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Les conséquences de cet accident furent très avantageuses pour la partie inférieure de la Vistule, qui fut rendue tout à fait indépendante des crues et des débâcles de glaces par la construction d'une écluse à Plehnendorf, immédiatement en aval de la nouvelle coupure. Dès qu'une telle circonstance se présente, les portes de l'écluse sont fermées, et toutes les eaux de la Vistule s'écoulent à la mer par la nouvelle embouchure.

Le fleuve, à l'ouest de l'écluse, a reçu le nom de Todte Weichsel (Vistule morte); il constitue un canal sans grand courant d'eau, dans lequel, et à l'embouchure duquel il ne se dépose presque pas d'alluvions et qui n'est influencé que par le niveau des eaux de la Baltique.

A Weichselmünde, l'ancienne embouchure vers le nord a été isolée de la mer par un barrage (Pl. 25, fig. 3).

L'écluse ouest, ne présentant que 3,50 de profondeur au-dessous du niveau moyen, était insuffisante et constituait une entrave à la navigation; un canal libre de 33 mètres de largeur fut alors creusé au nord à 5,30 de profondeur et muni de quais en bois. Mais les grands navires éprouvaient de très sérieuses difficultés à suivre cette voie; ils étaient gênés dans leurs évolutions par l'île que formait cette écluse; on fit alors disparaître cet ouvrage de 1880 à 1883.

Les alluvions entraînées par la Vistule ont déterminé la formation d'une barre en avant de la nouvelle embouchure à Neufahr; le cube des apports ainsi déposés, pendant la période 1840 à 1876, n'est pas évalué à moins de 44.000.000 de mètres. L'évacuation des glaces à la mer devenait difficile; deux digues furent alors construites pour concentrer les eaux et approfondir le chenal. Cest digues, arasées à 0,50 au-dessous du niveau moyen de la mer, ne suffirent pas à empêcher divers accidents au moment de la débâcle des glaces, notamment en 1883 et en 1886; cette dernière année, les portes de l'écluse de

Plehnendorf furent même brisées, et les glaces firent irruption dans la Vistule morte.

Pour éviter le retour de pareil événement, on procéda à une régularisation depuis longtemps demandée; les digues furent surhaussées et prolongées avec une faible. courbure vers l'est. La profondeur dans le chenal ne tarda pas à atteindre 5 mètres; l'évacuation des glaces se fit facilement, et les masses de sable qui, à chaque tempête de nord-est, étaient jetées dans le chenal et en relevaient le plafond, se déposèrent en arrière de la jetée Est.

D'après un programme récemment approuvé, l'embouchure va être reportée de 10 kilomètres à l'est pour diminuer les périls qu'entraînent l'inondation et les glaces,

La Vistule morte doit être approfondie à 7 mètres sous basse-mer dans toute la partie comprise entre Neufahrwasser et l'entrée de la Mottlau; ce résultat est déjà obtenu presque partout sur une largeur de 25 à 30 mè

tres.

La Mottlau est un cours d'eau ayant 45 kilomètres de longueur; la surface de son bassin n'est que de 1.600 kilomètres carrés; cette rivière pénètre dans Danzig par deux bras qui se rejoignent avant d'arriver à la Vistule.

Rade de Neufahrwasser. Au large de l'embouchure de la Vistule morte, se trouve une rade foraine excellente, la seule qui existe sur les côtes du royaume de Prusse. Le mouillage de Putziger Wiek a une surface de 350 kilomètres carrés, avec des profondeurs variant de 10 à 60 mètres; il est abrité dans presque toutes les directions par la saillie de la côte Samland et par la presqu'île d'Hela qui s'avance de 18 kilomètres à l'est du méridien de l'embouchure. Par forts vents de nord-est, les navires pénètrent un peu plus à l'ouest dans l'intérieur du mouillage; ils se tiennent assez généralement à 3 kilomètres

au nord-nord-ouest des jetées, par des profondeurs de 9 à 10 mètres.

Chenal de Neufahrwasser. Le chenal de Neufahrwasser, ouvert au nord-nord-ouest (Pl. 25, fig. 5), est compris entre deux jetées ayant, celle de l'est, 831 mètres de longueur et l'autre 208 mètres; la première dépasse la seconde de 440 mètres; leur distance, qui est d'abord de 93 mètres, se réduit à 61 mètres au droit du musoir de la jetée ouest.

Les profondeurs au large et dans le chenal ne sont nulle part inférieures à 7,50, jusqu'à l'entrée du bassin de Neufahrwasser; elles se maintiennent bien, la Vistule n'amenant pour ainsi dire pas d'alluvions, la mer non plus. Les quelques apports qui se déposent, principalement vers l'extrémité de la jetée ouest, sont enlevés au moyen de dragues tous les deux ans. Les déblais, dont le cube varie de 25.000 à 30.000 mètres, s'effectuent facilement; ils sont conduits au large et versés à la mer par des fonds de 30 mètres.

Les deux jetées avaient, d'abord, été faites au moyen de coffrages en charpente remplis d'enrochements. La jetée est, que la mer avait démolie, a été reconstruite et prolongée suivant le type représenté par la fig. 2 de la Pl. 26. Au large d'un coffrage en charpente, est un massif en fascinage, le tout est recouvert d'enrochements; du côté de la mer, le talus est à 3 de base pour 1 de hauteur. L'ouvrage, arasé à 2,20 au-dessus du niveau moyen, présente à la partie supérieure une largeur de 2,70. Pour éviter que les navires ne se jettent sur la jetéc du côté du chenal, des pieux de défense ont été battus; ils servent également à supporter un chemin de service qui permet d'accéder au musoir en tout temps. Il est question, tout en conservant les pieux, de supprimer ce chemin de service, dont l'entretien est coûteux, et d'éta

blir sur la digue même un parapet en maçonnerie.

La jetée ouest (Pl. 26, fig. 3 et 4) reste formée d'un massif d'enrochements maintenu entre deux lignes de pieux jointifs, distantes de 6,23 au niveau moyen; sur cette fondation, est établi un couronnement en maçonnerie de 5 mètres de largeur et de 1,83 de hauteur.

En amont du Hafen canal, les rives du fleuve sont défendues par des revêtements de divers types, dont un certain nombre sont représentés par les fig. 27 à 29 de la Pl. 26.

Hafen canal et Vistule morte. — Le Hafen canal, qui constitue une partie du port de Neufahrwasser, est bordé sur presque toute sa rive gauche de quais en maçonnerie, ayant des hauteurs différentes, mais construits d'après les mêmes principes. Le mur (Pl. 26, fig. 6), arasé à 1,83 au-dessus du niveau moyen, est fondé, à 1 mètre au-dessous de ce niveau, sur une plate-forme en charpente supportée par des files de trois pieux en partie noyés dans une épaisse couche de béton; une ligne jointive de pieux et palplanches est battue en avant du mur, également protégé par des pieux de défense très inclinés. En quelques endroits, un pieu oblique contrebute la poussée du terrain.

Lorsqu'en 1880, l'ancienne écluse a été démolie et le chenal creusé à 7 mètres, les murs de quai ont dû être consolidés; ils l'ont été au moyen de grands tirants en fer placés de 4 en 4 mètres à mi-hauteur de la maçonnerie, lesquels ont été fixés sur des masques en charpente, maintenus sur des pieux noyés dans les terrepleins. En outre, des remblais ont été faits dans le fleuve en avant des quais, de manière à former un talus de 2 de base pour 1 de hauteur, s'élevant généralement à 3,50 et exceptionnellement à 2 mètres en contre-bas du niveau moyen. Enfin, l'ordonnance du 19 août 1880 porte

que, jusqu'à 11 mètres en arrière de l'arête des quais, le poids des marchandises déposées sur les terre-pleins ne pourra dépasser 1.800 kilogrammes par mètre carré, et que, jusqu'à 8 mètres, les marchandises ne séjourneront que le temps strictement nécessaire pour la manutention. Dans les derniers murs de quai construits, les pieux de fondation (Pl. 27, fig. 11) sont battus avec un fruit de 1/8°; l'enfoncement des pieux et palplanches a été fait au moyen d'injection d'eau; les tirants en fer sont appliqués sur la plate-forme en charpente supportant le

mur.

La majeure partie de la rive droite du Hafen canal est pourvue de quais en charpente; en quelques endroits, il s'y trouve des quais en maçonnerie, analogues à ceux de la rive gauche.

Tout le cours de la Vistule, de Neufahrwasser à l'embouchure de la Mottlau, sert à l'embarquement des bois, qui s'effectue d'une manière très économique. Les navires sont amarrés à des ducs d'Albe ou à des palées en char'pente, dont la longueur cumulée est de 2.300 mètres; les radeaux descendant la Vistule sont amenés à proximité des navires, qui chargent directement les poutres par leurs sabords d'avant. A cet effet, les poutres sont successsivement soulevées par l'une de leurs extrémités jusqu'à la hauteur du sabord le plus voisin de l'eau, au moyen d'une corde passant sur une poulie frappée sur le mât de beaupré et actionnée par un treuil porté sur un radeau. Les poutres sont ensuite tirées à l'intérieur du bateau.

Un grand nombre de navires complètent également en rivière et au moyen d'allèges leur chargement commencé à Danzig.

Presque toute la rive droite de la Vistule en aval de la Mottlau appartient à des particuliers, qui y ont fait diverses installations, entre autres des magasins pour les

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