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nous devons à Monseigneur l'Archevêque de Reims.

Mais elle n'y verra point ce que l'amour que ces deux grands prélats ont pour l'église, leur a fait dire avec une liberté respectueuse et toute pastorale, dans les conférences secrètes qu'ils ont eues avec le plus grand roi du monde, qui honore leur mérite de son estime et de sa confiance. Vous en attendez l'un et l'autre, Messeigneurs, des récompenses bien plus grandes que celles de nos louanges: Pater vester qui videt in abscondito reddet vobis:

Nous avons sujet de croire que rien ne peut maintenant troubler la tranquillité, qui est si nécessaire à notre ministère; mais les sages médecins, Messeigneurs, ne se contentent pas de guérir le mal présent, ils vont au-devant de celui qui pourroit arriver, et l'exellence de leur art est d'empêcher le retour des maladies qu'ils ont chassées par la force de leurs remèdes.

Rien ne peut tant affermir la paix de l'église, que de reconnoître les bornes dans lesquelles chacun se doit tenir. La paix est la tranquillité de l'ordre.

Le zèle que notre saint père le pape a témoigné pour la liberté ecclésiastique et pour l'exécution d'un décret du second concile de

Vu l'article 14 de l'acte des Constitutions de l'Em→ pire, du 17 du présent mois,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

L'édit de Louis XIV sur la Déclaration faite par le Clergé de France de ses sentimens touchant la puissance ecclésiastique, donné au mois de mars 1682, et enregistré en parlement le 23 desdits mois et an, est déclaré loi générale de notre Empire.

Mandons et ordonnons que les présentes, revêtues des sceaux de l'état, insérées au Bulletin des lois, soient adressées aux cours, aux tribunaux, aux autorités administratives, à tous les Archevêques et Evêques de notre Empire, au grand-maître et aux académies de notre Université impériale, et aux directeurs des séminaires et autres écoles de théologie, pour qu'ils les inscrivent dans leurs registres, les observent et les fassent observer; et notre grand-juge ministre de la justice est chargé d'en surveiller la publication.

Donné en notre palais des Tuileries, le 25 février de l'an 1810.

Signé NAPOLÉON.

Vu pur nous Archichancelier de l'Empire;

Signé CAMBACÉRÈS.

Par l'Empereur,

Le ministre secrétaire d'état,

Signé H. B. DUC DE BASSANO.

Le grand-juge ministre de la justice,

Signé DUC DE MASSA.

LETTRE

DE L'ASSEMBLÉE DU CLERGÉ DE FRANCE,

ENVOYÉE

A TOUS LES PRÉLATS

DE L'ÉGLISE GALLICANE

EN LEUR ADRESSANT LA DÉCLARATION DE 1682.

Les Archevêques et Évêques et autres Ecclésiastiques députés par le Clergé de France, et assemblés à Paris par les ordres de S. M.,

Aux Illustrissimes et Révérendissimes Archevêques et Evêques de tout le Royaume de France: Salut.

Nos REVERENDISSIMES ET TRÈS-RELIGIEUX

COLLÈGUES DANS L'ÉPISCOPAT,

Vous n'ignorez pas que la paix de l'Eglise Gallicane vient d'être un peu ébranlée, puisque c'est pour éloigner ce danger que votre amour pour l'union nous a députés.

Nous le disons avec confiance, nos très-chers col

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lègues, en empruntant les paroles de St.-Cyprien 2 J. C., pour montrer l'unité, a établi une seule et unique chaire, et a placé la source de l'unité de manière qu'elle descende d'un seul. Celui donc qui abandonne la chaire de Pierre, sur laquelle l'église a été fondée, n'est plus dans l'église, et celui qui ne conserve plus l'unité n'a plus de foi. C'est pour cette raison que dès que nous avons été assemblés au nom de J. C., nous n'avons rien eu de

plus à cœur que de faire en sorte que nous n'eussions tous qu'un même esprit, comme nous ne sommes tous, selon l'Apôtre, qu'un même corps, et que non-seulement il n'y eût point de schisme parmi nous, mais qu'il ne s'y trouvât pas même la plus légère apparence de dissention avec le chef de toute l'église. Nous appréhendions d'autant plus ce malheur, que par un effet de la bonté et de la Providence divine, nous avons aujourd'hui un pontife qui mérite, par toutes ses grandes qualités et par les vertus pastorales dont il est rempli, que nous le révérions non-seulement comme la Pierre de l'église, mais encore comme l'exemple et le modèle des fidèles dans toutes sortes de bonnes œuvres.

L'illustre orateur qui a ouvert notre assemblée pendant le sacrifice que nous offrons en commun par les mains de l'illustrissime archevêque de Paris, notre digne président, pour implorer la grace et le secours de l'Esprit Saint, nous a tracé par avance l'idée de cette union, et du zèle avec lequel nous devons tous concourir au maintien de l'unité de l'Eglise; et il l'a fait avec tant d'éloquence, d'érudition et de piété que

tout le monde a dès-lors auguré l'heureux succès de notre assemblée.

soit

Nous ne doutons nullement que vous n'ayiez été satisfaits, soit de ce que nous avons obtenu de la piété de notre roi très-chrétien, soit de ce que nous avons fait de notre côté, tant pour conserver la paix que pour mériter les bonnes graces d'un si grand prince, et lui marquer en même-tems notre reconnoissance, enfin de la lettre que nous avons eu l'honneur d'écrire à notre St.-Père le Pape. Nous avons cependant jugé qu'il étoit très-important de nous expliquer encore davantage, afin qu'il n'arrivât jamais rien qui pût tant soit peu troubler le repos de l'église et la tranquillité de l'ordre épiscopal.

En effet, chacun de nous ayant frémi d'horreur à la moindre ombre de discorde, nous avons cru que nous ne pouvions rien faire de plus propre au maintien de l'unité ecclésiastique, que d'établir des règles certaines, ou plutôt de rappeler à l'esprit des fidèles lei souvenir des anciennes, à l'abri desquelles toute l'Eglise Gallicane dont le St. - Esprit nous a confié le gou→ vernement, fût tellement en sûreté, que jamais personne, soit par une basse adulation ou par un désir déréglé d'une fausse liberté, ne pût passer les bornes que nos pères ont posées; et qu'ainsi la vérité mise dans son jour, nous mît elle-même à couvert de tout danger de division.

Et comme nous sommes obligés non-seulement de maintenir la paix parmi les catholiques, mais encore de travailler à la réunion de ceux qui se sont séparés de l'épouse de J. C. pour s'unir à l'adultère, et qui ont

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