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CHRONIQUE

(Avril 1891)

N° 22

Voeux du Congrès de mécanique appliquée.

Le Congrès international de mécanique appliquée, tenu à Paris, du 16 au 21 septembre 1889, a formulé les voeux suivants (*), qu'il paraît utile de porter à la connaissance des Ingénieurs des ponts et chaussées.

Le Congrès de mécanique appliquée, après en avoir délibéré, émet le vœu :

I. Que le gouvernement français prenne, auprès des gouvernements étrangers, l'initiative de la réunion d'une commission internationale, ayant pour mission de choisir les unités communes destinées à exprimer les différents résultats des essais de matériaux et d'introduire une certaine uniformité dans les méthodes d'essais.

II. Que le gouvernement français encourage, par tous les moyens possibles, la création et l'extension de laboratoires d'essais de matériaux et de machines.

III. .
IV..

V. .

VI. Que, par un accord unanime, le langage de la mécanique arrive à se préciser de la manière suivante :

1o Le mot force ne sera plus employé désormais que comme synonyme d'effort, sur la signification duquel tout le monde est d'accord. On proscrit spécialement l'expression transmission de force qui se rapporte en réalité à la transmission d'un travail, et celle de force d'une machine, qui n'est que l'activité de la pro

(*) Tome Ier, p. 143. Paris, E. Bernard et C. 1890.

duction du travail par ce moteur ou, en d'autres termes, le quotient du travail par un temps.

2o Le mot travail désigne le produit d'une force par le chemin que décrit son point d'application suivant sa propre direction.

3o Le mot puissance sera exclusivement employé pour désigner le quotient d'un travail par le temps employé à le produire. 4° En ce qui concerne l'expression numérique de ces diverses grandeurs, pour tous ceux qui acceptent le système métrique, les unités sont les suivantes :

La force a pour unité le kilogramme défini par le Comité international des poids et mesures;

Le travail a pour unité le kilogrammètre;

La puissance a deux unités distinctes, au gré de chacun : le cheval de 75 kilogrammètres par seconde, et le poncelet de 100 kilogrammètres par seconde.

5° L'expression énergie subsiste dans le langage comme une généralisation fort utile, comprenant, indépendamment de leur forme actuelle, les quantités équivalentes: travail, force vive, chaleur, etc. Il n'existe pas une unité spéciale pour l'énergie envisagée avec cette généralité. On l'évalue numériquement, suivant les circonstances, au moyen du kilogrammètre, de la calorie, etc.

6o On se rend bien compte dans ce qui précède que ce système présente des différences avec celui qui est adopté maintenant pour l'étude de l'électricité. Les trois grandeurs essentielles de toute homogénéité, au lieu d'être, comme pour les électriciens, la longueur, le temps et la masse, sont ici la longueur, le temps et la force. Il a semblé que, pour les mécaniciens tout au moins, sans vouloir engager une discussion au point de vue de la philosophie des sciences, l'effort était une notion primordiale plus immédiate et plus claire que celle de la masse.

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La côte allemande sur la mer du Nord est profondément dentelée par les estuaires des quatre fleuves qui y débouchent l'Ems, la Jade, le Weser et l'Elbe. Malgré les bancs de sable qui se rencontrent en grande quantité dans cette région et qui s'étendent au loin en avant des côtes endiguées, ces fleuves ont des entrées profondes; les navires de mer peuvent alors les remonter et accéder à des ports établis, parfois, à une assez grande distance de la mer.

Hambourg et Brême, situés sur l'Elbe et le Weser, ont eu, de tout temps, un commerce considérable. A l'occasion de la réunion de leur territoire à celui de l'Union douanière allemande, leurs ports ont récemment subi une transformation complète et reçu, à cette occasion, un accroissement justifié par le développement de leur trafic.

Les ports de l'Ems et de la Jade, sans importance jusqu'à une époque assez récente, semblent devoir sortir de cet état d'infériorité. Déjà le Gouvernement impérial a créé sur la Jade, à Wilhelmshaven, un arsenal militaire de premier ordre et, à côté, un bassin pour la marine de Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES. 7e sér., 1re ann., 5o cah. - TOME I 48

commerce. D'autre part, il se préoccupe d'améliorer le port d'Emden situé à l'embouchure de l'Ems, afin d'exporter, sans emprunter un territoire étranger, les houilles et les cokes du bassin de la Ruhr qui, jusqu'à ce jour, s'expédient par Rotterdam ou par Anvers.

Il y a un intérêt sérieux à connaître exactement les efforts qui sont ainsi faits pour attirer vers l'Allemagne les courants commerciaux au détriment de nos ports du Nord et de ceux de la Belgique et de la Hollande. La mission que M. le Ministre des Travaux publics a bien voulu nous confier à cet effet a été rendue facile par le bon accueil que nous avons reçu de M. Franzius, directeur des travaux publics de Brême et de M. Andréas Meyer, ingénieur en chef de l'État de Hambourg. Ces ingénieurs nous ont fait visiter leurs ports et leurs travaux en grands détails, et ils nous ont donné les renseignements les plus complets sur leur situation. Nous devons beaucoup aussi à MM. Dreyfuss et Blondel, ingénieurs des ponts et chaussées. M. Dreyfuss nous a accompagné dans nos voyages en Allemagne et il a traduit la plus grande partie des documents que nous avions rapportés ; M. Blondel nous a communiqué un mémoire très complet et très intéressant qu'il avait rédigé pendant l'une de ses missions, alors qu'il était à l'École des ponts et chaussées.

CHAPITRE I

PORTS DE L'EMS ET DE LA JADE.

L'Ems.

L'Ems, arrivé non loin de la mer, traverse un vaste bassin, le Dollart, puis il se divise en deux bras séparés par l'île de Borkum et les sables qui l'entourent; il gagne ainsi la mer par deux embouchures.

Le Dollart constitue un bassin de chasse de 20.000 hectares de superficie (Pl. 32, fig. 1) entièrement couvert par les eaux aux deux tiers de la montée de la mer; un tiers de la surface est occupé par des terrains vaseux asséchant à basse mer. En amont du Dollart, le fleuve est sinueux et étroit; en aval, il présente la forme d'un entonnoir, dont la largeur varie de 4 à 9 kilomètres.

L'embouchure occidentale de l'Ems est la plus profonde. et la plus large; on y trouve, jusqu'à l'entrée du Dollart, au minimum 7 mètres d'eau sous basse mer. L'Ems oriental, plus sinueux et moins creux, n'a que 2 mètres d'eau sous basse mer, près de l'endroit où il se sépare de l'Ems occidental. Les profondeurs, dans le Dollart (Pl. 32, fig. 1), diminuent rapidement; elles ne sont plus que de 2o,20 à l'extrémité des jetées d'Emden situé sur la rive droite, à quelque distance en amont du goulet.

La marée se fait sentir dans le fleuve jusqu'à 85 kilomètres de distance, soit à 36 kilomètres en amont du Dollart, dont le goulet se trouve environ à 40 kilomètres de la mer. La montée de la mer qui, au large de l'île Borkum, n'est que de 2,20, atteint à Emden 2,80 en moyenne et 3,20 en vive eau; elle diminue rapidement en amont du Dollart.

Dans la partie inférieure du fleuve, les profondeurs se maintiennent d'elles-mêmes, bien que les bancs de sable se déplacent et changent de forme assez facilement. Au delà du Dollart, au contraire, le fleuve a été amélioré et les profondeurs ont augmenté de 1,50. Papenburg, qui, antérieurement à 1860, ne pouvait recevoir que des navires calant 2,50, en reçoit maintenant de près de 4 mètres de tirant d'eau. La dépense qu'a entraînée ce travail a été de 112.500 francs.

Les embouchures de l'Ems sont signalées par le feu flottant et le phare de Borkum, ainsi que par une bouéesifflet mouillée à 9 milles à l'ouest-nord-ouest 1/4 nord

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