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daires, qui se succèdent en gradins échelonnés sur flanc du coteau, sont intercalés les branchements qui servent à la fois d'affluents à l'égout inférieur et d'exutoires à l'égout supérieur, de manière à les relier et à faciliter les chasses.

Le réseau est muni de portes et de vannes de chasse. Les portes servent à créer des retenues dans les égouts secondaires et les vannes à répartir les eaux ainsi emmagasinées. On fait servir les eaux du système haut au nettoyage des sections à faible pente du système bas. Il existe 470 portes de chasse en fer, 320 vannes et 70 clapets. En outre, 60 vannes de retenue sont utilisées, suivant les cas, soit à séparer le système haut du système bas, soit à isoler une partie de l'un des réseaux, soit enfin comme vannes de chasse.

Des descentes et des regards sont répartis à des distances de 180 à 200 mètres sur les collecteurs et de 80 à 100 mètres sur les égouts secondaires (voir Pl. 12, fig. 14). Les égouts en tuyaux comportent également des bouches de 0m,23 de diamètre qui servent de trous d'éclairage pour l'introduction des lampes et contribuent aussi à la ventilation; ils sont espacés de 35 à 40 mètres.

Grâce à ces dispositions, l'écoulement se fait sans interruption et sans laisser de dépôts; il faut 3 à 4 heures aux eaux usées pour sortir de l'enceinte de la ville.

Décharges. -Les égouts du système haut se nettoient en général d'eux-mêmes, le courant qui les parcourt étant assez puissant pour entraîner tous les dépôts; au besoin, on fait jouer les réservoirs de chasse.

En temps ordinaire, les collecteurs du système haut se déversent dans ceux du système bas; ainsi qu'on le voit sur le plan, ces communications sont établies sur la rive droite, en amont du barrage à aiguilles, sur la rive gauche au bas de la Schifferstrasse. Toutes ces eaux

sont amenées à l'usine d'épuration, située en aval du pont du chemin de fer de Mayence, celles de rive gauche directement, celles de rive droite à l'aide d'un siphon posé sur le fond de la rivière.

Lors des hautes eaux, les deux systèmes sont absolument isolés l'un de l'autre. Le système haut de rive droite se décharge dans le Mein, en aval du barrage à aiguilles, celui de rive gauche au bas de la Schifferstrasse. Le système bas a sa décharge au droit de l'usine d'épuration et lors des très hautes eaux dans le ruisseau de Daman.

La fig. 15, Pl. 12, représente la disposition des tuyaux de décharge, le tuyau est en bois ; il est placé en biais de manière à déboucher dans le sens du courant, et prolongé jusqu'en eau profonde, de telle sorte que les eaux qu'il projette se mêlent immédiatement à celles de la rivière, il est complètement noyé dans le sol et enveloppé de béton; la construction se fait à l'abri d'un bâtardeau, lequel est figuré sur la coupe transversale.

En temps de pluie, les deux systèmes d'égouts versent directement leurs produits au Mein par plusieurs décharges, lesquelles sont figurées sur le plan (Pl. 13).

Ventilation. La ventilation des égouts est obtenue par les procédés ci-après:

De nombreux regards s'élèvent du cerveau des galeries jusqu'à la chaussée; ils sont couverts d'une grille (Pl. 12, fig. 13 et 14). On les dispose, à chaque point haut, aux raccordements, descentes, etc., et, en outre, en profil courant, tous les 30 ou 40 mètres. Les tuyaux de chute des eaux ménagères, des cabinets d'aisances, des eaux pluviales, sont aussi utilisés pour la ventilation; ces tuyaux de chute représentent, dans leur ensemble, une cheminée de 20 mètres de diamètre et de 15 mètres de hauteur; d'ordinaire, la circulation est ascendante dans Annales des P. et Ch. MÉMOIRES. TOME I.

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ces tuyaux qui sont remplis d'air plus chaud et plus humide et par conséquent descendante dans les regards; quelquefois cependant la circulation se fait en sens in

verse.

Pour compléter l'aérage, on a installé, sur les points culminants du réseau, des cheminées de ventilation; elles ont principalement pour objet de donner issue aux gaz qui tendraient, en hiver, à s'accumuler vers les points élevés et pourraient incommoder le voisinage. La cheminée de la route de Friedberg a 1,40 de diamètre et 30 mètres de hauteur. Quelques-unes de ces cheminées ont été élevées dans les tours de la vieille enceinte de la ville.

Bouches d'égout. Les eaux pluviales tombent des chaussées dans les égouts par des chutes fermées de tuyaux en grès vernissé de 0,45 de diamètre; le bas de ces tuyaux, sur 0,90 de hauteur, forme réservoir à sable. Ces bouches sont munies d'une fermeture hydraulique, disposée, à l'abri de la gelée, à 1o,30 au-dessous de la chaussée; il existe 5.460 de ces bouches.

Eaux souterraines. L'évacuation des eaux souterraines n'a donné lieu à aucune disposition spéciale. Les grosses sources ont été captées à l'aide de tuyaux placés au-dessus de la voûte et envoyées à l'égout. La nappe aquifère se trouvant plus élevée que l'égout, l'eau tend à pénétrer par les pores et fissures de la maçonnerie, et s'oppose à la pénétration de l'eau d'égout dans le sol.

Installations privées. L'évacuation des eaux des habitations est soumise à une réglementation précise et sévère qui assure l'observation des principes qui ont présidé à l'exécution du réseau d'égouts; la ventilation est l'objet de soins particuliers: contrairement à une pratique fréquente, le tuyau de chute va directement de l'égout jusqu'au-dessus du toit sans intercalation d'aucun

siphon, obturateur ou autre obstacle au mouvement de l'air. Il va de soi que le tuyau de chute est parfaitement étanche et isolé de l'intérieur de l'habitation par des fermetures hydrauliques. Les conduites à faible pente sont en grès vernissé de la meilleure qualité, et, dans les points où il peut y avoir pression, en fonte avec joints au plomb, les chutes des cabinets sont en fonte asphaltée à l'intérieur avec joints au plomb. Les plans des installations intérieures sont, après revision, conservés en expédition dans les archives du service du sous-sol (Tiefbaŭamt).

Données statistiques.

Depuis 1867, le réseau des égouts de Francfort n'a cessé de se développer. Voici quelques données se rapportant au 31 mars 1886.

Longueur des égouts exécutés.

Installations privées établies conformément aux rè

glements:

Maisons.
Appartements.

Cabinets d'aisances.

..

Les dépenses totales de construction du réseau, non
compris l'usine d'épuration, se sont élevées à.
Le service du curage est confié à un inspecteur ayant
cinq ouvriers sous ses ordres; il coûte annuelle-
ment.

Le curage des bouches d'égout coûte par an.

soit environ 2 marcs (2,50) par bouche.

172.381,7

7.361

21.816

27.696

marcs

9.800.000

11.047 10.689

L'expérience a montré que le système d'égouts qui vient d'être décrit répond bien à son but. Les eaux salies sont rapidement entraînées hors de la ville; les eaux de pluie trouvent un écoulement suffisant; l'envahissement de la ville par les crues du Mein a été supprimé; le niveau de la nappe aquifère s'est abaissé et les caves, autrefois inondées, sont aujourd'hui tenues à sec. La projection totale à l'égout n'a pas, jusqu'ici, été rendue obli

gatoire; néanmoins, elle se pratique presque sans exception dans toutes les rues pourvues d'égout.

III. TRAITEMENT DES EAUX D'ÉGOUT.

Historique sommaire (*). — Francfort-sur-le-Mein possède une canalisation parfaite, où sont reçues toutes les eaux-vannes, y compris les matières fécales et les urines. C'est en 1871 que, sur l'avis de M. de Pettenkofer, les matières fécales et les urines furent admises à l'égout. La transformation de toutes les latrines fut bientôt chose faite, chaque propriétaire y trouvant un grand avantage, et, depuis lors, le système a fonctionné à la satisfaction générale de la population de Francfort. Malheureusement, il n'en fut pas de même des riverains en aval de l'embouchure du collecteur dans le fleuve. Chose singulière, ce qui occasionna des plaintes, ce fut précisément ce que le fonctionnement des égouts avait de plus remarquable. Le courant, dans ces égouts, est tellement rapide et tellement puissant que les matières solides n'ont pas le temps de se délayer durant leur trajet souterrain, et que le collecteur lance dans le Mein des bols fécaux intacts, du papier, etc., qu'on voit surnager, qui sont reconnaissables encore à plusieurs kilomètres, et qui, fait plus grave, viennent çà et là s'échouer à la rive. Les plaintes ne se firent pas attendre; elles furent portées jusqu'à Berlin, et la ville de Francfort fut mise en demeure d'avoir à épurer ses eaux avant de les déverser dans le Mein. Il faut noter que, grâce au grand débit des égouts, ces eaux sont à peine plus souillées que le fleuve lui-même, et que, si les matières solides y étaient délayées, personne n'aurait songé à se plaindre. Cette considération

(*) Extrait d'une notice du docteur Richard, publiée dans la Revue d'hygiène, 1887, p. 232.

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