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lors à ramener dans l'intérieur de Paris une prise d'eau qui n'était plus appelée à jouer aucun rôle dans le service privé.

Ainsi se justifie le choix qui a été fait pour la nouvelle usine d'un emplacement situé en face du pont d'Austerlitz, à l'angle de l'avenue Ledru-Rollin.

Ce choix imposait, il est vrai, l'obligation de restreindre autant que possible l'espace occupé à cause de la valeur considérable d'un terrain pareillement situé, et de donner aux bâtiments, placés très en évidence sur un point extrêmement fréquenté, un aspect qui ne déparât point le quartier.

L'usine entière, de 600 chevaux-vapeur en eau montée, occupe une superficie de 1.960 mètres carrés seulement. En façade sur le quai et à l'angle de l'avenue, à l'alignement des deux voies publiques, a été placé le bâtiment des machines. Deux passages pour les voitures, s'ouvrant aux deux extrémités de ce bâtiment sur l'une et l'autre voie, permettent aux voitures d'accéder au parc à charbon et à la cour de service sans avoir à tourner dans l'intérieur de l'usine. Le reste de la façade sur l'avenue Ledru-Rollin est pris tant par le magasin que par la maison d'habitation, où l'on a groupé, avec le bureau du chef de section, trois logements pour lui-même, pour le chef mécanicien et pour le concierge garde-magasin. Le bâtiment des générateurs et l'atelier sont placés en arrière ainsi que la cheminée, ce qui a permis de les traiter avec la plus grande simplicité, tandis qu'on réservait pour les parties en vue une décoration, très sobre d'ailleurs, qu'on a cherché à obtenir plutôt par l'élégance des formes que par la richesse des matériaux (Pl. 4, fig. 1).

Machines et chaudières. Un concours public a été ouvert en 1886 pour la construction et l'installation des machines élévatoires, destinées à élever 600 litres d'eau par seconde à une hauteur réelle de 59 mètres, pouvant

atteindre 73 mètres environ avec les pertes de charge dans les conduites de refoulement, et des chaudières, qui devaient être capables de produire par vingt-quatre heures 150.000 kilogrammes de vapeur sèche à la pression de 6 kilogrammes. La fourniture était divisée en deux lots, comme pour l'usine d'Ivry, et le programme comportait à peu de chose près les mêmes conditions: les machines devaient être en nombre pair et les générateurs de vapeur au nombre de huit au moins; la vitesse moyenne des pistons des pompes élévatoires devait «< être modérée et ne pouvait atteindre 1",20 par seconde que dans le cas de pistons plongeurs à extrémité effilée fonctionnant dans des corps de pompe de formes renflées », le mouvement des clapets « rendu apparent dès que le volume fourni par chacun d'eux dépasserait le sixième » de l'eau passant par la pompe correspondante, et le régulateur disposé « de manière que le produit de l'ensemble des pompes puisse varier de 450 à 600 litres par seconde »; les délais de livraison des machines et des chaudières étaient fixés respectivement à dix et huit mois, ceux de montage à quatre et trois mois.

Dix-neuf soumissionnaires, parmi lesquels on comptait les ateliers de Fives-Lille, les anciens établissements Cail, les maisons Joseph Farcot (Saint-Ouen), Windsor (Rouen), Brasseur (Lille), etc., présentèrent 12 projets pour le premier lot, 18 pour le second, 10 pour les deux lots réunis. Les dispositions proposées étaient, comme dans les concours antérieurs, extrêmement variées : moteurs horizontaux et verticaux, à quatre distributeurs et à détente Meyer, Compound, Woolf, Worthington; pompes horizontales et verticales, à pistons pleins et à pistons plongeurs, avec ou sans pompes auxiliaires à l'aspiration, placées au-dessus des crues ou enveloppées de bâches étanches; commande directe, par balanciers ou par leviers coudés; générateurs semi-tubulaires,

tubulaires, multi-tubulaires. La Commission préfectorale, après une discussion complète des divers projets, arrêta son choix, pour le premier lot, sur un projet de MM. de Quillacq et Meunier: 4 moteurs Wheelock (à tiroirs modifiés en forme de grilles), attelés directement à des pompes horizontales Girard, avec des pompes nourricières verticales commandées par l'arbre du volant (Pl. 4, fig. 5 et 6); et, pour le deuxième lot, sur un projet de M. Roser: 8 générateurs multi-tubulaires, à tubes inclinés, collecteurs verticaux, et gros réservoir cylindrique supérieur d'eau et de vapeur (Pl. 4, fig. 7 et 8). Cette combinaison donnait lieu à une dépense totale à forfait, tuyauterie comprise, de 392.000 francs, soit 653 francs par cheval-vapeur en eau montée, pour une consommation garantie de 1,030 de charbon par heure et par cheval 'consommation de vapeur des machines 8h,80 production de vapeur des chaudières 8,50 charbon pris pour type donnant 8 p. 100 de cendres et 20 p. 100 de produits volatils.

le

Les quatre machines ont été disposées en deux groupes placés symétriquement et bout à bout, de manière que les quatre volants occupent le milieu de la salle et que les pompes nourricières sont réunies deux par deux dans deux puisards d'aspiration d'assez faibles dimensions (Pl. 4, fig. 2, 3 et 4). Ces puisards, dont le radier est à la cote 24, tandis que le sol de la salle est à 36,50, ont exigé seuls des épuisements, ce qui a permis de réduire notablement la dépense prévue pour les fondations.

Quant aux chaudières, elles forment quatre groupes de deux générateurs accolés, dont deux sont placés sur la même ligne et les deux autres en regard, de sorte que les huit foyers sont desservis par un passage central (Pl. 4, fig. 2 et 4). Elles sont reliées aux cylindres moteurs par deux conduites de vapeur, munies de clapets de sûreté Labeyrie, reliées entre elles par un tuyau de

communication pourvu d'un robinet, et qui traversent en élévation le passage séparant les salles des machines et des chaudières.

Batiments. -Sauf les deux puisards, tout le bâtiment des machines, murs de pourtour et massifs de fondation, repose sur une plate-forme maçonnée soutenue par des pilotis battus dans un terrain vaseux d'assez faible consistance. Des murs fondés de même et reliés par des voûtes construites sur cintres en terre portent les chaudières et leurs carneaux. Quant à la cheminée en briques, de 35 mètres de hauteur et 1,60 de diamètre au sommet, elle a été fondée au moyen de quatre piliers descendus jusqu'au sol résistant et sur lesquels on a jeté une voûte d'arêtes.

Toutes les maçonneries jusqu'au niveau du sol ont été exécutées en meulière et mortier de ciment de Portland. En élévation, les bâtiments principaux, salles des machines et des chaudières, ont reçu une ossature en fer avec remplissage en briques de 0,40 d'épaisseur, composé de deux parements de 0,22 et 0,11 laissant entre eux un matelas d'air. Quelques fontes moulées et quelques terres cuites, une très petite quantité de pierres de taille et de briques vernissées, ont suffi d'ailleurs à l'ornementation des façades, percées de larges baies, et où l'on a surtout tiré parti de l'alternance des pièces. métalliques et des panneaux de briques de Bourgogne grises et rouges pour obtenir un coup d'oeil satisfaisant.

Prise d'eau. La conduite de prise d'eau a été disposée en siphon, comme à l'usine de Javel, ce qui a beaucoup diminué les dépenses en l'espèce, à cause de la largeur de la place qui sépare le quai de l'usine et où il eût fallu autrement construire un souterrain profond par voie d'épuisement dans un terrain détestable.

Partant de la prise d'eau proprement dite, placée au droit et à 20 mètres en amont de la seconde pile de rive

droite du pont d'Austerlitz et surmontée d'une patte d'oie semblable à celle d'Ivry, la conduite se compose d'abord d'un tuyau en tôle de 0,80 de diamètre, descendu dans une rigole creusée au fond du lit et maintenu par deux lignes de pieux reliées par des chapeaux et recouvertes de moellons; elle se relève dès qu'elle atteint le bas-port, et, pénétrant dans une galerie maçonnée, établie à sec au-dessus de la nappe souterraine entre le bas-port et l'usine, elle se prolonge par une conduite en fonte avec joints à bagues, séparée de la partie en tôle par un robinet-vanne; arrivée à l'usine, où elle présente un point haut, elle se divise en deux branches de 0,60 qui aboutissent respectivement au fond des deux puisards et sont munies chacune d'une vanne de fermeture (Pl. 4, fig. 9). L'amorçage s'obtient là encore par le moyen du remplissage de la partie comprise entre les vannes et le gros robinet à l'aide d'une communication avec les conduites de refoulement; il est maintenu grâce à des sucettes reliées aux pompes nourricières. Ces dispositions ont pleinement réussi et le fonctionnement a été absolument parfait.

Refoulement.

L'eau refoulée par les pompes gagne le petit réservoir de distribution, placé au pied de la butte Montmartre, par l'intermédiaire de deux conduites ascensionnelles de 0,60 de diamètre et 5.783 mètres de longueur (Pl. 4, fig. 10). Un jeu de robinets-vannes, établi dans le sous-sol de la salle des machines, permet de mettre à volonté l'une ou l'autre ou toutes deux en service et de les relier à telle ou telle pompe.

Accessoires. On retrouve à l'usine de Bercy la plupart des dispositions accessoires déjà signalées à Ivry, mais avec les modifications que comportent les circonstances plus ou moins différentes de l'installation.

En outre, on y a préparé l'installation ultérieure d'un transporteur de charbon, pour le montage mécanique du

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