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La fermeture des joints secs s'est effectuée immédiatement après clavage, avec du mortier de cïment pulvérulent qui a été fortement poussé dans les joints, d'abord avec la truelle, puis avec la fiche, enfin avec des spatules en bois dur sur lesquelles les ouvriers frappaient à la masse pour refouler vigoureusement le mortier.

Les joints secs ont été fermés symétriquement par quatre macons, d'abord le long des crossettes, puis à l'aplomb des extrémités des contrefiches, enfin en dernier lieu au point le plus flexible, au droit de la ligne des poteaux verticaux.

Les joints secs ménagés dans le bandeau ont été fermés au coulis de ciment en même temps que ceux des moellons de douelle.

Pour augmenter la liaison entre les bandeaux et la douelle, nous avons mis à profit l'adhérence du ciment au fer, en fichant dans chaque joint du bandeau, au moment du coulage du joint, un fer feuillard de 30 millimètres sur 2 millimètres et 0,50 environ de longueur (fig. ci-dessous), fer qui se trouvait ensuite noyé dans le

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joint correspondant de deux ranges de moellons de douelle et opposait dès lors par son adhérence au ciment une résistance à la tendance au déversement du bandeau que présentent les voûtes biaises du coté de l'angle aigu de la culée pendant la construction et du côté de l'angle obtus après décintrement.

La résistance totale de ces feuillards, au nombre de 41, à l'arrachement, à raison de 30 kilogrammes par millimètre carré, est :

2 mm. 30 mm. X 41 X 30 kilogr.

=

74 tonnes,

bien inférieure à l'adhérence totale du ciment et du fer que le pro

fesseur Bauschinger (Bavière) estime à plus de 40 kilogrammes par centimètre carré, soit dans l'espèce :

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Les fers se rompraient avant de se détacher du ciment dans lequel ils ont été enrobés ils opposent donc une résistance très efficace à la tendance au déversement et empêchent la formation assez fréquente de fissures dans les joints entre les bandeaux et la douelle.

Le premier rouleau ainsi terminé en cinq jours (du 26 juin au 1er juillet), on a entrepris le second rouleau en maçonnant à partir des culées jusqu'auprès de la ligne des poteaux verticaux.

Cette partie du cintre étant bien soutenue, nous considérions qu'après clavage du premier rouleau, il ne s'y produirait plus de flexion appréciable et que nous pouvions dès lors supprimer le joint sec le long de la culée.

On a seulement laissé au droit de la ligne des poteaux verticaux un vide de 0,70 (Pl. 2, fig. 5). Dans cette partie, les joints du premier rouleau avaient été fortement lissés au fer en creux de telle sorte que la moindre fissure put être perçue, même à l'œil nu.

La maçonnerie a été reprise à 0,40 en avant de la ligne des poteaux, la voûte étant d'ailleurs chargée à la clé par deux rangées de moellons à plat sur 2 mètres de part et d'autre.

Le second rouleau, poursuivi symétriquement par quatre maçons a été clavé à la clé.

Après quoi, l'on a inspecté les joints du premier rouleau apparents dans le vide de 0,70: aucune fissure n'étant visible, même à la loupe, ce vide a été fermé. Il n'y avait d'ailleurs pas eu le moindre tassement depuis la fermeture définitive du premier rouleau.

La construction du deuxième rouleau a duré cinq jours, du 1er au 5 juillet. Elle a été faite avec des moellons smillés disposés de manière à prolonger aussi bien que possible les joints des moellons piqués de la douelle.

La chape a été formée de deux couches de mortier de ciment :

la première pour bien araser l'extrados de la voûte, nécessairement un peu irrégulier, à 400 kilogrammes de ciment par mètre cube de sable, représentant en moyenne trois centimètres d'épaisseur; la seconde à 600 kilogrammes de ciment, formant enduit d'environ deux centimètres d'épaisseur.

La voûte est restée sur cintre du 6 au 26 juillet.

Chaque boîte à sable, bien lutée à la base, avait été entourée. d'une caisse remplie elle-même de sable dont la partie supérieure avait été couverte de plâtre. Néanmoins, et bien qu'on fùt en saison sèche, les deux boites placées à l'Est, du côté de la pluie, contenaient du sable un peu humide, dont l'extraction, moins facile, a un peu retardé l'opération.

Un homme était placé à chaque boite, ayant à côté de lui un petit tas de sable type lui indiquant la quantité qu'il devait faire écouler à chaque commandement, fixée à la capacité d'un verre à liqueur (3 centilitres) représentant la capacité de la boite à sable sur 1/2 millimètre de hauteur. Les coins formant supports latéraux aux naissances avaient été préalablement décalés.

Après trois extractions de sable, les fermes avaient effectué un mouvement de descente fort appréciable de 1 millimètre environ qui a immédiatement séparé le cintre de la voûte celle-ci n'a effectué au décin trement aucun mouvement que nous ayons pu percevoir.

Le premier rouleau avait renforcé, on peut même dire remplacé le cintre, d'ailleurs après déformation et fléchissement de la grande moise, de telle sorte que le second rouleau n'avait déjà plus déterminé aucun mouvement. Ce premier rouleau avait fonctionné comme cintre rigide pour le second et, en fait, la précaution prise de laisser un vide de 0,70 au droit de la ligne des poteaux verticaux n'avait eu, dans l'espèce, aucun intérêt.

Il paraît certain qu'au moment du décintrement, la voûte se supportait déjà toute seule et que le cintre, à la vérité rigoureusement plaqué contre le premier rouleau, qu'il avait soutenu dans sa construction, n'était plus chargé du poids de la maçonnerie.

On a fait descendre le cintre suffisamment pour pouvoir extraire les voliges et les couchis et démonter les pièces centrales des

fermes. Les Entrepreneurs se sont alors servi des grandes moises pour supporter un plancher qui a permis de faire le rejointoiement de la partie de la voûte directement au-dessus des voies.

Après quoi, l'on a démonté les grandes moises, puis les potences latérales, et les bois ont été retaillés pour servir au cintre du pont Saint-Raphaël, biais à 75°,30', appareillé suivant les génératrices, dont l'exécution faite exactement suivant les mêmes règles n'a pas produit la moindre fissure dans les joints, malgré la flexibilité du cintre qui a tassé de 25 millimètres au sommet sous le poids du premier rouleau.

En résumé, les circonstances nous avaient forcé d'adopter un pont en maçonnerie, biais à 55°, tendu au 1/10, avec un cintre sans point d'appui possible dans l'entrevoie à cause du dévers, par conséquent très retroussé; donc très déformable.

Allions-nous avoir dans la voûte des fissures et des joints ouverts? Nous les avons évités en appliquant la méthode de construction de la voûte en deux rouleaux avec joints secs, si heureusement fixée par M. l'ingénieur en chef Séjourné (Annales P. C. 1886. Deuxième semestre) qui nous a donné pour nos ouvrages les conseils les plus amicaux.

Si l'application aux voûtes biaises en paraissait nouvelle, elle nous semblait aussi avantageuse que pour les voûtes droites : l'expérience a pleinement confirmé cette opinion (Pl. 2, fig. 2).

Dépenses. Nous donnons au tableau ci-après la dépense faite pour chacun des deux passages supérieurs. Ce tableau donne en bloc la dépense totale afférente à chaque nature de maçonnerie y compris le ciment réellement employé et le parement vu.

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La substitution du ciment à la chaux (au P. S. Cannes, 400 kilogrammes ciment au lieu 300 kilogrammes chaux; au P. S. SaintRaphaël, 200 kilogrammes chaux et 200 kilogrammes ciment au lieu de 300 kilogrammes chaux) a causé une augmentation de dépense de 740 fr. 52 au premier ouvrage, et 341 fr. 11 au second, comprise dans les dépenses à l'entreprise.

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