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'chimistes italiens; il suit de leurs expériences, 1° que l'acide acétique enlève au colchique, de l'extractif amer et âcre, un peu de matière muqueuse et sucrée, peu d'acide malique, de chaux et d'extractif oxigénable; il faut ajouter ces substances à celles contenues dans le vinaigre ordinaire, telles que le tartrite acidule de potasse, le muriate de potasse, et l'extractif existant dans le vinaigre,

EXAMEN COMPARÉ

Des extraits de pavots cultivés aux environs de Paris et de Naples, et de l'opium d'Egypte;

PAR J. P. Boudet.

DANS le N° 8 du Bulletin de Pharmarcie (1), en parlant de l'extrait des pavots cultivés en France, sans refuser à cette substance des propriétés analogues à celles de l'opium d'Egypte, nous avons indiqué le besoins d'expériences com

(1) En citant les divers procédés pour se procurer l'extrait d'opium muqueux ou séparé de sa résine et de son odeur vireuse, nous avons omis celui indiqué par M. Pesche, pharmacien à la Ferté-Bernard, lequel consiste (a) à dissoudre l'opium à froid dans une assez grande quantité - d'eau, passer la dissolution à travers une étoffe de laine, évaporer le liquide à moitié, passer de nouveau, réduire cette deuxième colature à la consistance pilulaire, puis traiter cet extrait par l'alcohol, précipiter cette teinture par l'eau distillée, filtrer, et recommencer jusqu'à ce que l'extrait ne contienne plus de résine, remettre enfin le liquide en consistance pilulaire, ou à l'état sec, sur des assiettes.

En réunissant les divers précipités obtenus, et les traitant par l'alcohol à la chaleur du bain de sable ou à celle communiquée par le soleil, M. Pesche se procure la résine d'opium, qu'il a soin de séparer du sel contenu dans cette substance, en laissant reposer un certain tems ses dis solutions résino-alcoholiques.

(a) Voyez Journal de Médecine, rédigé par M. Sédillot jeune. Octobre 1806.

paratives entre ces deux produits, afin de voir si l'analyse chimique pourrait éclairer ce sujet.

Le médecin peut bien constater le degré d'énergie qu'il aura reconnu dans sa pratique à telle ou telle préparation; mais il est si peu de circonstances favorables à ce genre d'expériences, que nous ne savons pas encore si telle ou telle proportion d'extrait de France peut remplacer l'opium exotique.

En vain ai-je essayé sur des poules l'extrait de pavots cultivés aux environs de Paris, et préparé avec le plus grand soin; la dose de deux gros et même trois n'a paru altérer en rien leurs constitution. L'opium thébaique, il est vrai, a une action bornée sur les gallinacées, ainsi qu'il est prouvé par des expériences décrites dans les Annales de Chimie.

Le même extrait de pavots administré à un chien, à la même dose, ne lui a pas produit d'effets notables, tandis que l'extrait de pavots cultivés à Naples, donné à une dose plus faible, l'a mis dans un état d'agitation mêlé de douleurs vives, analogues à celles occasionnées par le poison.

Je vais rapporter quelques essais d'analyse comparée des trois extraits soumis aux expériences, après avoir donné successivement la méthode employée pour obtenir chaque produit. Je procédai d'abord à l'examen des capsules du papaver somniferum de Linnæus.

PREMIÈRE EXPERIENCE.

DES capsules vertes et fraîches cassées à l'extrémité de la tige, puis brisées par petits morceaux, séparés de la semence, furent mises en macération dans l'alcohol à 38 degrés pendant trois semaines. La liqueur ne tarda pas à prendre une teinte d'un beau vert-pomme; la surface des morceaux de capsules se décolora à mesure, et devint semblable à des feuilles mortes; au bout des trois semaines, on jeta le mélange sur un linge, la liqueur passa claire

de couleur vert-pomme foncée; le marc égoutté fut mis à la presse, la colature mêlée à la portion qui avait passé librement se troubla ; je filtrai, et j'obtins un liquide transparent de couleur jaune verdâtre. Je mis de suite ce liquide à évaporer dans une capsule de porcelaine et à l'air libre afin d'éviter l'action trop forte du calorique, qui aurait eu lieu si on eût fait usage d'une cornue pour recueillir l'alcohol; quand la totalité du liquide fut réduite à la consistance de sirop clair, on vit nager, à sa surface, une matière comme huileuse, très-épaisse, d'un aspect noir, vue en masse, mais de couleur verte de feuilles, lors qu'elle était étendue sur du papier. Le liquide amené à la consistance de sirop et mis à refroidir, la matière comme huileuse ci-dessus mentionnée se rassembla partie à la surface, et partie resta attachée aux parois de la capsule. Séparée du liquide au moyen d'un entonnoir à la manière des huiles essentielles, elle fut ensuite lavée dans l'eau distillée froide, dans laquelle elle s'est divisée sans s'y dissoudre ; seulement les premières doses d'eau ajoutées se colorèrent un peu par leur mélange avec la petite quantité du liquide dont cette substance était imprégnée. Le liquide de consistance visqueuse, moussant par l'agitation, donnait naissance à des globules irisés : il fut mist à évaporer après qu'on y eut ajouté les eaux de lavage de la substance particulière indiquée plus haut. J'obțins un liquide épais d'un jaune brun au fond duquel se déposèrent des espèces de cristaux mous, mais en si petite quantité qu'il na pas été possible d'en constater la nature. J'ai le projet de revenir sur cet objet.

La matière verte d'une saveur légèrement âcre brûlait facilement sur un papier gris, dont elle augmentait la flamme; elle ne s'allumait pas cependant sur la pointe d'un couteau passé à travers la flamme d'une bougie, mais elle se charbonnait complètement.

L'alcohol la dissolvait en prenant une couleur verte IIeme Année. - Mai.

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foncée. Cette teinture alcoholique se conserva d'un beau vert transparent, sans manifester d'autre odeur que celle de l'alcohol; sa saveur était légèrement âcre; elle se troublait par l'addition de l'eau.

Une huile fixe, broyée avec quelques gouttes de cette espèce d'huile bitumineuse, s'empara de sa couleur verte; j'ajoutai de l'eau au mélange, l'huile colorée gagna la surface, l'eau se troubla en prenant une teinte d'un jaune 'sale.

La portion des pavots sur lesquels avait macéré l'alcohol fut mise en décoction sur un feu doux dans de l'eau distillée, qu'on eut soin de renouveler jusqu'à ce qu'elle eut cessé de se colorer et de prendre de la saveur. J'obtins une liqueur mucilagineuse d'un blanc laiteux sale, peu odorant, peu sapide, que je mis à évaporer à une douce chaleur jusqu'à consistance d'extrait solide. Cet extrait n'attirait nullement l'humidité de l'atmosphère. Il avait une saveur fade d'abord, analogue à celle du pain tendre pétri dans les doigts; en le mâchant, il collait aux dents et laissait un léger sentiment d'amertume dans la bouche; il était doué d'une sorte d'élasticité.

Les capsules épuisées par l'eau furent soumises à l'action de la presse, puis séchées, introduites dans une cornue de verre, et traitées par un feu gradué; elles ont fourni

1o. Un liquide d'une odeur bitumineuse, moins fétide que ne le sont souvent les produits des végétaux obtenus de la même manière, différence que l'on peut expliquer par l'absence des principes du végétal séparés par l'eau et l'acohol;

2o. Beaucoup de matières charbonneuses qui nageaient dans la masse du liquide.

De l'alcohol passé dans la cornue et le récipient qui avaient servi à l'expérience, se colora fortement, et entraina du charbon attaché et divisé sur les parois des vases. Le charbon resté au fond de la cornue fut très

difficile à incinérer, quoique poussé long-tems dans un creuset d'argent à un feu vif et au contact de l'air. Les cendres presque sans saveur se trouvèrent réduites à un volume infiniment petit.

DEUXIÈME EXPÉRIENCE.

Examen de l'extrait de pavots de France.

Des capsules vertes et fraîches de pavot blanc (papaver somniferum de Linnée ) furent séparées de leurs tiges et d'une partie de leurs semences brisées, pilées, puis mêlées avec suffisante quantité d'eau pour en obtenir l'extrait d'après la méthode usitée. Le produit, amené à la consistance pilulaire, était de couleur brun clair, d'une odeur analogue à celle de l'extrait des plantes inodores, attirant l'humidité, se ramollissant à sa surface. Une portion de cet extrait, étendue sur les parois du vase qui le renfermait, était transparente; sa saveur, légèrement acide d'abord, donnait plus tard une impression amère très-prononcée.

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La dissolution s'opéra facilement et donna une liqueur transparente d'un rouge brun.

TROISIÈME EXPÉRIENCE.

Extrait des pavots cultivés aux environs de Naples; par MM. SAVARESI et SAXE.

(Voyez, pour la manière de le préparer, le N° 8 du Bulletin de Pharmacie, page 362 et suiv.)

Cet extrait nous fut envoyé en petit pain d'environ quatre à cinq onces, enveloppé de feuilles de pavots séchées à sa surface, d'une très-grande ressemblance avec l'opium choisi du commerce, assez consistant pour casser net, quand on le rompait brusquement; il ployait, au lieu de se

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