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lègues, en empruntant les paroles de St.-Cyprien 2 J. C., pour montrer l'unité, a établi une seule et unique chaire, et a placé la source de l'unité de manière qu'elle descende d'un seul. Celui donc qui abandonne la chaire de Pierre, sur laquelle l'église a été fondée, n'est plus dans l'église, et celui qui ne conserve plus l'unité n'a plus de foi. C'est pour cette raison que dès que nous avons été assemblés au nom de J. C., nous n'avons rien eu de plus à cœur que de faire en sorte que nous n'eussions tous qu'un même esprit, comme nous ne sommes tous, selon l'Apôtre, qu'un même corps, et que non-seulement il n'y eût point de schisme parmi nous, mais qu'il ne s'y trouvât pas même la plus légère apparence de dissention avec le chef de toute l'église. Nous appréhendions d'autant plus ce malheur, que par un effet de la bonté et de la Providence divine, nous avons aujourd'hui un pontife qui mérite, par toutes ses grandes qualités et par les vertus pastorales dont il est rempli, que nous le révérions non-seulement comme la Pierre de l'église, mais encore comme l'exemple et le modèle des fidèles dans toutes sortes de bonnes œuvres.

L'illustre orateur qui a ouvert notre assemblée pendant le sacrifice que nous offrons en commun par les mains de l'illustrissime archevêque de Paris, notre digne président, pour implorer la grace et le secours de l'Esprit Saint, nous a tracé par avance l'idée de cette union, et du zèle avec lequel nous devons tous concourir au maintien de l'unité de l'Eglise; et il l'a fait avec tant d'éloquence, d'érudition et de piété que

tout le monde a dès-lors auguré l'heureux succès de notre assemblée.

soit

Nous ne doutons nullement que vous n'ayiez été satisfaits, soit de ce que nous avons obtenu de la piété de notre roi très-chrétien, soit de ce que nous avons fait de notre côté, tant pour conserver la paix que pour mériter les bonnes graces d'un si grand prince, et lui marquer en même-tems notre reconnoissance, enfin de la lettre que nous avons eu l'honneur d'écrire à notre St.-Père le Pape. Nous avons cependant jugé qu'il étoit très-important de nous expliquer encore davantage, afin qu'il n'arrivât jamais rien qui pût tant soit peu troubler le repos de l'église et la tranquillité de l'ordre épiscopal.

En effet, chacun de nous ayant frémi d'horreur à la moindre ombre de discorde, nous avons cru que nous ne pouvions rien faire de plus propre au maintien de l'unité ecclésiastique, que d'établir des règles certaines, ou plutôt de rappeler à l'esprit des fidèles le souvenir des anciennes, à l'abri desquelles toute l'Eglise Gallicane dont le St. - Esprit nous a confié le gouvernement, fût tellement en sûreté, que jamais personne, soit par une basse adulation ou par un desir déréglé d'une fausse liberté, ne pût passer les bornes que nos pères ont posées; et qu'ainsi la vérité mise dans son jour, nous mît elle-même à couvert de tout danger de division.

Et comme nous sommes obligés non-seulement de maintenir la paix parmi les catholiques, mais encore de travailler à la réunion de ceux qui se sont séparés de l'épouse de J. C. pour s'unir à l'adultère, et qui ont

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renoncé aux promesses de l'église; cette raison nous a encore engagés à déclarer quel est le sentiment des catholiques que nous croyons conforme à la vérité : après quoi nous espérons que personne ne pourra plus en imposer à la société des fidèles par ses calomnies, ni corrompre, par une perfide prevarication, les vérités de la foi. Nous espérons aussi que ceux qui sous prétexte des erreurs qu'ils nous imputoient, se sont déchaînés jusqu'à présent contre l'Eglise Romaine comme contre une Babylone réprouvée, parce qu'ils ne connoissoient pas, ou feignoient de ne pas connoître nos véritables sentimens, cesseront, maintenant que la fausseté est démasquée, de nous calomnier, et ne persévéreront pas plus long-tems dans leur schisme, que St.-Augustin détestoit comme un crime plus horrible que l'idolâtrie même.

Nous faisons donc profession de croire que, quoique J. C. ait établi les douze disciples qu'il choisit et qu'il nomma apôtres, pour gouverner solidairement son église, et qu'il les ait tous également revêtus de la même dignité et de la même puissance, selon les expressions de saint Cyprien, il a cependant donné la primauté à St.-Pierre, comme l'évangile nous l'apprend, et comme toute la tradition ecclésiastique l'enseigne. C'est pourquoi nous reconnoissons, avec St.-Bernard, que le pontife romain successeur de St.-Pierre possède, non pas à la vérité seul, et à l'exclusion de tout autre, mais dans le plus haut degré, la puissance apostolique établie de Dieu; et pour conserver en même-tems l'honneur du sacerdoce auquel J. C. nous a élevés, nous soutenons avec les saints pères et les docteurs de l'église, que les clés ont

été d'abord données à un seul, afin qu'elles fussent conservées à l'unité, et nous croyons que tous les fidèles sont assujétis aux décrets des souverains pontifes, soit qu'ils regardent la foi ou la réformation générale de la discipline et des mœurs, de telle sorte néanmoins que l'usage de cette souveraine puissance spirituelle doit être modéré et réglé par les canons révérés dans tout l'univers; et que si par la diversité de sentimens des églises, il s'élevoit quelque difficulté considérable, il seroit nécessaire alors, comme le dit St.-Léon, d'appeler de toutes les parties du monde un plus grand nombre d'évêques, et d'assembler un concile général qui dissipát ou appaisát tous les sujets de dissention, afin qu'il n'y eût plus rien de douteux dans la foi, ni rien d'altéré dans la charité.

Au reste, la république chrétienne n'étant pas seulement gouvernée par le sacerdoce, mais encore par l'empire que possèdent les rois et les puissances supérieures, il a fallu qu'après avoir obvié aux schismes qui pourroient diviser l'église, nous prévinssions aussi les mouvemens des peuples qui pourroient troubler l'empire, sur-tout dans ce royaume, où sous prétexte de la religion, il s'est commis tant d'attentats contre l'autorité royale; c'est pour cela que nous avons déterminé que la puissance des rois n'est point soumise, quant au temporel, à la puissance ecclésiastique, de peur que si la puissance spirituelle paroissoit entreprendre quelque chose au préjudice de la puissance temporelle la tranquillité publique n'en fût altérée.

Enfin nous conjurons votre charité et votre piété, nos très-vénérables confrères, comme les pères du

quitter vos églises pour vous rendre en ce lieu, a été le desir de la paix, que vous appréhendiez qui ne fût troublée, vous vous êtes très-heureusement appliqués jusqu'à maintenant à chercher les moyens de la procurer; et il y a lieu d'espérer que les expédiens que vos soins, votre sagesse et votre charité ont trouvés, arrêteront ce qui nous faisoit craindre la division dans l'église, dont toute la force consiste dans l'union. Messeigneurs nos présidens ont travaillé à cet effet avec tant de zèle et avec une si grande uniformité de sentimens, qu'il est visible que Dieu s'est servi de ces deux sages pilotes, non pas pour sauver son vaisseau du naufrage, car il ne sauroit périr, mais pour le délivrer des mouvemens d'une fâcheuse tempête, dont il sembloit être menacé.

Ce seroit blesser leur modestie que de parler en leur présence de ce qu'ils ont fait jusqu'à présent avec tant de succès. Votre procèsverbal sera un monument éternel de votre gloire, quand la postérité lira ces savans et éloquens discours de Monseigneur l'Archevêque de Paris, si utiles à la religion, à la réformation des mœurs et au rétablissement de la discipline, ces rapports si pleins d'érudition, ces excellentes lettres et ces actes si judicieux que

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