en 1658, au moment de l'élection à l'empire de Léopold I. Lyonne avait toujours fait preuve de la plus grande capacité diplomatique, et Saint-Amant termine le poème de la « Suspension d'armes », en glorifiant les qualités de ce ministre vraiment remarquable, mais un peu trop éclipsé par le génie de Mazarin : Noble et parfait Lyonne, à qui ma voix s'adresse, Sans songer que le mot en rime à pension. Etait-ce réellement le besoin qui engageait le poète à écrire ce mot pension? On ne le pense pas. L'épître à Marolles, le ton de la « Seine extravagante » et celui de la « Suspension d'armes » ne donnent pas l'impression d'une personne dans la gêne et portent plutôt à croire qu'en cette circonstance, Saint-Amant imitait Scarron et beaucoup d'autres beaux esprits dont une des occupations favorites était de chercher des rimes à pension. Il n'y a certainement pas dans ce dernier poème de Saint-Amant la verve et l'entrain des œuvres de sa jeunesse, mais cependant étant donné ses soixante-six ans, la versification en est élégante et facile. « La Suspension d'armes » parut à Paris en 1660, en vertu du privilège que Saint-Amant avait obtenu en 1653 de publier ses différentes œuvres, la date de « l'achever d'imprimer » n'est pas mentionnée. Après cette publication, on reste sans aucun document sur son existence jusqu'à sa mort arrivée le 29 décembre 1660 ou 1661, sans qu'il soit possible pour le moment de préciser l'année. La date de 1660 est portée par le grand dictionnaire de Moreri, édition de 1735, par le dictionnaire de Bayle, par l'histoire de l'Académie Française de Pellisson, continuée par l'abbé d'Olivet, par une nole de l'édition de Boileau donnée en 1747 par Saint-Marc, enfin par la plupart des dictionnaires biographiques. Ce qui tendrait à la faire considérer comme exacte, c'est qu'il est généralement admis que l'abbé Cassagne, successeur de Saint-Amant au vingt-quatrième fauteuil, entra à l'Académie en 1661 et prononça cette année-là la harangue d'usage. Or il serait matériellement impossible si Saint-Amant n'était mort que le 29 décembre 1661, que son successeur ait pu être élu avant 1662. Les registres de l'Académie et les Procès-verbaux abrégés de ses séances pourraient seuls trancher la question, malbeureusement d'après les renseignements qu'a bien voulu donner M. Pingard, Secrétaire de l'Institut, il n'existe plus de documents antérieurs à 1672. La date de 1661 parait résulter de deux documents dont on ne saurait nier l'importance. C'est d'abord une note curieuse extraite d'un journal de Colletet le fils, rapportée par M. Ch. Livet, d'après une communication du savant M. Rathery de la bibliothèque du Louvre : « Le jeudi 29 me décembre 1661, jour de Saint-Thomas de Cantorbéry, mourut chez Monsieur Monglas, son ancien hôte, qui était décédé huit jours avant, le sieur de Saint-Amant âgé de soixante-quatorze ou soixante-quinze ans, après une maladie de deux jours. Il reçut les sacrements et mourut un peu devant midi. Monsieur l'abbé de Villeloin l'assista en ce dernier moment et lui rendit ce dernier devoir. Il est inhumé à........ (Incomplet), Les vers suivants de la gazette de Loret, lettre du vendredi 30 décembre 1661, ne sont pas moins explicites: Cet esprit qui de bonne grâce Ce bon Monsieur de Saint-Amant, Que l'on vend, je crois, chez Sercy; On m'a dit que la renommée N'est pas encor beaucoup semée, On ne désigne encore pas A quel homme de grand mérite On garde la place susdite, Mais je jugerais bien par ma fui, Que ça ne sera pas pour moi. Le fait qui pourrait diminuer le degré de confiance que doivent inspirer les vers de Loret, c'est le passage relatif à la « Lune parlante», racontar qu'absolument rien ne vient corroborer et dont il a été fait justice. Il est également difficile de concilier la note de Colletet et la Gazette de Loret. Si Saint-Amant est mort le Jeudi 29 décembre 1661, il est impossible que son décès ait été annoncé avec les termes suivants : « Passa l'autre jour par les mains », dans une feuille qui paraissait le 30 décembre, ou plutôt sous la date du 30 décembre, c'est-à-dire imprimée sinon écrite au moins la veille ou l'avant-veille. Au fond, on ne saurait s'étonner que la disparition de Saint-Amant déjà vieux et presque complètement retiré du monde, soit passée inaperçue, quand on songe à l'oubli dans lequel était tombé au moment de sa mort en 1684, le grand Corneille lui-même. Ceux qui ont bien voulu lire les pièces qui viennent d'être étudiées dans ces chapitres, sont en état de se prononcer en connaissance de cause sur la valeur comme poète de Marc-Antoine de Gérard de SaintAmant; quant à son caractère, on peut accepter sans crainte l'appréciation qu'il en donne lui-même dans son Epitre dédicatoire à la princesse Palatine en 1658, lorsqu'il était arrivé à un âge, soixante-quatre ans, où l'on ne songe plus à feindre: « Ce n'est point, Madame, dit-il, par la bouche de l'intérêt que je parle; ce n'est point mon faible, Dieu merci, et j'oserai dire avec une honorable fierté soutenue d'un aussi honorable dédain, que ceux qui me connaissent jusqu'au fond du cœur me tiennent assez généreux et assez détaché de la fortune pour n'avoir jamais offert l'encens à son idole, pour ne lui avoir jamais lâchement sacrifié mes soins et mes peines, et enfin pour n'en avoir jamais voulu faire le moindre de mes désirs. Non, non, Madame, ce n'est point l'amour des richesses qui me touche, elles n'ont point d'appas pour mes yeux, c'est la seule gloire qui m'attire et la seule vertu qui me prend ». Et cette gloire, la postérité l'accordera-t-elle à Saint-Amant en dépit des critiques inexactes et malveillantes de Boileau qui pèsent depuis deux siècles sur la mémoire de ce poète? Il est si difficile de détruire les légendes qu'on n'ose se prononcer. FIN. INDEX ALPHABETIQUE DE TOUS LES NOMS PROPRES/CITÉS DANS CET OUVRAGE. Lord Adington, Chapitre 23. Alexandre le Grand. 13. 16. 17. Jean d'Annebaut. 1. Catherine d'Aragon. 46. Aristote. 23. 24. Arnauld d'Andilly. 2. Le comte d'Arpajon. 1. 14. 12. L'abbé d'Aubignac. 24. Agrippa d'Aubigné. 19. Georges d'Aubusson. 17. Albert d'Autriche. 4. Anne d'Autriche. 5. 8. 10. 13. 16. 18. 19. 20. 21. 23. 24. 25. Elisabeth d'Autriche. 4. 2. B. Etienne Bachot. 2. Guez de Balzac. 8. 11. |