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France; jamais on n'y a suivi avec autant d'exactitude les règles du saint ministère et la véritable discipline de l'Eglise. Des absolutions données à des pécheurs souvent publics, sans avoir essayé l'épreuve si nécessaire de la douleur et du repentir; des pratiques à la place des devoirs, des observances à la place des bonnes œuvres; des neuvaines au lieu de véritables conversions; de longs pélerinages au lieu de sincères pénitences; un respect aveugle pour des croyances populaires, plutôt qu'une vraie soumission aux premiers principes de la foi: voilà ce qui caractérise en général la religion des peuples qui ont vécu, depuis quelques siècles, sous l'empire de ces opinions nouvelles auxquelles l'Eglise Gallicane est toujours demeurée étrangère.

Ce n'est pas tout; le sacerdoce chrétien n'a point joui d'une véritable gloire parmi ces nations. Les pasteurs institués par J. C. et par l'Eglise, connoissant mieux et les hommes et les lois saintes qu'ils

doivent observer, moins intéressés à les affoiblir ou à les enfreindre, ont été ignorés par leurs troupeaux, et l'on pourroit se demander si le Sauveur lui-même paroissant au milieu de cette foule de ministres étrangers à son véritable esprit, eût pu se dire: « Je connois mes brebis, et mes brebis me connoissent. »

Honneur donc à ces génies immortels qui ont su conserver dans notre heureuse patrie l'enseignement et la doctrine qui ont rendu l'Eglise de France aussi célèbre, et qui ont imprimé au clergé français ce beau caractère dont les malheurs des derniers tems n'ont pu effacer les traces. Les nations étrangères à notre culte, nos ennemis même admirent les chefs-d'œuvre produits par l'Eglise de France; il est juste qu'on leur rappelle que c'est sa doctrine qui est sur-tout la source de son éclat et de sa gloire. Il est vrai que les écrivains qui ont été les apôtres et les défenseurs de cette doctrine, n'ont pas eu toujours à se louer des hommes de leur siècle. Gerson mourut

pauvre; Richer fut persécuté et emprisonné; Bossuet ne fut point élevé au cardinalat; mais, de bonne foi, les dignités et les richesses furent-elles donc nécessaires à leur gloire? le furent-elles à leur bonheur ?

Ces réflexions sont de nature à appeler l'attention des esprits sages sur le Recueil que nous publions. Il est peu de chrétiens éclairés, il est peu de vrais Français qui ne doivent s'étudier à connoître les titres qui honorent notre sacerdoce et qui distinguent si éminemment notre patrie. La doctrine que développent Bossuet et Fleuri, est celle que Charlemagne a reconnue, celle dont saint Louis a fait une loi, celle dont Louis XIV a prescrit l'enseignement. Nous avons dû faire un choix parmi les ouvrages qui ont été publiés sur cet objet important, et, après avoir exposé le décret de 1682, contenant nos quatre articles, et celui de S. M. l'Empereur, qui en renouvelle la promulgation, pouvions – nous offrir des pièces plus nécessaires que celles

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qui attestent l'enseignement de l'Eglise Gallicane, dans un tems où elle possédoit d'aussi grandes lumières, et qui en même tems expliquent d'une manière si claire, si lumineuse, la doctrine dont on a tant parlé et dont peu de personnes sont suffisamment instruites? Le rapport sur les quatre articles fut lu à l'assemblée de 1682, par le respectable et savant M. de ChoiseulPraslin, évêque de Tournay. Sans doute cet illustre prélat y a travaillé ; mais on doit regarder cet excellent ouvrage comme étant sur-tout sorti des mains de Bossuet, qui étoit l'ame de cette assemblée, et en particulier de la commission chargée de la rédaction des articles et du discours préliminaire qui en motivoit et en développoit les principes. A ces pièces importantes on a joint le discours de l'abbé Fleuri sur les libertés de l'Eglise Gallicane, discours où respirent la sagesse, la science, le goût et l'excellent jugement de cet écrivain qui devient de jour en jour plus célèbre parmi nous, et dont les

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travaux sont utiles à tous les âges et à toutes les conditions de la vie. Enfin, après ces productions de nos plus savans auteurs, nous avons cru devoir publier la déclaration faite par le chapitre de Paris à S. M., et plusieurs des adhésions des prélats d'Italie aux principes de l'Eglise Gallicane. Ces pièces sont un monument précieux pour l'histoire de l'Eglise; on peut les regarder: comme devant caractériser l'époque où nous nous trouvons; elles complètent notre Recueil, où on pourra lire avec intérêt ce que le gouvernement a fait imprimer de plus important sur les libertés de l'Eglise Gallicane, depuis le 1er janvier de cette année.

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