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faible hauteur à bloquer. On élongea de gros rails horizontaux d'un mètre, dans les consoles et dans les soupiraux, pour armer la risberme. Celle-ci fut exécutée par tronçons de 3 mètres, après un bon nettoyage de la roche et des métaux enrobés.

Rails

Gaine

N

Console

Cajoson's

3m

Fig. 27. — Calage complémentaire du caisson de « Chanchardon » (122).

On profita, pour ce travail, de très belles périodes, afin de réduire les chances d'ébranler le mortier frais sous de faibles oscillations du caisson. (La plus grande partie fut effectuée en août 1916.)

On termina par de copieuses injections de ciment (à la pression de 4 kg. 5) que permettaient de nouveaux tubes de 4 centimètres noyés dans la base de la risberme et rayonnant depuis la tranche du couteau.

On eut la satisfaction de constater, en accostant notamment le

21 mai 1919, par une forte houle, marnant de 4 mètres sur le caisson, que celui-ci n'éprouvait plus aucun mouvement.

L'ensemble de ces menus travaux de consolidation, assez élémentaires sur terre ferme, ne laissait pas que de revêtir un caractère assez scabreux dans les circonstances où ils devaient être réalisés, presque exclusivement au scaphandre (1), avec la condition d'une belle et longue période de beau temps.

Ces avatars localisent, en tous cas, très nettement la difficulté principale de la solution par caissons perdus dans leur liaison avec la roche.

Comme on n'osera pas, en général, recourir à l'air comprimé sur un chantier isolé en mer, sauf en des points suffisamment abrités où tous autres procédés sont recevables, on devra grandement réfléchir à la complexité toute particulière de cette liaison.

Sans revenir sur les réflexions nées de l'essai de Rochebonne (119), la nouvelle application de Chanchardon (122) enseigne, en sus, la difficulté d'un parfait remplissage de la chambre de travail, ce qui n'étonnera pas ceux qui ont pratiqué les fondations à l'air comprimé ; or, ce bourrage est plus essentiel pour un ouvrage simplement posé sur la roche (on parviendrait peut-être à ficher de quelques armatures la surface de fondation) que pour des blocs quelque peu contre-butés par du terrain naturel en place. Les exécutants de Chanchardon ont signalé en outre et le lecteur l'a déjà deviné l'intérêt d'un bon arasement préalable

du fond rocheux.

Subsidiairement, ils ont reconnu qu'on gagnerait également du temps, en dépit des apparences (si toutefois la nécessité de profiter d'une campagne déterminée ne s'y oppose pas), avec un nettoyage préalable de la roche avant la mise en place du caisson,

(1) Nous extrayons les lignes suivantes, comme assez suggestives, d'un compte rendu périodique de chantier (29 juillet 1915):

«Tailler le rocher au burin, en aveugle, dans une position fort gênante, la tête plus basse que les jambes, ce qui obligeait le scaphandrier à se redresser à chaque instant pour l'évacuation de son air, bousculé alternativement dans chaque sens par la lame de fond, dans un amas de ferraille, de fils d'acier, de moellons roulants accumulés dans cette partie... n'est pas besogne facile. >>

le travail du scaphandrier étant difficile et plus inefficace par la chambre de travail; de même, n'omettrait-on évidemment pas de réserver un système de vannage à demeure pour les soupiraux du caisson.

Il ne se dégage pas moins de ce trop long récit, par son caractère même de particularité, que ce procédé de fondation est quelque peu exceptionnel et qu'on n'y recourra pas fréquemment, hormis de rares cas d'espèce, dans la pratique courante de nos travaux de balisage.

Mais il autorise aussi des réflexions plus consolantes, quand on voit la fécondité ingénieuse des conducteurs de chantier réussir le plus souvent à corriger, à mesure qu'elles renaissent, les conséquences successives des difficultés imprévues.

(A suivre.)

N° 3

Observations sur la durée d'amortissement

DES EMPRUNTS

à contracter par les collectivités

ET DES CONCESSIONS A DONNER PAR ELLES

Par M. DENIZET,

Inspecteur général honoraire des Ponts et Chaussées.

On a vécu longtemps sur cette idée qu'il y avait un grand intérêt pour les collectivités à obtenir une longue durée d'amortissement des emprunts qu'elles avaient à contracter. Le taux de l'annuité de remboursement décroissait en effet rapidement avec cette durée et diminuait ainsi notablement la charge annuelle qui pesait sur les membres de la collectivité. Mais ce qui était vrai avec les taux faibles d'intérêt de jadis devient complètement faux avec les taux d'intérêt élevé d'aujourd'hui, et il y a maintenant au contraire avantage à raccourcir le plus possible la durée de l'amortissement. C'est ce que met en évidence le tableau ci-dessous qui donne pour les taux d'intérêt de 3, 6 et 9 p. 100 et pour des durées de 30, 45 et 60 ans, d'une part, le taux de l'annuité de remboursement, d'autre part, le montant total de ces annuités, c'est-à-dire la somme totale réellement remboursée comparée à la somme empruntée.

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On voit qu'avec le taux de 3 p. 100, taux ancien des emprunts de l'État, l'annuité de remboursement, quand on passait de 30 à 60 années, descendait de 5,10 à 3,61 p. 100, c'est-àdire dans le rapport de 1 à 0,71, tandis que le montant total des annuités, c'est-à-dire la somme totale rembonrsée comparée à la somme empruntée, ne s'élevait que dans le rapport de 1 à 1,415.

Avec le taux de 6 p. 100, qui est celui des emprunts actuels de l'État, les annuités de remboursement pour les mêmes durées d'amortissement varient de 7,26 à 6,19 p. 100, c'est-à-dire seulement dans le rapport de 1 à 0,852, alors que la somme totale remboursée varie de 2,18 à 3,71 fois la somme empruntée, s'élevant par conséquent dans la proportion de 1 à 1,70.

Enfin, avec le taux de 9 p. 100, qui est à peu près celui auquel prêtent les banques, le taux de l'annuité de remboursement, pour les mêmes durées d'amortissement, varie seulement de 9,73 à 9,05 p. 100, soit dans le rapport de 1 à 0,93, alors que le montant total des remboursements passe de 2,92 à 5,43 fois la somme empruntée, s'élevant ainsi dans le rapport de 1 à 1,86.

Ces résultats se passent de commentaires et suffiraient pour justifier la conclusion que j'ai indiquée au début de cette note. Mais une autre considération très importante vient à l'appui de cette conclusion. Nous sommes dans une période d'inflation de la monnaie, inflation qui a été nécessitée par les besoins de la guerre, mais qui n'en est pas moins un mal par les bouleversements qu'elle a apportés dans les fortunes des particuliers et dans la situation respective des différentes classes de la société ainsi que par la précarité qu'elle entretient fatalement dans la situation économique de notre pays. Ce n'est que par une illusion étrange que certaines personnes voient dans l'inflation un bien et dans la déflation un mal. La vérité est que les effets fâcheux de l'inflation ont mis et que les effets heureux de la déflation mettront beaucoup de temps pour se faire sentir entièrement, et que la physionomie vraie du phénomène est ainsi masquée aux esprits peu clairvoyants. D'ailleurs nous n'avons pas le moyen pour le moment de faire de la déflation, mais les circonstances

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