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DES

ANNALES DES PONTS ET CHAUSSÉES

AVIS

Les manuscrits présentés pour l'insertion dans les Annales sont soumis à l'examen d'une Commission dite Commission des Annales des Ponts et Chaussées qui se réunit à l'École nationale des Ponts et Chaussées, 28, rue des Saints-Pères.

Membres de la Commission:

M. LE GRAIN, Inspecteur général, Directeur de l'École Nationale des Ponts et Chaussées, Président.

M. PIGEAUD, Inspecteur général, Sous-Directeur de l'École Nationale des Ponts et Chaussées, Secrétaire.

M. THERON, Ingénieur en chef, Secrétaire adjoint.

MM. LORIEUX, Inspecteur général, Directeur du Personnel et de la Comptabilité. WATIER, Ingénieur en chef, Directeur des Voies navigables et des Ports maritimes. DU CASTEL, Ingénieur en chef, Directeur général des Chemins de fer. - ARBELOT, Ingénieur en chef, Directeur des Forces hydrauliques et des Distributions d'énergie électrique. - GUILLAUME, Ingénieur en chef, Directeur des Mines.

MM. BIENVENUE; DE VOLONTAT; BOUTTEVILLE; FONTANBILLES; DUsuzeau; Mussat; Delure; Le Cornec; TUR; SILVAIN-DREYFUS; DE LA BROSSE; BRESSE; MONNET; LELOUTRE; BABIN; VOISIN, Inspecteurs généraux de 1re classe. ADER, Ingénieur en chef, Secrétaire du Conseil général des Ponts et Chaussées.

MM. COLSON; GODARD; BLONDEL.; DESCUBES; LOCHERER; MESNAGER; D'OCAGNE; MOURET; VIDAL; LAROCHE; LE GAVRIAN; MARLIO; EYDOUX; Maillet; Ourson; AURIC, Professeurs à l'École nationale des Ponts et Chaussées.

M. Jean PRADELLE, Bibliothécaire, fait fonctions de Secrétaire de la Rédaction des Annales.

NOTA: La Commission des Annales des Ponts et Chaussées n'est en aucune façon responsable des opinions émises et des théories développées par les auteurs; elle ne s'immisce pas dans les questions de priorité.

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Le personnel que l'on peut occuper sur de tels chantiers est nécessairement très restreint ; il faut éviter les gênes mutuelles (1), mais on n'hésitera pas cependant, dans les mois vraiment favorables, à réunir simultanément le maximum d'efforts efficaces.

Cette tactique implique le petit problème de savoir reconstituer, ou compléter, puis disperser un chantier à point pour éviter à la fois des pertes de temps, des fausses manœuvres par inexpérience des exécutants, ou le poids mort de frais généraux considérables pendant les longs mois d'hiver. Il n'y a pas de règle invariable à cet égard; on agit selon la nature du personnel utilisé (gardiens de phare à terre, comme dans les Côtes-du-Nord, personnel des vapeurs du Service, marins-pêcheurs, ouvriers du continent, ailleurs), selon les chances qu'on a de retrouver ses hommes après des occupations saisonnières. Souvent, on est amené à conserver un noyau fidèle, qu'on occupe au mieux pendant la mauvaise saison à de menus travaux dans les autres établissements du Service (phares - en dehors des peintures, bien parcs de balisage pour la remise en état des bouées,

entendu,

(1) C'est ainsi qu'à Rochebonne (119) même, on n'a pas cru possible de faire travailler simultanément deux scaphandriers sur le massif sousmarin de 15 mètres, à cause des risques de confusion à redouter entre leurs suspensions et conduites.

Ann, des P. et Ch., MÉMOIRES, 1924-III.

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confection d'outillage pour la reprise des opérations à la mer au printemps, petits ports, etc...).

Le nombre total des hommes relevant d'un même chantier dépend beaucoup du perfectionnement et de l'importance du matériel naval qu'on y attache. Là où un canot sera monté par cinq hommes [Basse Rouge (83)-Glénans]; un vapeur, avec ses annexes, immobilisera un important équipage, si le port de base est éloigné. Toutefois, il est généralement admis, en pareil cas, que tout ce personnel auxiliaire est astreint au travail, en dehors du petit noyau réglementairement commis à la surveillance des unités au mouillage et des avatars qui peuvent les atteindre (le capitaine lui-même fait souvent fonctions de chef de chantier). Et ce n'est pas parmi ce personnel, dont la navigation est plus particulièrement la profession propre, que nous trouvons le moins de dévouement et d'attachement à des travaux où ces sentiments sont un des gages du succès.

L'importance des équipes croît évidemment aussi avec la cote du chantier; les premières opérations de préparation, de nettoyage de la roche, de forage pour scellements d'armatures comportent moins d'hommes que le bétonnage, dès que celui-ci peut s'effectuer à pleine section.

Au début même de chaque campagne, les premiers travaux de nettoyage inévitables peuvent s'accommoder d'un personnel encore réduit, qu'il n'y a pas intérêt à augmenter avant que l'accalmie estivale se soit mieux affirmée.

C'est ainsi qu'aux Bluiniers (82, archipel des Glénans), à Roche-Gautier (27, Côtes-du-Nord), etc..., nous comptons huit travailleurs pendant la période des forages, et ce chiffre sera généralement suffisant.

Par contre, pendant les périodes où l'on maçonne, on voit l'équipe s'accroître de plusieurs unités.

Les 4 marins et les 4 manoeuvres des Bluiniers (82) se grossissent alors de 2 manœuvres (de 6 pour mâter la balise métallique, du 22 au 26 septembre 1910).

Les 5 marins et les 10 manoeuvres de Basse Rouge (83) s'adjoignent 1 marin, I manœuvre et I surveillant.

Mais le chiffre des travailleurs effectifs ne doit guère dépasser 16 pendant le bétonnage intensif, comme aux Birvideaux (97) (1) pendant le remplissage d'un casier, à Barnouic (dont 9 hommes. pour les manutentions, empruntés presque tous aux équipes des bateaux, au parc de balisage, aux gardiens de phare au repos); à la Jument de Penmarc'h (77), d'une base plus restreinte, nous n'en comptons que 14 (4 marins, 3 maçons, 7 manoeuvres).

Il faut arriver aux dimensions des phares gardés pour dépasser ces effectifs : nous trouvons alors probablement le record à la Pierre de Herpin (19, au large de Cancale), avec 41 hommes durant la pleine marche du chantier; mais on doit tenir compte des moyens de déchargement utilisés à l'époque (1876-1881, absence de tous treuils mécaniques) qui absorbaient 18 hommes où 3 peut-être eussent suffi, et déduire 3 hommes de veille sur le matériel naval (2).

A noter également qu'on trouvait alors de véritables maçons professionnels (8 à 9) pour partager une existence à laquelle les marins et pêcheurs se soumettent mieux, et à laquelle la crise moderne du recrutement des maçons n'assurerait plus de volontaires. C'est là une des origines et l'un des avantages de la substitution, presque exclusive actuellement, du béton ou de ses dérivés à la maçonnerie proprement dite.

Le développement de l'outillage mécanique avait permis, aut contraire, sur le chantier cependant plus inaccessible de Rochebonne (119), de limiter à 27 hommes l'effectif de cette importante entreprise, arrêtée, il est vrai, à ses débuts. Nous en donnons, à

(1) Dans la cale de la gabare:

2 hommes ouvrent les sacs,

4 hommes en versent le contenu dans la bétonnière.

Sur le pont:

4 hommes manoeuvrent le treuil,

I homme guide la bétonnière,

I scaphandrier est au repos,

4 hommes manoeuvrent la pompe à tour de rôle.

Au fond, le scaphandrier reçoit et vide la bétonnière C.F. Rochebonne (119), page suivante].

(2) Les mêmes dispositions doivent expliquer qu'on ait employé 27 personnes à la Foraine (14, Passage de la Déroute) il y a 35 ans, à un moment où la main-d'œuvre, il est vrai, était peu onéreuse.

titre d'indication, le détail en note (1). Une telle équipe pouvait couler 30 tonnes de béton au cours d'une belle journée. Les scaphandriers ne plongeaient pas plus de trois heures chacun.

On améliorait évidemment beaucoup le rendement en logeant ces hommes sur le ponton de Rochebonne (ancien feu flottant du même nom), mouillé sur place; c'était même strictement indispensable pour un travail continu poursuivi à 55 milles de La Rochelle.

Cette pratique était reproduite des exemples anciens des Héaux de Bréhat [(29), 1836-1839], des Barges-d'Olonne [(117), 18571861], des Grands-Cardinaux [(106), 1877-1879], de la Vieille [(73), 1882], où l'on saisit de bonne heure l'intérêt d'activer, par un travail ininterrompu, la marche des chantiers importants que devaient représenter ces phares gardés.

On profita aux Héaux, de l'existence de deux aiguilles rocheuses voisines du phare, sur le même plateau, pour les coiffer d'une baraque (9 m. de côté, à 4 m. au-dessus des hautes mers) (2); aux Grands Cardinaux, des chambres inférieures de la tour convenablement recouvertes de prélarts; à la Vieille, de l'élévation du rocher dans une anfractuosité duquel on put construire un abri maçonné pour le personnel, avec ses outils, et l'y abandonner pendant l'exécution des travaux préliminaires (3) en dehors des périodes de gros temps.

(1) Ces hommes étaient attachés à raison de 11 au ponton, de 6 au vapeur, de 6 sur chacune des gabares.

3 de ces derniers étaient, en principe, occupés, à La Rochelle, au chargement de la gabare à terre, 2, plus le capitaine, restaient sur le vapeur et 2 sur le ponton pour les manoeuvres éventuelles et la sécurité de ces chantiers flottants.

4 scaphandriers (dont 3 au repos et 1 sur le fond en travail permanent), 2 hommes pour la pompe à air,

2 hommes approchant les sacs dans la gabare,

2 hommes les montant sur le pont,

2 hommes les ouvrant et en versant le contenu dans les bétonnières,

2 hommes tenant les bétonnières ouvertes, les fermant au moment voulu et les accrochant au palan,

4 hommes manoeuvrant le palan de descente,

i homme guidant les bétonnières à la demande du scaphandrier. (2) Les ouvriers se rendaient à terre un jour par mois, ce qui paraissait suffisant à l'époque.

(3) Plus tard, on ne put les alimenter suffisamment en matériaux qui auraient été enlevés par la mer.

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