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"les exhortations qu'on nous fait, que cette divine semence est jettée dans notre cœur: mais pour qu'elle y puisse germer et produire quelque fruit, il est nécessaire que "cette terre soit échauffée par la grace de Jésus-Christ, qui est le vrai soleil de justice.

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"Si nous opposons des obtacles aux ardeurs de ce * divin soleil, la semence demeurera certainement inutile "et sans fruit. Or nos vices at nos passions sont souvent, pour ce divin soleil, des obtacles impénétra

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❝bles.

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"Les uns y opposent comme une muraille baute et AL épaise, que la lumière, ni la chaleur ne pénètrent jamais: ce sont ceux qui refusent d'entendre, où de lire la "parole de Dieu; ou qui ne l'entendent jamais que par routine, et sans y faire attention.

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"D'autres entendent la divine parole, et y réfléchis66 sent quelquefois : mais comme ils conservent de fortes "attaches à mille bagatelles, qui partagent, et occupent presque continuellement leur cœur et leur esprit ; c'est comme si dans le mur dont nous venons de parler'; il y "avoit, à la vérité, quelques fenêtres ou ouvertures : "mais qui seroient fermées, comme avec des contrevents, "qu'on n'ouvriroit que rarement, et qui arrêtant ainsi "toute l'ardeur du soleil, feroient que la terre ne pourroit encore rien produire.

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"D'autres plus fidèles, mais encore bien imparfaits, " écoutent et méditent la divine parole: mais c'est à " travers de plusieurs imperfectiens, dont ils ne font aucun compte, et qu'ils se mettent peu en peine de corri66 ger. Ceux-là ont ôté les contrevents des fenêtres de "leur mur; mais ils y ont substitué des vitres et des "chassis, à travers des quels la chaleur et la lumière "pénètrent à la vérité, mais dont l'impression est bien "foible: ensorte que la semence ne peut produire qu'à peine des fleurs sans éclat, et des fruits sans goût et

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sans saveur.

"Mais ôtez tous ces différens obstacles: jettez la semence dans un cœur entièrement libre et dégagé, ou"vert aux influences du soleil de justice, et vous verrez bientôt naître en abondance, de cette semence, des fleurs vives, agréables et de bonne odeur, qui porteront

"leur fruit dans leur temps, et feront voir qu'on a profité "de la parole de Dieu."

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18°. Sur les Maladies et les Infirmités. "La maladie "est un temps de grace et de bénédiction, lorsqu'on y est bien préparé. C'est un temps de récolte pour l'éternité, qui nous fournit l'occasion de travailler pour “nous-mêmes, ou plutôt pour Jésus-Christ, en nous tenant étroitement attachées à sa voix, et soumises à 66 sa divine volonté. C'est un sacrifice continuel, par "les douleurs, les mortifications, et les ennuis, qui en sont inséparables.

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"Mais aussi c'est un temps extrêmement dangereux ; et quelquefois, le diable qui n'a pu nous vaincre, pendant "le temps de la vie et de la santé, renouvelle ses ruses et ses fureurs, pour nous perdre dans les foiblesses de "la maladie; et surtout lorsqu'il est question de nous préparer à la mort. Il cherche au moins, à nous entre"tenir dans nos imperfections, et à nous faire perdre le "fruit de nos souffrances.

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"C'est succomber à ses pièges, que de chercher la "santé avec trop d'empressement; d'affecter des délicatesses dans sa nouriture, ou des singularités dans "les Médecins, ou dans les remèdes; de témoigner du "mécontentemeut aux personnes qui nous servent; de "l'impatience dans nos douleurs; de l'ennai ou dégoût "dans la longeur de nos épreuves; et tant d'autres foi"blesses auxquelles les personnes immortifiées sont su"jettes dans leurs maladies."

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19°. Sur l'Humilité. "Il est bon pour nous entrete"nir dans l'humilité,de réfléchir souvent sur les grandeurs et sur les abaissemens de la très Ste. Vierge. Elle "étoit par ses privilèges et par ses vertus, infiniment "élevée au dessus de tous les autres créatures; et bien "loin de se préférer à aucune, elle se regarda toujours comme la dernière de toutes.

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"Nous sommes donc bien aveugles et bien coupables, lorsque nous osons nous préférer à qui que ce soit, ou "nous éncrgueillir de nos petits talents, soit d'esprit ou de "science; soit de force ou d'adresse; soit en quelque "autre chose que ce puisse être. Car fouvent ce n'est

que notre amour propre qui nous trompe; et nous ne

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sommes rien moins que ce que nous pensons être : mafs "cussions-nous reçu en effet de Dieu quelques talens su"périeurs, ce n'est jamais que de lui que nous les avons

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reçus, et nous n'en sommes que plus obligées à lui en "faire hommage, et à nous humilier d'avantage, et de "notre orgueil, et du peu de profit que nous tirons de ses "bienfaits; demeurant bien persuadées que souvent, ceux

qui paroissent les moins avantagés au dehors, sont inté "rieurement les plus agréables à Dieu: et que souvent "aussi, pour nous châtier de notre élévation, et nous "punir de notre amour propre, il nous retranche tout à fait les avantages dont nous prétendions nourir notre "vanité."

ARTICLE 3e.

Des Vertus de la Sœur Bourgeois.

Toutes ces vues et ces grands sentimens que la Sœur Bourgeois nous a laissées par écrit,et dont nous venons de faire le détail, n'étoient pas de simples productions de son imagination; mais ils étoient bien plutôt des expressions fidèles de ses affections et des mouvemens de son cœur, qu'elle réalisoit constamment dans toute sa conduite, par la pratique des plus sublimes vertus. Nous devons les retracer ici dans un plus grand détail, telles qu'on a pu les remarquer dans tout le cours de sa vie.

Il n'est point en effet de sorte de vertus dans lesquelles elle n'ait excellé; et pour en donner une idée plus distincte, il faut réduire à trois classes celles dont nous avons à parler; car s'il falloit les parcourir toutes en particu lier, nous ne finirions jamais.

Parmi celles qui l'ont particulièrement caractérisée, les unes regardent immédiatement Dieu; ce sont les trois vertus Théologales de Foi, d'Espérance et de Charité : les autres out un rapport particulier au culte de Dieu, et à la manière la plus parfaite de l'honorer; ce sont les vertus Religieuses: parmi celles-ci, la Religion même tient, le premier rang, et elle s'exerce principalement par les engagemens ordinaires des personnes Religieuses, ou spécialement consacrées au service de Dieu, qui toutes se font un devoir indispensable d'honorer Dieu par les

pratiques de la pauvreté, de la chasteté, et de l'obéissance. Les Sœurs de la Congrégation y ajoutent ce qu'il y a de plus sublime et de plus parfait dans la Religion; le zèle du salut des âmes, renfermé dans l'engagement qu'elles contractent d'instruire selon leur état, les personnes de leur sexe, soit immédiatement, dans les écoles et dans les Missions; soit en contribuant, selon l'obéissance, à la perfection de la bonne œuvre, tant par l'édification qu'elles doivent au public, que par la fidélité à leurs emplois domestiques. Enfin le troisième ordre de vertus, dans lesquelles la Sœur Bourgeois a excellé, et que nous avons à décrire, ce sont ses vertus morales. Le détail en seroit immense; nous nous bornerons à sa mortification, ou amour pour les souffrances; et à son huinilité. C'est ce qu'on va voir bien sensiblement, dans trois paragraphes différens. Le premier sera de ses vertus Théologales; le second de ses vertus Religieuses, et le troisième de ses vertus Morales.

PARAGRAPHE ler.

Sur les Vertus Theologales de la Soeur Bourgeois.

1o. Sa Foi. La Foi est un don de Dieu purement intellectuel, et dont on ne peut bien juger que par les euvres. Il falloit que cette vertu fût bien grande en elle, lorsqu'elle osa imiter le fidèle Abraham, le père des croyans le modèle de tous les vrais Apôtres, qui quittent parents, biens, amis, patrie, pour aller, lorsqu'il le faut, dans les pays les plus éloignés et les plus inconnus, sous le seul garent de la parole de Dieu, et dans la confiance en ses divines promesses.

Ainsi la Sœur Bourgeois commença par donner dès sa plus tendre jeunesse, des preuves éclatantes de la vivacité de sa foi, par une vie innocente, passée dans les pratiques de la plus solide piété, qui lui avoit déjà mé rité les faveurs les plus singulières de Jésus et de Marie, en plusienrs apparitions sensibles, dont nous avons parlé en son lieu. Mais elle n'eut pas plutôt entrevu les pre-. mières marques de la volonté de Dieu, et une partie des grands desseins de providence qu'il avoit sur elle, qu'elle

n'hésita pas un moment à tout quitter pour suivre aveuglément l'attrait de la grace qui brilloit à ses yeux.

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C'est par la foi qu'elle soutint d'abord les grandes épreu ves par lesquelles il plut au Seigneur de la faire passer, dans les refus quelle eut à essuyer au sujet de sa vocation. C'est par la foi, que sans avoir encore d'état fixe et assuré dans le monde, elle voulut se consacrer à Dieu par le vœu de virginité comme nous l'avons vu en la seconde partie, et comme nous le dirons encore ailleurs, au sujet de sa chasteté. C'est par la foi qu'ayant eu des lumières suffisantes, que Dieu l'appelloit en Canada, au lieu de chercher à faire des provisions temporelles pour ce grand voyage, elle ne voulut s'y préparer, que par un renoucement effectif à tous ses biens, et à toutes les prétentions qu'elle pouvoit avoir dans le monde, et par un dépouillement de toutes choses, entier et sans retour. C'est par la foi qu'elle supporta les fatigues et les humiliations des longs et fréquens voyages qu'elle entreprit pour la gloire de Dieu.. C'est par la foi qu'elle s'exerça constamment dans la pratique des plus sublimes vertus ; qu'elle faisoit ses délices de loger dans des étables, à l'imitation de Jesus enfant et de a très Ste. Mère; qu'elle surnaturalisoit si parfaitement toutes ses vues et toutes ses actions, sur le modèle et en l'honneur de la très Ste. Vierge. C'est par la foi qu'elle supporta tant de peines intérieures et extérieures, dont nous avons vu qu'elle fut souvent et longtemps affligée. Enfin c'est par la foi qu'elle forma les établissemens les plus admirables et les plus édifiants, qui subsistent encore aujourd'hui, et qui continuent à faire l'honneur de la Religion, le bonheur des peuples, toute la gloire de ses filles et leur plus grande consolation.

2°. Son Espérance. "L'espérance chrétienne, ou la confiance en Dieu, a deux objets : l'un regarde le temporel et nos besoins sensibles ; et l'autre regarde nos besoins spirituels et le salut de nos ames. Nous devons attendre de Dieu, comme source de tous biens, l'un et l'autre de ces secours avec une égale confiance: mais qu'il est rare et difficile, de trouver quelque chose de comparable aux sentimens de la Soeur Bourgeois, à ce double égard!

Car premièrement, quant au temporel; on sait qu'elle ne s'embarassa jamais, le moins du monde, pour ce qui

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