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à la manière ordinaire, et à promener sur un tamis de crin un pain de céruse qui, passé à travers sans en obstruer les pores, est conservé pour l'usage.

A tous ces procédés employés le plus ordinairement pour pulvériser les corps, on peut ajouter ceux que les arts ont indiqués pour remplir cet objet.

1o. Celui qui consiste à faire rougir au feu des substances de nature quartzeuse, comme la pierre à fusil, le cristal de roche, et en les éteignant chaque fois dans l'eau.

2°. Le moyen de troubler tellement la cristallisation d'un sel, qu'au lieu de former des masses figurées d'un certain volume, il soit presque réduit à ses molécules intégrantes.

Cette espèce de pulvérisation est spécialement usitée pour le nitrate de potasse qui doit servir à la confection de la poudre à canon, pour le sucre qu'on nomme sablé chez les confiseurs, et pour l'étain; les molécules de ce métal fondu et mis dans une boîte à savonnette, ne pouvant plus se réunir par le mouvement qu'on leur imprime, se présentent sous forme de poudre.

3o. Enfin les moyens par lesquels plusieurs dissolutions fournissent des poudres plus ou moins composées, que les chimistes ont désignés sous le nom de précipité.

PHÉNOMÈNE CHIMIQUE

Arrivé dans une des mines de l'établissement d'Anzin, commune du même nom, près de Valenciennes, département du Nord; rapporté par C. L. MATHIUx, fils de l'ancien directeur général des établissemens de Fresnes, d'Anzin et de Vieux-Condé, intéressés auxdites mines.

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JEAN-BAPTISTE BERTIEAU, porion (1) à la mine, de Lompré pour diriger les travaux nécessaires à un percement à faire dans les eaux, étant venu un matin pour savoir des ouvriers si cet ouvrage se continuait sans accident, apprit qu'il venait d'être terminé, mais que le charbon à enlever au jour, étant resté dans l'accrochage (2), pouvait être entraîné par les eaux, voulut aller leur faire un écoulement, pour éviter qu'il ne fût emporté par 'elle. Il descendit donc avec le raccommodeur (3) et le fils de cet ouvrier, qui y allèrent volontairement ; lequel ; voulut descendre le premier, son fils le second, et le chef le troisième, à la distance d'un mettre environ l'un de l'autre.

Lorsque le raccommodeur fut arrivé près du dernier plancher de repos, il fut asphyxié si promptement et avec tant d'énergie, qu'il n'eut pas le tems de prévenir ses compagnons du moindre changement chimique survenu

(1) C'est le nom du chef sous les ordres duquel sont les ouvriers enployés aux travaux d'une seule mine.

(2) C'est au fond du puits principal d'extraction d'une mine, un emplacement entaillé dans le rocher et sur une de ses quatre faces, dans lequel se verse le charbon, pour de-là être enlevé au jour.

(3) C'est le nom de l'ouvrier chargé de la pose des étaies dans les galeries de recherches, celles d'exploitation, etc., etc.

dans l'air de cette partie de la mine; il tomba au fond du puits.

Le porion ordonna alors au fils de cet ouvrier de ne pas continuer à descendre, et de remonter aussi-tôt avec lui jusque sur le plancher du repos supérieur. Lorsqu'ils y furent, ce chef se mit à crier après le raccommodeur, qui ne répondant point, lui donna la certitude qu'il était mort ou asphyxié.

Du nombre des ouvriers qui venaient de quitter leur ouvrage, plusieurs l'ayant entendu, descendirent de suite, et lorsqu'ils furent arrivés près de lui, il leur représenta vainement qu'il ne fallait pas tenter de passer le dernier plancher de repos, parce qu'ils risqueraient d'être asphyxiés de même, par la grande quantité de gaz qui se dégageait, laquelle avait sûrement été augmentée par l'arrivée des eaux. Un de ces ouvriers, n'ayant point voulu se rendre à cette observation très-sage, prit sur lui d'aller jusqu'à l'endroit où le raccommodeur venait de perdre la vie. Il n'y fut pas plutôt arrivé qu'il fut asphyxié aussi promptement, et tomba privé de tout mouvement. Les autres, effrayés de la mort subite de deux de leurs compagnons occasionnée par les gaz délétères, remontèrent.

Le porion prit alors trois lumières, et les fit descendre au moyen de sa corde de mesure (4), depuis l'endroit où ces deux hommes avaient été asphyxiés jusqu'au fond du puits, lesquelles continuèrent de brûler sans différence sensible dans la combustion, et aussi bien que dans l'air extérieur. Deux ouvriers voyant cela, voulurent descendre par le panier, et avec les précautions nécessaires pour ne 'pas aller si bas que les deux premiers : ils ne furent pas plutôt près de cet endroit, qu'ils éprouvèrent un commen

(4) C'est une petite ficelle de dix mètres, divisée en ses parties décimales, dont le porion se sert, dans la mine, pour mesurer la quantité dont les ouvriers avancent dans les ouvrages différens.

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cement d'état d'asphyxie qui les empêcha d'aller plus loin, et on fut obligé de les remonter. Deux autres voulurent essayer de passer cet endroit fatal, qui était devenu le passage de la vie à la mort, mais ils éprouvèrent le même état physique avec la même promptitude, quoique les lumières continuassent de brûler avec la même activité. Un des premiers chefs, étant arrivé dans ce moment, voulant dissiper les craintes des ouvriers qui venaient d'être témoins de la perte de deux des leurs d'une manière effrayante, descendit pour aller les chercher au fond des puits; mais, arrivé au même endroit, il faillit être victime de son zèle. On fut obligé de le remonter sans avoir obtenu aucun avantage de son dévouement généreux.

Première observation.

Cet accident funeste prouve que le moyen employé ordinairement pour savoir si on peut pénétrer sans danger, soit dans une galerie, soit dans le fond d'une mine, et qui consiste à avancer une lumière dans l'endroit dans lequel on veut se rendre, n'est pas suffisant, et d'après lequel on puisse prononcer avec certitude sur la nature de l'air, supposé, d'après cette épreuve, pouvoir ou non servir à la respiration.

Il serait donc très-utile, et ce serait rendre un très-grand service aux ouvriers mineurs, que des chimistes éclairés, qui inspirent la confiance la plus entière par leurs connaissances profondes, voulussent s'occuper de trouver un moyen qui fût tel, que par sa facilité à être mis en exécution à tout instant, et dans toutes les circonstances, l'ouvrier le plus ordinaire pût s'assurer que, quoique, la combustion s'opère dans le lieu où il doit se rendre, il n'y peut pénétrer sans courir le danger d'y être asphyxié ou d'y perdre la vie, par les gaz délétères qui s'y trouvent, et dont la présence serait reconnue par un moyen chimique certain.

Un chimiste célèbre, dont l'étendue du savoir est aussi connue que sa complaisance pour répondre aux observations et demandes qui lui sont adressées est entière,' M. Vauquelin, soupçonne que cet accident a pu être occasionné par un mélange de gaz hydrogène sulfuré et d'air atmosphérique, ou qu'il peut exister un mélange de ces deux gaz capable de tuer les animaux et d'entretenir la combustion.

Cette simple supposition doit déterminer ceux qui voudront s'occuper de la recherche de ce moyen très-utile, à commencer par faire ce mélange dans des proportions variées; afin de savoir s'il peut exister un rapport identique entre l'énergie du mélange gazeux naturel, dont je viens de donner le détail des effets, et celui qu'on doit chercher pour l'imiter, tant avec le gaz hydrogène sulfuré, qu'avec les autres, particuliers aux mines, et qui, combinés dans certaines portions, pourraient donner lieu à des composés aériformes permanens, dont les propriétés chimiques, différentes de leurs composans, rendraient raison du phénomène arrivé dans la mine de Lompré.

Deuxième observation.

Comme la couleur du gaz hydrogène enflammé varie selon les corps qu'il tient en dissolution, et qui le constituent alors en gaz hydrogène carboné, ou phosphoré, ou sulfuré, peut être serait-il possible, dans quelques circonstances, de juger, par la couleur de sa flamme, du corps qu'il pourrait tenir en dissolution, et par conséquent de l'action de celui-ci sur l'économie animale. Il ne faudrait cependant pas regarder ce moyen comme assez sûr pour décider bien positivement, parce que ce gaz varie beaucoup dans sa couleur, la vivacité de son inflammation occasionnée par le contact des lumières des ouvriers.

A l'état de gaz hydrogène carboné, je l'ai enflammé dans

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