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teur des douanes, et M. Wurtz, membre de l'Institut, une mission commerciale relative au régime technique et financier des marais salants de l'Ouest; enfin, il traita diverses questions relatives aux grandes voies de communication; et, notamment, on trouve aux Annales des ponts et chaussées de 1862 (2o semestre) un mémoire sur les chemins de fer envisagés au point de vue militaire, où se rencontrent des considérations pleines d'intérêt sur l'utilisation stratégique des chemins de fer en temps de guerre, considérations dont les tristes événements de 1870 ont justifié la valeur.

Cette même étude fut continuée par lui pendant sa retraite, et ses papiers renferment un second mémoire sur le même sujet, portant la date du 28 juin 1878. Il y analyse sommairement ce qu'ont fait les Américains pendant la guerre de sécession et les Allemands avant et pendant la guerre de 1870; il cherche le rôle que peuvent jouer les chemins de fer soit pour l'attaque, soit pour la défense d'un pays et pose les bases de l'organisation qu'il lui semblait utile de créer à ce moment au point de vue national. Ce mémoire ne fut pas publié, sans doute parce que le sujet était à l'ordre du jour dans les conseils du pays et que les diverses dispositions à prendre s'élaboraient dans le silence qui convient à ce genre de projets.

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Pendant cette même période de sa vie, nous le trouvons s'occupant de l'œuvre du Sauvetage des naufragés, dont il était l'un des fondateurs (Annales du Sauvetage, XII année, 3o fascicule); nous lui devons les notices nécrologiques de MM. les Inspecteurs Poirée et Cambuzat, dont il avait été le collaborateur et dont il était resté l'ami; il avait précédemment fourni celles de MM. Darcy et Kermaingant, ainsi qu'une note sur les travaux de M. le baron Ch. Dupin, dont il était devenu le compatriote, et auquel l'attachaient de vieilles et cordiales relations. Enfin, nous le trouvons activement mêlé aux œuvres

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de charité du VII arrondissement, continuant ainsi une habitude déjà bien ancienne, ainsi que le prouve une lettre de M. le maire d'Huningue, en date du 1er juin 1830, au moment où M. Charié quittait cette ville. Cette lettre dont il n'avait pas fait mention et qui a été retrouvée dans ses papiers est trop à son honneur pour que nous ne la reproduisions pas :

<«<< Monsieur,

<«< Huningue, 1er juin 1830.

« Votre départ est irrévocablement décidé, et vous serez le seul à ignorer tous les regrets qu'il doit nous causer. Permettez que je vienne vous parler des miens et qu'en qualité de maire de la commune, je vous témoigne la reconnaissance que nous vous devons sous tant de rapports différents.

<«< Vos nombreuses occupations ne vous ont jamais empêché de nous prêter votre assistance dans tous nos travaux d'utilité ou d'intérêt public, et principalement dans ceux relatifs au monument Abbatucci, où les plans et devis, comme leur exécution, tout a été de vous et tout vous appartient.

« C'est là ce dont nous vous sommes redevables comme Ingénieur, et quels touchants souvenirs ne nous laisserez-vous pas dans vos actions charitables aussi multipliées qu'elles étaient bien dirigées. Je ne peux pas en dire davantage à cet égard; et c'est déjà trop pour vous qui n'avez jamais fait le bien que pour le bien, et qui cherchiez toujours à cacher la main qui donnait le secours, jusqu'aux yeux des malheureux auxquels il était destiné.

« Emportez en partant, comme votre plus belle récompense, la conscience de votre admirable conduite parmi nous, et la certitude des sentiments de la plus profonde estime que vous portent les habitants d'Huningue, et, en

particulier, votre très humble et très obéissant serviteur, le maire d'Huningue ».

Un semblable témoignage, donné à un jeune homme de vingt-huit ans, après un court séjour de quatre ans dans un pays qui n'était pas le sien, accuse nettement les tendances de l'homme et fait comprendre comment les œuvres de bienfaisance devaient être et furent toujours un de ses plus chers soucis.

Mais ces diverses occupations ne suffisaient pas à l'activité de ce travailleur infatigable dont l'existence avait été consacrée à l'étude; et, depuis le moment de sa retraite jusqu'à sa fin, il s'efforça, dans ses moments de loisir, de creuser ces grands problèmes de philosophie, de morale et de religion, vers lesquels l'esprit se reporte nécessairement, à mesure que le terme de la vie s'approche. Profondément chrétien et religieux, catholique convaincu, il a laissé à sa famille des notes et souvenirs d'une grande profondeur de pensée dans lesquels on retrouve la conscience scrupuleuse, en même temps que la modestie touchante qui perçaient dans tous ses actes.

Enfin, M. Charié-Marsaines, qui avait beaucoup lu, beaucoup retenu, était un causeur toujours intéressant et un véritable littérateur. Son mérite, sous ce double rapport, n'a pu être apprécié que par ceux qui, comme nous, ont passé un certain temps dans son intimité; et ce n'est pas dans les Annales qu'il convient d'insister sur ce côté de sa vie. Nous nous bornerons à dire que sa famille possède de lui un certain nombre de pièces de vers où l'on trouve tantôt une gaîté délicate et d'un goût pur, tantôt les sentiments de religion et d'affection de famille -qui étaient le trait dominant de son caractère privé.

M. Charié Marsaines, à qui il avait été donné, en 1889, de célébrer la cinquantaine de son mariage, s'est éteint le 2 mars 1890, entouré de sa famille, dans les bras de l'épouse dévouée, dont la tendresse vigilante

avait prolongé sa vie jusqu'à l'âge de quatre-vingt-huit ans. Il lui laisse, ainsi qu'à ses enfants, avec le souvenir d'une vie sans reproche et d'une affection sans limite, un patrimoine d'honneur et de considération qui adoucira leurs regrets. Il laisse au Corps des Ponts et Chaussées dans lequel il a tenu une place brillante, la mémoire d'un ingénieur aussi consciencieux que distingué.

No 4

NOTICE

SUR LES TRAVAUX DE CONSTRUCTION

D'USINES ÉLÉVATOIRES ET DE RÉSERVOIRS

EXÉCUTÉS DE 1880 A 1889

POUR AMÉLIORER L'ALIMENTATION D'EAU A PARIS

Par M. BECHMANN, Ingénieur en Chef

des ponts et chaussées.

I. EXPOSÉ GÉNÉRAL.

La distribution d'eau à Paris est divisée, on le sait, en deux services entièrement distincts: l'un pour la voie publique, l'industrie, les cours, les écuries, les jardins; l'autre pour les habitations proprement dites; entre lesquels ont été réparties les ressources multiples d'une alimentation variée. Au service privé ont été réservées les eaux de source, Dhuis et Vanne, captées au loin, à l'abri de tout soupçon, pures, limpides, fraîches, amenées, par des aqueducs fermés, dans des réservoirs couverts, et conduites, sans voir le jour, sans possibilité de contamination, du point où elles émergent du sol jusqu'au robinet du consommateur. Au service public sont attribuées les eaux de la Seine et de la Marne, assez pures

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