Page images
PDF
EPUB

PUBLIC LIBRARY

335409

ASTOR, LENOX AND TILDEN FOUNDATIONS 1005

DE L'IMPRIMERIE DE D. COLAS, rue du VieuxColombier, N° 26, faubourg Saint-Germain.

[graphic][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

IL est nuit je suis seule ! où fuir? où me cacher
Sur cette colline sauvage?

Les vents sifflent..... J'entends mugir près du rocher
Le torrent enflé par l'orage.

Hélas! il n'est pour moi nul asile en ces lieux!....
Brillans flambeaux des nuits, paraissez dans les cieux.
Qu'une bienfaisante lumière

Me guide vers Salgar, Salgar que j'ai perdu !
Sans doute maintenant, de fatigue abattu,
Près de lui son carquois et son arc détendu,
Il prend quelque repos dans un lieu solitaire,
Et ses chiens haletans veillent à ses côtés.
Et moi, je reste seule, errante, abandonnée !
Malheureuse Colma! serais-tu condamnée

A passer cette nuit sur ces monts écartés?

Le bruit des vents s'accroît; le torrent roule et gronde,
Et je n'entendrai point la voix de mon amant.

Ah! sans lui je suis seule au monde.
Salgar! j'ai reçu ton serment;

Pour te suivre j'ai fui mon père....

Le cruel! il te hait!.... Hélas! depuis long-tems
La haine a divisé nos malheureux parens.

J'ai tout quitté pour toi, tout! jusques à mon frère.
Mais nous, Salgar, nos cœurs ne sont point ennemis....
Vents, taisez-vous; torrens, ne grondez plus; mes cris
Peut-être à mon amant sauront se faire entendre.
Salgar: mon cher Salgar! t'ai-je en vain attendu?
Salgar! oui, voici l'arbre où tu devais te rendre ;
Ici t'attend Golma; viens! - Pourquoi tardes-tu ?
Phébé quitte les mers profondes;

Son reflet argenté vacille dans les ondes,
Et sa douce lumière éclaire le rocher.

Je ne vois point Salgar : ma douleur est mortelle.
O mon ami! ton chien fidèle

Ne me dit point encor que tu vas approcher.
Gémis, Colma ! gémis, infortunée :

Tu restes seule, errante, abandonnée !

Mais que vois-je ? mon cœur a frissonné d'effroi.
Ils sont couchés sur la bruyère !

Est-ce toi, cher Salgar? O mon frère, est-ce toi ?
Vous, mes amis, répondez-moi.....

Leurs glaives sont rougis de leur sang !.... ô mon frère!
Pourquoi de mon amant as-tu fini les jours ?

Salgar! pourquoi mon frère a-t-il perdu la vie?
Tous deux vous m'étiez chers: parlez à votre amie.
Ils se taisent! hélas ! ils dorment pour toujours!

Le souffle du trépas circule dans mes veines :
Assise, au milieu de mes peines,

J'attends le matin dans les pleurs.

Venez, amis des morts, venez creuser la tombe;
Mais ne la fermez point : mourante de douleurs,
Colma viendra, Colma succombe.

Lorsque, sur ces lieux de regrets,

Descend la nuit humide et sombre,

Triste et plaintive alors s'élèvera mon ombre
Et pleurera ceux que j'aimais.

Tempête, appaisez-vous ; cessez votre murmure.
Dormez, vents de l'automne, et vous, vagues, dormez,
Dormez, ô douleurs sans mesure (*) :

Je finirai bientôt mes chants inanimés.

Que ma faible existence un instant se prolonge :
Le chasseur attentif écoutera ma voix,

Ma douce voix pleurant, pour la dernière fois,
Mes amis dont la vie a passé comme un songe !
A. C. DE G***.

STANCES.

On ne voit éclater dans ma retraite obscure
Ni l'ivoire, ni l'or, ni le marbre lointain;
Dans ce riant séjour qu'a formé la nature
L'art ne porta jamais une indiscrète main.

Là content de mon sort, aux doux sons de la lyre,
Je chante les héros, les belles et les dieux;
J'ai des amis, l'Amour daigne aussi me sourire,
Et pour être plus riche on n'est pas plus heureux.

Ce palais que l'orgueil et que le faste élève,
Floricourt l'enrichit d'un luxe tout nouveau;
Peut-être, hélas ! avant que l'ouvrage s'achève,
Il n'aura plus besoin que d'un étroit tombeau.

Pour augmenter encore un immense héritage,
Ta soif insatiable a fait couler des pleurs;
Tremble, Caron t'appelle, et sur le noir rivage
Minos a préparé les supplices vengeurs.

S'il est quelques mortels qui du fruit de leurs crimes
Paraissent ici bas jouir tranquillement,

Ils porteront la peine au fond des noirs abîmes,
Et quoique un peu tardive elle atteint sûrement.

Il est doux sur le soir, au bout de la carrière,
De rentrer pour jouir d'un paisible sommeil,
Sans trouble et sans remords de fermer la paupière,
D'attendre sans effroi le moment du réveil.

(*) Cette idée appartient à un poëte grec.

Cette sérénité fille de l'Innocence,

On ne la trouve point au séjour des grandeurs,
Mais sous un toit de chaume auprès de l'indigence,
De la triste infortune apaisant les douleurs.

Heureux, heureux celui qui peut cacher sa vie,
Et d'un éclat trompeur sait éviter l'écueil !
La médiocrité n'excite point l'envie,

Et ne connut jamais les tourmens de l'orgueil.

Que d'autres, chaque jour, encensent la fortune,
Et comblés de ses dons qu'ils accusent les cieux !
Moi, sans les fatiguer d'une plainte importune,
Je me trouve assez riche en limitant mes vœux.

Ah! si je suis toujours aimé de ma Julie,
Si mon amour suffit à sa félicité,

J'aurai joui des biens les plus doux de la vie

Et descendrai gaiîment aux rives du Léthé.

Que je puisse, en mourant, joindre à sa main tremblante
Ma défaillante main qu'arroseront ses pleurs,

Et les yeux attachés sur ceux de mon amante
De ses tendres regrets adoucir les rigueurs!

TALAIRAT.

L'HEUREUX HASARD.

SANS y penser, à Lise j'ai su plaire,
Sans y penser, Lise a ravi mon cœur;
Depuis ce jour nous goûtons le bonheur:
En y pensant aurions-nous pu mieux faire ?

Par le même.

VERS A MONSEIGNEUR L'ÉVÈQUE DE P.....,

En lui donnant le portrait de sa filleule, peinte en ange.

DE la religion généreux défenseur,

Protecteur des vertus qui brillent sur tes traces,
De ces sages prélats qu'à nos yeux tu retraces,
Tu nous rends l'éloquence et nous peins la douceur.

« PreviousContinue »