant au kilomètre 10 400 se fît à cette époque à la cote (— 5,60) (alors qu'elle ne se fait aujourd'hui qu'à la cote (— 4,80), les ouvrages établis en amont n'ayant plus qu'une action atténuée à cette distance). La cote ainsi obtenue est d'ailleurs notablement inférieure à la tenue des passes de Carriette et de Bacalan (— 4,50 environ); elle est par suite largement suffisante pour le moment, mais il pourra y avoir intérêt à chercher à l'abaisser par la construction des épis sous-marins a et b actuellement ajournés, le jour où des ouvrages seraient établis sur ce point et où il conviendrait de faciliter le départ des navires qui y seraient stationnés.

L'approfondissement constaté sur les diverses passes sous l'influence des épis sous-marins a notablement réduit le cube des dragages nécessaires. Le premier programme d'exécution approuvé par décision ministérielle du 6 septembre 1911 prévoyait l'extraction de 8 900 865 m3 correspondant à une dépense de 4 450 481 fr. 50; en raison du déblaiement que les courants avaient provoqué au Bec d'Ambès, le projet définitif, approuvé par décision ministérielle en date du 20 juin 1913, ne prévoyait plus que l'extraction de 4 673 000 m3 correspondant à une dépense de 2 336 500 francs. A l'heure actuelle, il a été fait sur les passes une extraction totale de 391 165 m3 et une dépense de 151 004 fr. 53. Le prix au mètre cube en exécution s'est abaissé de 0 fr. 50, prix prévu aux projets, à 0 fr. 386 seulement, la plus grande partie du cube ayant été transportée en chalands à clapets pour être déposée directement en lit de rivière, soit sur l'axe des seuils eux-mêmes dont on voulait former le noyau (sables de Carriette, du Caillou et du Bec aval), soit sur les plages à constituer entre les épis (argiles du Bec amont); les

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