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moins de 185 mètres de longueur jusqu'à l'accore du « Portra »>, mouillage intérieur abrité entre l'île d'Oléron et la pointe, où peut pénétrer le baliseur. Elle est arasée à la cote (+ 3,50), dominant le plateau d'un mètre ou 1 m. 50; elle est constituée en maçonnerie de blocage avec mortier de ciment au dosage de 500 kgs, et s'appuie en partie sur un ancien ouvrage à pierres sèches qui est renforcé par une risberme de o m. 60 d'épaisseur, ancrée elle-même de o m. 25 dans le rocher; on lui a donné une section trapézoïdale (fruit 1/5), un premier essai avec parements verticaux ayant entraîné des mécomptes.

Sur cette cale peut courir une voie Decauville de o m. 60, retenue avec de forts crampons et qu'il est prudent de démonter après chaque campagne, malgré le temps que prélève son rétablissement sur la durée globale du travail annuel.

Ces voies d'approche, peu sujettes à destruction à raison de leur cote basse et de leur faible saillie, doivent être équipées pour le déchargement des matériaux. Nous verrons, à propos de l'outillage, que les extrémités de cés cales sont généralement munies d'un mât pour la période de construction, facilitant la mise à terre des charges amenées par mer.

D'une manière générale, on installe ces engins de débarquement au lieu le plus proche du mouillage des embarcations ou chalands, sauf à les relier à la base de la tour par une voie où l'on puisse rouler les matériaux. Cette répartition des rôles peut se réaliser de manières aussi variées que les dispositions des lieux eux-mêmes.

C'est ainsi que, lors de la discussion de la reprise des travaux de la Petite Barge (118) sur la roche Nord de cet écueil, l'ingénieur des Sables-d'Olonne avait envisagé, en 1901, de débarquer sur la roche Sud, plus fréquemment accessible, puis de relier les deux roches par une passerelle volante évitant le fréquent délavage de la dépression qui les sépare; cette passerelle, pesant 150 kgs, devait retrouver des appuis préparés à demeure (voir fig. 1).

Les cales peuvent parfois être transformées en ouvrages d'abri, avec une protection en blocs, un parapet, etc. Tel est le cas

Ann. des P. et Ch., MÉMOIRES, 1924-I.

notamment à la Banche (114), aux Barges d'Olonne (117), à Cordouan (127).

Au Grand-Charpentier (112, entrée de la Loire), la jetée, qui recouvre une surélévation de la roche, a été orientée de manière à profiter du calme relatif produit par l'interférence des lames qui ont contourné le plateau de part et d'autre, en même temps que le massif du phare abrite l'accostage de la mer du Sud-Ouest.

Tous ces ouvrages de débarquement pourront être consentis avec un assez grand développement, de manière à multiplier les chances d'accostage ultérieur (1).

Ils devront être combinés de manière à ne pas former de saillies où s'engagent ultérieurement les embarcations (2).

On nivèlera ou l'on creusera un peu le rocher vers leur extrémité pour améliorer l'échouage; on y déterminera, s'il y a lieu, une partie accore, pour faciliter l'approche des embarcations, en le revêtant d'une cale (plutôt qu'en le taillant à la demande), car on ne rencontre pas toujours, comme à la Hague (13), un à pic « découpé comme un quai » au fond de l'anse d'accostage.

On ne peut prétendre d'ailleurs, ici, comme dans les autres chapitres, donner des règles limitées pour des cas indéfiniment divers.

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B. Autres ouvrages accessoires. A ces ouvrages de débarquement ne se bornent pas les constructions préliminaires souvent indispensables à de tels chantiers.

Comme nous l'avons indiqué, il est souvent utile de se défendre, par des barrages de fortune, du batillage de la mer (Jument de Penmarc'h, 77) ou de l'effet local des courants gênants pour la

(1) On sentira mieux l'importance d'une étude attentive de ces dist positions en se remémorant les pénibles situations où se trouvent souven les gardiens de phares en mer quand les périodes de ravitaillement s'es pacent pendant l'hiver la viande fraîche doit être consommée après trois ou quatre jours, le pain frais après 8 ou 10 jours; il ne reste plus ensuite que les vivres de réserve qui paraissent évidemment monotones quand, au lieu d'un ravitaillement tous les 10 ou 15 jours, on se trouve arrêté par la mer pendant 57 jours consécutifs, comme aux Pierres Noires (66, Finistère) en 1914-1915 (18 novembre-14 janvier) et qu'un gardien y demeure 86 jours de suite; les intervalles dépassant 20 jours s'y présentent deux à trois fois par hiver.

(2) Dans les parties hautes des superstructures, au contraire, les échelles pourront, par économie, ne pas être en retrait sur le parement.

tenue sur la roche. On aura, soit à dériver ou éloigner la branche de flot la plus gênante (Kingy, 54, fig. 5), soit à obstruer une dépression latérale ou transversale au chantier (Petite-Barge, 118) souvent comprise entre deux têtes de roches jumelles (voir plus haut, § III et fig. 1).

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Fig. 5.- Plan de la roche « Kingy » (54) (Dispositions prévues pour un barrage accessoire en vue de l'édification d'une tourelle.)

Aux Pierres-Vertes, on avait ainsi envisagé l'emploi d'un véritable caisson, dans le simple but de former une protection contre les courants qui s'opposent au balisage de ces roches.

Comme il s'agit de constructions non incorporées à la tour, on y emploie des matériaux de faible prix et les procédés hâtifs que nous passerons en revue pour les batardeaux véritables (1) ;

(1) A Men-Du (80, anse de Bénodet), on a employé les moellons provenant de la démolition du précédent ouvrage, qu'on a hourdés, sur om. 50 de hauteur, au ciment de Portland protégé par du ciment prompt.

ceux-ci peuvent jouer d'ailleurs, subsidiairement, un rôle analogue. Les uns et les autres, coffrages continus ou barrages partiel's, ne peuvent être élevés notablement au-dessus de leur point d'appui (0 m. 50 ou 1 m. au plus) sous peine d'être démolis par la mer. Un obstacle de faible saillie suffit d'ailleurs à atténuer un peu le jeu naturel des eaux et à gagner quelques quarts d'heure précieux au début ou à la fin du travail.

VII.

NETTOYAGE ET PRÉPARATION DE LA ROCHE.

Les écueils à baliser se présentent, généralement, recouverts d'une couche plus ou moins épaisse de végétation marine (1), qui complique les descentes sur la roche et dont l'enlèvement radical est indispensable pour réaliser l'adhérence d'un ouvrage. sur sa base.

C'est donc une des premières œuvres auxquelles on se consacre, si décevante ou vaine soit-elle, quand les accostages doivent être interrompus pendant longtemps.

Il conviendrait cependant de ne pas s'acharner, semble-t-il, à parfaire le nettoyage à vif de la roche avant le moment où l'on peut espérer aborder la fondation proprement dite; tandis que l'enlèvement des plus grosses formations sert pour une assez longue période, il faudrait recommencer maintes fois la dernière. partie du travail.

Au lieu de recourir péniblement aux seuls outils manuels, on use aujourd'hui largement des acides, qui agissent sur l'élément calcaire au moyen duquel la plante adhère fortement au rocher : acide sulfurique, acide chlorhydrique, acide azotique plus récemment, ou, mieux encore, on recourt alternativement à ces deux derniers en raison de leurs vertus différentes : l'acide chlorhydrique attaque bien les masses de goémon, du moins quand la roche émerge suffisamment ; moins actif pour les grosses végétations, l'acide azotique est plus énergique pour les petites mousses

(1) On rencontre parfois de véritables arbustes avec des tiges de 2 à 3 centimètres, pour lesquels on devra recourir à la faucille.

qui échapperaient au regard et qu'il colore en rouge, guidant ainsi le brossage. Il est recommandé de ne verser cet acide qu'en quittant la roche, pour éviter les désagréments résultant de ses

vapeurs.

La chaux vive a été également essayée, sans que des expériences comparatives effectuées à son sujet aient révélé qu'elle ajoute à l'action des précédents acides. Elle s'emploie plus fréquemment afin de réduire, pour la durée de chaque marée, le glissement des pieds sur la roche pendant les travaux préliminaires à la maçonnerie.

Naturellement, ces adjuvants chimiques ne peuvent que seconder les efforts mécaniques indispensables d'une forte équipe armée de brosses en fil d'acier (1), de balais de bouleau (usés et durs).

On confie même ce soin matériel à la mer, en lui abandonnant des bouts de chaînes libres fixés, mais non tendus, entre quelques premiers scellements; leur ragage incessant a raison des plus grosses végétations.

Pour les roches qui ne découvrent pas suffisamment (2), ou celles qu'on ne craint pas de désagréger par des chocs trop violents, on va jusqu'à recourir à des demi-cartouches (50 gr.) de cheddite, fixées sur la roche, qu'on fait détoner sous une couche d'eau modérée (afin d'obtenir un bourrage efficace, sans étonner l'écueil).

Ce dernier procédé met la roche parfaitement à nu, la débarrassant de sa surface souvent en décomposition, ou altérée par des concrétions calcaires adventives (d'origine animale ou végétale). C'est une précaution qu'il faudrait toujours prendre, par des moyens souvent moins brutaux (marteau, pioche de maçon, barre ou fleuret à taillant employé à la façon d'un pilon).

Indépendamment de ce rafraîchissement de la surface par piquage, il faut se rendre compte si elle n'est pas trop lisse pour

(1) On a été satisfait, à la consolidation du phare de la Jument d'Ouessant (58), vers la fin de la guerre, de l'emploi de brosses métalliques américaines.

(2) On a cependant brisé des bonbonnes d'acide chlorhydrique sur des roches entièrement sous-marines.

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