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CHRONIQUE

LA MUSIQUE et la danse a corbeIL
AU XVIIme SIÈCLE

De tout temps l'on a dansé, à Corbeil comme ailleurs; il est cependant intéressant d'en retrouver le souvenir, c'est ce qui nous est arrivé en feuilletant les registres paroissiaux de l'église NotreDame de Corbeil, où nous avons trouvé une curieuse mention qui mérite de ne pas être oubliée, c'est pourquoi nous l'insérons ici.

Le 2 septembre 1689 fut inhumé dans le cimetière, Nicolas Thieux, vivant maistre à dancer et lieutenant des violons de la Chastellenie de Corbeil. Signé Lemercier, curé.

Il serait intéressant d'avoir des détails sur ces violons dont le sieur Thieux était le lieutenant. Il est probable que cette institution qu'on retrouve dans plusieurs villes, s'était formée à l'imitation des vingt-quatre violons de la chambre du Roi (Louis XIV), qui jouaient dans l'antichambre pendant le dîner du Roi et faisaient danser aux bals de la cour. Leur chef avait le titre de roi des violons.

Ces quelques lignes du registre paroissial de Notre-Dame sont donc intéressantes en ce qu'elles nous apprennent que la Châtellenie de Corbeil avait ses violons aussi bien que Louis XIV, et que Nicolas Thieux, le lieutenant des violons, était un personnage officiel dépendant de la Châtellenie.

LE MAMELUCK DE NAPOLÉON

Le 30 août 1904, l'Écho de Paris publiait la note suivante que nous reproduisons parce qu'elle intéresse notre région, et que tout le monde ne lit pas l'Écho de Paris.

Dans le petit cimetière de Dourdan, tombe en ruine une sépulture qui est celle d'un des hommes, sinon des plus illustres, du moins des plus célèbres du 1er Empire.

L'inscription, encore intacte, qu'elle porte est ainsi conçue :

« Ici git Roustan Raza, ancien mameluck de l'Empereur Napoléon, né à « Tiflis (Georgie), mort à Dourdan à l'âge de 64 ans. Il a emporté avec lui les « regrets d'une famille dont il était bien justement chéri.

« Qu'il repose en paix parmi ceux qui l'ont apprécié et aimé ».

Roustan, le fameux mameluck de Napoléon, finissant bourgeoisement, en petit rentier, à Dourdan, après avoir couru tous les champs de bataille de l'Europe, voilà le fait inattendu que révèle une pierre tombale en ruine et qui mériterait bien une légère restauration.

M. NAU DE CHAMPLOUIS

Il y a à Corbeil la rue de Champlouis. La génération actuelle connaît à peine ce nom, et l'on m'apprend que pour le lui faire connaître j'aurais écrit jadis, dans l'Abeille, une note biographique sur ce beau-frère de M. Ernest Féray. Je ne dis pas non, mais je ne m'en souviens pas et, dans les nombreuses coupures que j'ai faites de ce journal, je n'ai pu retrouver cet article. Il existe cependant, puisqu'il m'a valu une bonne lettre dans laquelle on me raconte une action d'éclat des plus honorables pour celui qui en fut l'auteur; c'est un beau fait d'armes qu'il est bon de faire connaître dans ce pays où la famille de Champlouis a laissé tant de souvenirs. Voici la partie intéressante de la lettre de mon aimable correspondant :

« J'ai lu avec intérêt, dans l'Abeille, votre article concernant M. Nau de Champ<«< louis. Il conviendrait de ne pas laisser dans l'ombre la personnalité de son <«< fils, ancien officier d'État-Major, qui a figuré très honorablement dans la guerre « d'Italie en 1859.

« Il avait été désigné pour enlever d'assaut le bourg de Melegnano. Il arrive << près d'un coin de rue où les balles pleuvaient dru comme grêle et aperçoit ses

<< hommes qui se plaquaient contre les murs pour les éviter.

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Vos hommes ont peur ? dit-il à un sergent.

Non, mon capitaine, je vous réponds que si vous marchez le premier, <<< pas un ne restera en arrière.

<< Il ne se l'est pas fait dire deux fois, s'est élancé à la tête de la compagnie et

« la position a été enlevée du coup, mais une balle lui a traversé les deux joues «<en lui fracassant toute la mâchoire supérieure.

« Ce souvenir, ajouté à celui des services administratifs du père, est un motif << de plus pour qu'on ait bien fait de donner le nom de Champlouis à une rue de « Corbeil >>.

Et moi je m'applaudis d'avoir écrit ma modeste notice sur la famille de Champlouis, puisqu'elle m'a fait connaître un acte de bravoure bien française, que j'ignorais. A. D.

LE NOUVEL HOTEL DE VILLE DE CORBEIL

Dans la chronique de 1903, on annonçait la démolition partielle de l'ancien Prieuré de Saint-Guenault, qui servait d'hôtel de ville depuis 1864, pour faire place à un bâtiment de style moderne en rapport avec les besoins croissants de la ville de Corbeil, dont la population s'augmente d'année en année.

Les travaux commencèrent le 7 octobre 1903; la partie condamnée fut vite abattue et de suite l'on commença à jeter les fondements du nouveau palais municipal.

Mais alors les difficultés surgirent; le sol, voisin de la Seine, n'offrait pas la solidité nécessaire aux assises d'un bâtiment important; il fallut creuser de nombreux puits (45 environ), et pendant plusieurs mois d'hiver les ouvriers travaillèrent dans l'eau. Enfin ces difficultés furent surmontées et, peu à peu, l'on vit s'élever le nouvel hôtel de ville. Aujourd'hui, à la fin de 1904, il est à peu près terminé quant à l'extérieur. Mais les travaux d'intérieur dureront encore longtemps. On parle cependant d'une inauguration pour le 14 juillet 1905. S'il en est ainsi, il faudra démolir ce qui reste de l'ancien Prieuré pour dégager la façade du nouveau palais municipal, et les services devront s'installer dans les locaux neufs qui ne seront certainement pas achevés. Dans la Chronique de 1905, nous pourrons en parler en connaissance de cause. Quant à présent, nous devons constater que le nouvel hôtel de ville a grand air; la façade sur la place est d'un heureux effet décoratif. Du côté de la Seine, il n'en est pas de même, mais il n'en faut chercher la cause que dans les multiples besoins auxquels l'hôtel de ville doit faire face, et penser aussi à la question financière qui joue ici un rôle important. Et puis c'est le derrière du monument, tandis que l'ornementation et les sculptures ont dû être réservées pour la façade principale, où de gracieux motifs sculptés dans la pierre sont dominés par les armoiries de la ville. Celles-ci appellent une

légère critique: la couronne comtale n'est pas d'un heureux effet; le champ de l'écu est bien strié horizontalement pour indiquer l'azur, mais le cœur n'a pas les raies perpendiculaires qui signifient l'émail de gueules. Ce cœur est resté uni, ce qui lui donne une tout autre valeur. A part ce petit détail, l'ensemble est harmonieux et l'on ne peut que féliciter l'architecte qui a su triompher de toutes les difficultés et mener à bien ce grand travail qui va doter la ville de Corbeil d'un monument dont elle sera fière à juste titre. A. D.

NOTA. Tous les modèles en plâtre des motifs de sculpture de l'hôtel de ville ont été portés au musée Saint-Jean, où les visiteurs. peuvent en étudier de près tous les détails.

LE PONT DE CORBEIL

Le pont sur la Seine, qui fait communiquer les deux rives du fleuve, vient de subir une nouvelle transformation. On avait décidé de l'élargir de toute la largeur des deux trottoirs en plaçant ceuxci en encorbellement supporté par une armature de fer et de ciment armé.

Les travaux ont duré près de six mois. Le pont, accru maintenant de toute la largeur de ses deux trottoirs, offre aux regards une belle chaussée de huit mètres de largeur. Mais quelle malheureuse idée l'on a eue de vouloir la paver!

Le pont de Corbeil était, comme tous les vieux ponts, en dos d'âne, c'est-à-dire offrant de chaque côté une pente assez raide, mais depuis son origine (Louis XV), les nombreux travaux dont il a été l'objet avaient toujours tendu à diminuer cette pente, et lors de la reconstruction de 1871-1872, après la guerre, on l'avait baissé encore, de sorte que la pente, très diminuée, offrait alors l'aspect d'un arrondi très adouci. Maintenant qu'on l'a pavé, on lui a redonné, au moins sinon plus, sa pente d'autrefois, avec un sommet formant une vive arête. Cette pente est tellement raide qu'on a été obligé de relever le pavage des rues qui accèdent au pont.

Quant aux trottoirs, c'est encore pis, on les a pavés avec du pavé de rebut, tout hérissés de pointes qui font gémir les pauvres piétons. Aussi, malgré l'importance et l'utilité de ces travaux, ils sont l'objet de nombreuses critiques.

LE COUVENT DES RÉCOLLETS

L'ancien couvent des Récollets de Corbeil (situé rue des grandes Bordes), vendu comme bien national à la révolution, vient de nouveau de changer de mains. Il a été acquis par M. Mentienne, ancien maire de Bry-sur-Marne, qui devient ainsi notre concitoyen.

M. Mentienne est un savant distingué doublé d'un archéologue; il a publié des travaux d'érudition qui lui font honneur. Il connaît l'histoire de sa nouvelle propriété, et l'on peut être assuré, avec lui, de son entière conservation.

Les Récollets avaient été acquis autrefois par M. Magniant, qui fut longtemps maire de Corbeil, sous le règne de Louis-Philippe. Après la démolition de la belle église Notre-Dame, détruite, hélas! en 1821-1823, M. Magniant avait fait transporter dans sa propriété des Récollets une grande partie des beaux chapiteaux romans de cette église. Ils y sont toujours et nous avons la certitude qu'ils seront intelligemment conservés par le propriétaire actuel.

M. Mentienne est un homme fort aimable et nous pouvons espérer de sa bienveillance éclairée qu'il consentira un jour à se dessaisir de quelques-uns de ces curieux chapiteaux en faveur du musée Saint-Jean, où leur place est tout indiquée.

A. D.

L'ENTRÉE DES PRUSSIENS A CORBEIL EN 1870

L'entrée des Prussiens à Corbeil le 16 septembre 1870 a donné lieu à plusieurs reprises à des opinions exprimées avec plus ou moins de bienveillance et de vérité. Cela s'est encore produit récemment et a motivé une réponse insérée dans un journal local. Dans cette réponse, le maire de Corbeil à cette époque, qui fut acteur principal dans ces tristes circonstances, a remis les choses au point et raconté comment ce triste événement s'était accompli et ce qu'il avait fait, lui, maire de la ville, chargé d'un devoir pénible et d'une écrasante responsabilité. La population, en général, ne l'ignorait pas, mais quelques-uns paraissaient ne pas vouloir le savoir, dans le but d'accréditer une légende mensongère. C'est pourquoi il était nécessaire de faire entendre la parole du plus

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