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L'effet de la transmission des poussées à grande profondeur par la tourbe s'est fait sentir à un degré beaucoup moindre sur un autre ouvrage de la même ligne, un passage inférieur de 6 mètres en plein cintre.

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Les deux culées qui mesurent 2m,80 d'épaisseur ont été descendues à l'air libre à travers une couche de terre végétale sur 1,50 environ de hauteur, puis à travers la tourbe franche, jusqu'à une profondeur totale dépassant 5 mètres, elles ont été fondées sur une couche de gravier très résistant. Au décintrement, aucun tassement appréciable ne s'est produit. Puis on a exécuté le remblai haut de 7,17, en s'entourant des précautions d'usage, chemise de pierres sèches, pilonnage des terres autour des culées, chargement égal des culées par couches successives de remblai, etc... Les terres composant le remblai étaient de nature sablonneuse; les conditions d'exécution de l'ouvrage avaient donc été aussi favorables que possible. Cependant plusieurs semaines après son achèvement, on a constaté (fig. 2), une légère ouververture des joints horizontaux des culées aux abords des naissances, résultant sans doute d'un commencement de déversement des culées vers l'intérieur de l'ouvrage sous l'effet des poussées du remblai transmises par la tourbe et sous l'effet du gonflement en arrière Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES.

1905-2.

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des culées des terres argileuses et tourbeuses détrempées par d'abondantes pluies. On a pu aisément arrêter le mouvement en reliant les culées par deux éperons maçonnés en forme de voûtes très surbaissées surmontées d'une plate-bande (croquis ci-contre).

A défaut de radier général, cette dernière précaution paraît utile à prendre dans tous les ouvrages, même de peu d'importance, dont les culées sont descendues à travers un terrain très compressible. Il convient, sans doute aussi pour le calcul des épaisseurs des culées, de prendre comme sommet du prisme de plus grande poussée un point sensiblement voisin de la cote des fondations de l'ouvrage.

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En dehors du pont de 12 mètres rappelé ci-dessus, nous avons eu sur la même ligne un autre exemple frappant des difficultés. résultant de l'implantation d'un ouvrage au pied d'un coteau.

Un pont biais en maçonnerie de deux arches de 7 mètres d'ouverture (fig. 3), a été construit pour livrer passage d'une part à la rivière de Juine, d'autre part à un chemin vicinal: il a été fondé à l'air libre; une des culées et la pile ont été descendues à 5,50 environ de profondeur à travers la tourbe; la fouille de l'autre culée, profonde de 2,40 seulement, a été ouverte dans le sablon. L'exécution de la première culée et de la pile ont donné lieu à de sérieuses difficultés.

On eut d'abord à lutter contre une quantité d'eau considérable jaillissant du pied du coteau, et dès qu'on atteignit le niveau du

sablon, celui-ci, d'une ténuité extrême, fut entraîné avec l'eau par les puissantes pompes qu'il avait fallu mettre en batterie. Le soussol devint de plus en plus mouvant; des vides se produisirent en même temps derrière les boisages dont la stabilité fut maintes fois compromise.

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Vainement essaya-t-on de régler la fouille dans toute son étendue et de la mettre à sec pour maçonner. On procéda alors par sections de 4 mètres de longueur; on laissa dans le fond de la fouille une nappe d'eau de 0,10 à 0,15 de hauteur et on rangea à la main de gros moellons fortement coincés les uns contre les autres et sur lesquels on répandit une couche de 0,10 d'épaisseur 'de ciment de Vassy à prise rapide; on constitua ainsi une première assise parfaitement étanche sur laquelle on put maçonner à sec: on procéda de même de proche en proche sans jamais constater le moindre suintement des eaux dans la maçonnerie, ni le moindre tassement dans l'ouvrage.

Un mur de soutènement était prévu dans la rivière en amont et en aval du pont pour buter le remblai sur lequel est établie la déviation du chemin vicinal.

En raison des difficultés de fondations rappelées ci-dessus, on décida de fonder le mur sur des puits en maçonnerie reliés par des voûtes (fig. 3).

La fouille du premier puits était descendue à 3 mètres en contrebas de la voûte, lorsque la sous-pression exercée par les eaux

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de

souleva la couche tourbe de 0,80 d'épais

seur environ qui recou

vrait encore le sablon. On ne chercha plus à

se rendre maître des eaux par crainte des entraînements de sa

blon qui n'auraient pas manqué de se produire et des affouillements qui auraient pu en résulter sous la pile et les culées. On eut alors recours à l'emploi de cuves cylindriques en tôle d'acier de 5 millimètres mesurant intérieurement 2 mètres, diamètre des puits projetés et qu'on descendit par havage en exerçant sur elles une pression au

moyen de leviers et en draguant à l'intérieur avec une cuiller en spirale mue à la main.

Ce procédé a parfaitement réussi pour la descente de ce cuve

lage à travers les couches molles de terrain; mais, avec l'outillage forcément sommaire

dont on s'était muni,

vu le peu d'importance

du travail à exécuter, on n'est pas parvenu à obtenir la pénétration des puits dans le sablon, qui, lorsqu'il est en place, constitue un terrain extrêmement résistant.

Malgré cela, ce système de fondations a rempli son but, grâce, il est vrai, à la substitution d'un perré incliné au mur prévu, en vue de diminuer la charge.

Les travaux ont été exécutés en régie avec le concours de M. Boutain, entrepreneur de forages, à Paris; la dépense s'est élevée approximativement à 8.500 francs pour le forage de sept puits à une profondeur moyenne de 3 mètres.

FONDATIONS A L'AIR COMPRIMÉ

Bien qu'au moment de la rédaction des projets, on eût été loin de prévoir les difficultés que réservait l'exécution des fouilles relativement peu profondes, descendues à l'air libre, à travers la tourbe jusqu'au sablon, on avait sagement décidé d'avoir recours à l'air comprimé pour les fondations de trois ponts en maçonnerie à plein cintre de 16m, 22 et 28 mètres d'ouverture à construire dans les vallées de la Louette et la Chalouette, affluents de la rivière de Juine.

Le fonçage des caissons dont certains (P. I. de 22 mètres) ont été descendus à d'assez grandes profondeurs (17 à 18 mètres) s'est fait très facilement à travers des couches marneuses et tourbeuses, compactes, mais homogènes et sans dureté.

Une seule circonstance imprévue et dont les conséquences auraient pu être tragiques, mérite d'être signalée; c'est la présence d'une notable proportion de grisou dans le gaz se dégageant de la tourbe traversée aux P. I. de 22 et 28 mètres.

Un ouvrier chargé de déboulonner la cheminée pour exhausser le sas de l'un des caissons du P. I. de 28 mètres provoqua une explosion en frottant une allumette. Par un heureux hasard, ses blessures ne furent que superficielles et sans gravité.

A partir de ce jour une consigne sévère a interdit l'introduction dans les caissons des lampes à feu nu et proscrit aux ouvriers d'y fumer. Une lampe de mineur, système Wolf, fut installée en per

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