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abandonnée à elle-même pendant plusieurs mois, pourrit, contracte une odeur des plus fétide, perd son acidité, rétablit même le tournesol rougi; la substance sucrée se redissout et ne précipite de nouveau qu'autant qu'on y ajoute d'autre acide.

Après avoir isolé de l'infusión aqueuse, au moyen du vinaigre distillé, cette substance sucrée qui vient d'être décrite, M. Robiquet ajoute, dans la liqueur restante, de l'acétate de plomb; le précipité abondant qui en résulte, étant décomposé par l'hydrogène sulfuré, a donné un liquide acide coloré, qui contenait tout à-la-fois de l'acide phosphorique et malique.

En opérant toujours sur la même liqueur, et après en avoir séparé le plomb qu'on avait pu y mettre en excès par l'hydrogène sulfuré, l'auteur a obtenu, par son évaporation lente, des cristaux octaëdres rectangulaires dont les deux arêtes les plus courtes sont remplacées par des facettes; ces cristaux, très-réguliers, ont tout l'aspect d'un sel sans en avoir les caractères chimiques; ils se boursouflent sur les charbons ardens en répandant une odeur ammoniacale, se dissolvent dans l'acide sulfurique sans le noircir; dans l'acide nitrique, sans production de gaz nitreux; broyés avec de la potasse caustique, ils dégagent, après quelques instans, de l'alcali volatil; mais la dissolution de ces cristaux dans l'eau distillée, ne' précipite par aucun réactif, en sorte qu'on ne peut y découvrir la présence d'un acide. L'auteur appelle l'attention des Chimistes sur cette substance curieuse, qu'il croit être la même que celle qu'il a déjà trouvée en faisant l'analyse des asperges.

Lorsque la racine de réglisse n'a plus rien donné à l'eau distillée, elle a été desséchée pour la traiter par l'alcohol; celui-ci en a extrait, à son tour, une teinture très-foncée, précipitant par l'eau, donnant par l'évaporation une racine brune, séche, presque sans saveur ; tandis qu'au contraire, si on traite directement la racine de réglisse par

l'alcohol avant de l'avoir épuisée par l'eau, on obtient par l'évaporation une huile épaisse et brune, mais fluide, trèsâcre, dans laquelle réside réellement cette propriété de la réglise de donner de l'àcreté à ses décoctions.

La différence qu'on observe entre ces deux produits obtenus par le même véhicule, ne tient qu'au procédé ; dans le premier cas, la réglisse dépouillée de ses principes solubles dans l'eau, laisse à nu et sans défense cette huile qui se résinifie par son contact avec l'air : aussi remarque-t-on que, pendant sa dessiccation, elle se colore considérablement. Ce fait démontre combien il importe de varier les moyens d'analyser avant de déterminer quels sont les principes qui composent une substance, et dans quel état ils s'y trouvent.

L'eau et l'alcohol ayant été employés successivement, on fait une dernière infusion dans l'acide nitrique trèsaffaibli, afin d'enlever des sels insolubles à base de chaux, s'il en existait; mais à peine a-t-on retrouvé dans la liqueur quelques traces de phosphate calcaire?

Enfin l'incinération du résidu de toutes ces infusions a fourni une cendre qui contenait beaucoup de craie, de la magnésie et un peu de phosphate calcaire, d'où l'auteur présume qu'il existait entre le ligneux et ces sels à base terreuse une combinaison assez intime, puisqu'ils avaient résisté à l'action de l'acide nitrique.

De cette analyse résulte que la racine de réglisse contient :

1° De la fécule amilacée;

2o Une matière sucrée qui n'a rien d'analogue avec le sucre ordinaire;

3o Une substance cristalline nouvelle qui mérite une grande attention;

4° Une huile résineuse qui cause l'àcreté des décoctions de réglisse;

5o Des acides phosphorique et malique combinés à la chaux et à la magnésie, ces sels dissous probablement par un excès du dernier ;

6o Le squelette végétal ou ligneux.

CORRESPONDANCE.

M. Fremy, pharmacien à Versailles, vient de nous écrire relativement à une omission faite en rendant compte de son Mémoire sur l'acétate de potasse.

M. Fremy avait annoncé que la terre foliée, préparée comme il l'indique, étant desséchée et exposée au soleil, y devenait très-blanche. MM. les commissaires, dans leur rapport à la Société de pharmacie, ont dit que cette expérience ne leur avait pas réussi; mais c'est qu'ils ont exposé au soleil une dissolution d'acétate de potasse, tandis que l'auteur avait indiqué de la terre foliée desséchée. M. Fremy tient d'autant plus à la rectification de ce fait, que l'expérience donne en résultat de l'acétate de potasse de la plus grande beauté.

M. Fremy a joint à sa lettre la note suivante que nous nous empressons de publier.

Procédé pour la préparation du sirop de baume de Tolu.

On fait dissoudre six gros de baume de Tolu dans la plus petite quantité possible d'alcohol à 30 degrés; on triture cette dissolution avec une livre de sucre de la plus grande pureté (cette opération doit être faite avec soin). D'autre part on agite un blanc d'œuf dans huit onces d'eau pure ; on réunit le tout dans un vase d'argent, et l'on chauffe jusqu'à ébullition, ce qui suffit pour volatiliser l'alcohol

employé pour dissoudre le baume. On passe à la chausse; et l'on obtient un sirop de la plus grande beauté et trèsodorant (1).

SUITE DE LA CORRESPONDANCE DE M. HAGUENOT.

1o Sur la formation de l'Acide urique dans l'Economie animale, par l'usage du Sucre.

J'AI prouvé par des faits et non par des raisonnemens, que le sucre et le muqueux sucré étaient les substances qui paraissaient avoir le plus de tendance à se constituer dans l'économie animale acide urique, base fondamentale de presque tous les calculs de la vessie.

Ayant communiqué ce que j'ai bien vu il y a quelques mois à un de mes confrères des environs, homme instruit et mon ancien condisciple à Paris, il vient de me répondre: « Vous m'avez rendu, sans le croire, le plus grand des services; j'avais des douleurs violentes dans les reins; je rendais des graviers, et je mangeais dans l'occasion, comme tout le monde, des substances très-sucrées. J'ai totalement changé de régime d'après votre manière de voir, je ne souffre plus, je ne fais plus de graviers; enfin mettezmoi au nombre des personnes que vous avez parfaitement soulagées.

2o Sur le Perfectionnement des Appareils distil

latoires.

La distillation des vins s'est perfectionnée d'une manière étonnante dans nos contrées; on se sert d'un

(1) Un échantillon de ce sirop nous a été remis par M. Fremy; il est blanc comme de l'eau, d'une saveur et d'une odeur de baume de Tolu très-agréables. Nous dirons cependant, parce que la vérité nous en fait un devoir, que nous l'avons trouvé plus faible au goût que le même sirop préparé d'après le procédé inséré pag. 66 du deuxième N° de ce Bulletin. P. F. G. B.

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énorme appareil de Woulf, avec quelques modifications. Ceux les plus généralement employés sont suivant Adam ou Berard. Il y en a déjà dans presque tous les villages; ik y a quatre fabriques dans notre ville; un de mes amis qui a deux appareils dans son atelier, a distillé depuis un an huit mille muids de vin, de dix-sept quintaux chacun. On distillait autrefois les mares de raisin en les mettant dans la chaudière avec un peu d'eau ; l'esprit avait une forte odeur empyreumatique. Aujourd'hui on les distille en mettant simplement de l'eau dans la chaudière, et en faisant passer les vapeurs à travers une autre chaudière pleine de marc. L'esprit a un goût désagréable, je me suis convaincu qu'il provenait en grande partie de l'huile volatile du pepin. J'engageai fortement l'an dernier les fabricans de les rectifier, en mettant de la chaux dans les récipiens de Woulf; ils furent assez insoucians pour ne pas faire un seul essai.

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30 Sur le Sirop de Kermès.

Il est des médicamens qu'on ne saurait préparer avec trop de simplicité, pour ne pas altérer leurs vertus par l'action du feu. Etant dans ma jeunesse à Montpellier, j'y ai préparé et vu préparer le sirop de kermès comme il suit :

Prenez du kermès, premier récolté, étant plus humide que le dernier, qui contient peu de suc; écrasez-le dans un grand mortier de marbre; soumettez à la presse; ajoutez à une partie de suc visqueux une partie et demie de sucre en poudre; faites fondre à une très-douce chaleur; passez au tamis de crin et conservez. Ce sirop. a une consistance très-épaisse, une belle couleur, un goût agréable, et se conserve dans un lieu sec, sans se moisir. Il fermente un peu dans l'été. Il me semble qu'on devrait le nommer conserve de kermès.

J'en ai préparé, cette année, de la manière suivante : j'ai pris deux parties de sirop de raisin que j'ai concentré

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