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que cet oxide doit être présenté à l'huile à l'instant où il se forme, ou, comme on dit, à l'état naissant, et que l'absence de cette condition dans l'opération où l'on emploie le massicot, ne permet pas à l'huile de vaincre la cohésion des molécules de l'oxide pour se combiner avec lui. J'ai essayé de présenter à l'huile de l'oxide jaune de plomb récemment précipité de l'acétate par un alcali, mais soit que malgré le lavage il restât un peu de ce dernier, soit par une cause qui m'est inconnue, je n'ai pu obtenir un emplâtre solide. Comment au reste expliquer dans cette seconde hypothèse la formation du gaz hydrogène carboné? La difficulté de s'assurer du véritable degré d'oxidation du plomb dans un emplâtre sans le faire changer d'état, ne permet pas de prononcer sur la meilleure des deux théories.

Toutes les fois qu'on veut opérer la combinaison de la litharge avec l'huile, on observe que l'eau qui a servi de bain-marie local a acquis une saveur sucrée. Scheele, qui le premier a observé ce phénomène, a reconnu que cette eau recelait une matière particulière de nature végétale, qu'il regardait comme existante dans l'huile avant sa combinaison avec l'oxide de plomb, et que par cette raison il a appelée principe doux des huiles. Il paraît que ce principe doux se forme en raison de l'affinité de l'oxide de plomb pour les huiles. Ainsi l'huile d'olive, dont l'union avec la litharge se fait plus promptement et d'une manière plus intime, est aussi celle qui fournit le plus de ce principe sucré. La graisse de porc et le beurre qui, ainsi que Scheele l'a remarqué également, forment un emplâtre assez bon, donnent une matière sucrée qui ne diffère pas de la précédente. J'en ai obtenu de quelques huiles; mais l'huile de ricin, dont la combinaison avec l'oxide a été long-tems à s'opérer, a offert de plus dans l'eau qui a servi de bain une amertume assez considérable, et qui ne se manifestait qu'après que la saveur sucrée avait disparu.

Ce résultat fait voir au moins que le principe amer de

l'huile de ricin n'est pas entièrement volatil, qu'il peut se dissoudre dans l'eau à la température de 80 degrés de Réaumur.

OBSERVATIONS

Sur un nouvel Aréomètre ou Pèse-Sirop, proposé par M. ASTIER, Pharmacien-major de l'hôpital militaire d'Alexandrie;

PAR M. HENRY, Professeur de l'École de Pharmacie de

Paris.

BAUMÉ, qui le premier a imaginé de déterminer la cuisson des sirops à l'aide d'un instrument connu sous le nom d'aréomètre ou de pèse-sirop, n'a proposé ce moyen ingénieux que pour épargner aux jeunes pharmaciens l'embarras de rechercher le vrai degré de cuite que doivent avoir les sirops. Ce savant, si justement distingué, était loin de croire, sans doute, que ce moyen fût toujours constant et qu'il pût être employé pour toutes espèces de sirops. Je le regarde comme un guide infidèle dans quelques circonstances, et je pense qu'il faut être très-habitué à préparer des sirops pour en faire usage. M. Deyeux, dans son cours de pharmacie, donne un moyen plus facile qui convient à tout le monde, et qui épargne et évite l'embarras des instrumens souvent fragiles, et qu'on ne peut se procurer partout.

M. Astier, dans sa lettre adressée d'Alexandrie, propose un nouvel aréomètre pour la cuite du sirop de raisin; c'est un instrument composé de deux petites boules en argent, inégales en grosseur, et réunies par une tige très

déliée O.

« Je me sers de cet instrument, dit-il, pour trouver le

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}} point de cuisson du sirop de raisin; il est extrêmement » commode, en ce qu'il n'y a qu'à le laisser dans la bas» sine pendant tout le temps de l'évaporation : il reste au » fond tant que le sirop est au-dessous de 33 degrés, et il » vient à la surface du fluide dès qu'il a acquis le point de

>> concentration. »

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Pour connaître si l'aréomètre proposé jouissait des propropriétés annoncées, je l'ai essayé avec le sirop de raisin et avec celui de sucre, et j'ai pris pour guide et terme de comparaison le pèse-sirop de Baumé. Lorsque les sirops. marquaient à l'aréomètre de ce dernier 26 degrés, celui de M. Astier est resté au fond de la bassine; mais à 27, la sphère supérieure s'est élevée à 1 pouce au-dessous de la surface; à 28, il était à deux lignes au-dessus, et il est resté constamment à cette élévation lorsque le sirop avait 33 degrés de concentration.

L'aréomètre à tige, tel qu'on le trouve chez M. Vincent, quai Pelletier, me paroît préférable; au moyen de la graduation établie sur la tige, il est plus facile d'apercevoir le point de cuisson, tandis que, sur un corps de forme sphérique, il est embarrassant à trouver.

Quand on est peu habitué à cuire le sucre, le thermomètre me paraît préférable, et un guide plus certain que l'aréomètre: je m'occupe dans ce moment de déterminer bien exactement la température des sirops arrivés au degré de concentration convenable. Je ferai connoître mes résultats.

Le moyen que propose M. Astier, pourrait être avantatageux; mais je suis persuadé qu'avant de le proposer aux pharmaciens il faut le régulariser, changer sa forme ou son lest.

OBSERVATIONS SUR LA PULVÉRISATION;

PAR M. PARMENTIER.

Le choix du procédé auquel il faut avoir recours pour diviser un corps doit être subordonné à la nature de ce corps, et à la destination que l'art de guérir lui assigne.

La pulvérisation n'est donc pas une opération tout-àfait mécanique, puisque pour l'exécuter elle demande des connaissances acquises sur les propriétés chimiques et pharmaceutiques des matières qui en sont l'objet. Elle exige l'aide de plusieurs instrumens dont les principaux sont la lime pour les métaux ; la rape pour les substances osseuses, ligneuses et charnues; le pilon de bois pour les matières salines et les semences émulsives; le pilon de fer trempé pour les plantes sèches; la meule pour les graines farineuses; un cylindre de fer pour le cacao; la molette, le porphyre pour certaines substances terreuses dont la ténuité doit être extrême; l'eau enfin pour les matières déposées, comme la craie, les glaises.

On peut établir en général qu'il n'est pas possible de réduire une substance en poudre sans qu'il en résulte un déchet dont il est difficile de fixer invariablement les bases; elles dépendent autant des circonstances locales et atmosphériques que des agens chargés de procéder à la pulvérisation.

Les déchets que la pulvérisation produit sont de trois espèces le premier est dû à la volatilisation spontanée de la substance mise en poudre impalpable.

Le second provient de la préparation à laquelle on doit soumettre préalablement la substance à pulvériser; il est nécessaire, par exemple, que le meditullium ligneux que contiennent certaines racines en soit séparé.

Le troisième appartient au résidu des herbes, tiges et racines qui, n'étant que des débris inertes de la fibre végétale, atténuerait nécessairement la vertu de la première poudre si on l'y mélangeait; d'ailleurs il faudrait en changer les doses, et alors quel désordre dans les prescriptions, quelle incertitude dans les résultats !

Enfin le quatrième déchet résulte de l'évaporation préalable de l'humidité que contient chaque substance, évaporation nécessaire pour favoriser la pulvérisation, et sans laquelle le pileur ferait moitié moins de besogne.

Une observation qu'on ne doit pas oublier de rappeler ici, c'est que le déchet est d'autant plus considérable que la division s'exerce sur de petites masses; ainsi la perte qu'on éprouve d'un quintal de matière végétale ou animale pulvérisée sans interruption, est moins grande que quand on le divise en dix ou douze portions.

Dans le nombre des objets de matière médicale, il en est qui jouissent de la faculté hygrométrique, c'est-à-dire d'attirer et de retenir l'humidité de l'air, ce qui nécessite une nouvelle dessiccation après leur pulvérisation, sans quoi elles ne pourraient supporter le transport ni résister long-tems à la fermentation.

Je pourrais facilement appuyer ces observations par une foule d'exemples, mais je me bornerai à en citer deux pris parmi les articles les plus usités en médecine, savoir : l'ipécacuana et le quinquina, dont les propriétés spécifiques résident dans l'écorce.

Dans les pharmacies les plus exactes on ne retire de l'ipécacuana, qu'on doit considérer comme le médicament qui offre le plus de déchet dans la pulvérisation, que huit kilogrammes de poudre sur dix de cette racine, tandis que les pharmaciens moins jaloux de conserver à ce médicament toute sa puissance médicinale, ont moins de déchets; cette perte d'un cinquième provient de ce que la partie corticale de cette racine renferme le principe vomitif au plus haut IIeme Année. Août.

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