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Les maçonneries à l'air comprimé, commencées le 9 mai ont été achevées le 12 juillet 1901, au bout de 65 jours. Elles cubent 2569,68. On a donc exécuté, par jour de travail, près de 40 mètres cubes de maçonnerie ou 1200 mètres cubes en un mois.

Pour le quai des Charbons, plus exposé au ressac, le travail, exécuté pendant la saison d'hiver, a été moins rapidement mené. Il a duré quatre mois, du 25 octobre 1899 au 25 février 1900.

Avaries.- Pendant ces quatre mois, il ne s'est produit d'avaries que trois fois :

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Elles ont été occasionnées par le caisson, non aux massifs de maçonnerie qui étaient en cours d'exécution, mais aux massifs adjacents contre lesquels choquait l'extérieur du caisson. Les plus importantes ont été celles du 15 novembre 1899 ce jour-là, vers 6 heures et demie du soir, un coup de vent d'Est excessivement violent s'est déchaîné sur Nice à l'improviste; aucune précaution n'avait été prise sur le chantier; les dégâts eussent été moindres si le mauvais temps fût survenu moins brusquement; ils se sont bornés du reste à la démolition de quelques mètres cubes de maçonnerie, 2 mètres cubes sur un point, 1 mètre cube sur un autre, sans que le caisson lui-même ait éprouvé aucun dommage appa

rent.

Ces avaries n'ont donné lieu à aucune contestation. La question était d'ailleurs réglée de la façon la plus claire par deux clauses du marché l'article 28 des clauses et conditions générales d'une part, et d'autre part un article du devis dont la rédaction, dictée par une décision ministérielle du 13 janvier 1898, était celle-ci :

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<< Par dérogation à l'article 28 des clauses et conditions générales, « aucun événement de mer ne pourra donner lieu à une indemnité quelconque en faveur de l'entrepreneur, qu'il s'agisse, soit d'ava<«<ries occasionnées par la mer aux caissons à air comprimé et appontements, soit d'avaries survenues au matériel flottant et ap. << paraux y relatifs, remorqueurs, dragues, pontons, chalands

a

<«< bouées, corps morts, chaînes : il est expressément stipulé que « les prix du bordereau sont établis de façon à tenir compte de «l'assurance de ce matériel spécial. Cette dérogation ne s'étend « pas aux ouvrages exécutés, ni aux matériaux rendus à pied d'œuvre, auxquels l'article 28 reste applicable. »

Le montant global des avaries payées aux entrepreneurs ne dépasse guère un millier de francs et la presque totalité de cette somme s'applique à des envasements de fouilles causés par la grande tempête des 25, 26, 27 novembre 1898 qui a été d'une violence et d'une durée exceptionnelles. C'est celle qui a partiellement démoli le mur d'abri de la grande jetée du port de Gènes et ruiné le phare établi sur le musoir de cette jetée. Il n'est pas sans intérêt de noter ici quelques-unes des constatations auxquelles elle a donné lieu à Nice.

Le vent a soufflé de la région comprise entre Sud et Sud-Ouest par rafales inégales, avec de fortes averses par intervalles, pendant trois jours consécutifs. Le baromètre est resté au-dessous de 745 millimètres (entre 740 et 745) du 23 novembre à midi, jusqu'au 27 à 2 heures du matin, soit pendant une période continue de 86 heures. La tempête a atteint son maximum d'intensité dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 novembre, vers 9 heures et demie du soir à Marseille, entre onze heures et minuit à Nice, entre deux et trois heures du matin à Gènes, après quoi elle s'est rapidement calmée. A Nice, à 11 heures et demie du soir, la toiture d'un établissement de bains qui existait à cette époque sur la plage de Raouba-Capéou, aux abords de l'entrée du port, toiture constituée par des voliges clouées sur une charpente en bois, a été enlevée tout d'une pièce par le vent et transportée sur l'ancienne poudrière de la place Bellevue contre laquelle elle est venue s'appliquer, après un parcours de 50 mètres de distance horizontale et de 5 mètres environ en hauteur.

Dans le port, le ressac a été extrêmement fort. La mer montait sur la plateforme du quai des Charbons. Dans le caisson, tout travail a dû être interrompu à partir du 25 au matin jusqu'au 28 au matin. Le caisson a été échoué sur le fond et n'a nullement souffert.

Murs de quai de Cannes. truits en blocs artificiels, ont été exécutés par les procédés ordinaires qui sont trop connus pour qu'il y ait lieu d'en parler, non plus que du matériel employé aux travaux, ponton-mâture, chalands, etc.

Les murs de quai de Cannes, cons

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Pour l'empilage des blocs, on a adopté un système intermédiaire entre le système des piles indépendantes qui a été appliqué le plus souvent dans les ports italiens, notamment à Gênes, et le système des joints croisés qui est le plus usité en France. On a placé les blocs de la deuxième assise (en numérotant les assises à partir de la fondation dans l'ordre de l'exécution) de façon qu'ils se superposent exactement à ceux de la première; de même les blocs de la quatrième assise recouvrent exactement ceux de la troisième; les joints se découpent seulement entre la deuxième et la troisième assise, comme le montre le croquis ci-après :

Ce système ne fait pas obstacle aux tassements locaux, tout en établissant entre les blocs une certaine solidarité.

Calculs de stabilité. Les calculs de stabilité du mur ont été faits au moyen des formules indiquées par M. de Lagrené (*) et en suivant exactement la marche tracée par M. de Volontat (**).

(*) Annales des Ponts et Chaussées, 1881, II, Notice sur la poussée des terres avec ou sans surcharge, par M. de Lagrené.

(**) Annales des Ponts et Chaussées, 1895, I. Notice sur la construction du 3 bassin à flot de Rochefort, par M. Crahay de Franchimont. — 1896, I, « Les nouveaux quais de Bordeaux, par M. Pasqueau.

Ann. des P. et Ch. MÉMOIRES. 1905-1

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Le coefficient de stabilité du mur de quai des Céréales, c'est-àdire le rapport du moment total de stabilité au moment total de renversement autour de l'arête inférieure du mur, du côté du port, à la cote (→ 6 mètres) serait de 2,12 dans l'hypothèse où la base du mur serait entièrement soustraite à l'effet de la souspression de l'eau; il serait de 1,45 dans l'hypothèse où cette souspression s'exercerait sur toute l'étendue de la base du mur. Ni l'une ni l'autre de ces hypothèses extrêmes ne pouvant être exacte, on se rapprocherait sans doute de la vérité en admettant que le coefficient de stabilité est sensiblement égal à 2.

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Enrochements derrière les murs de quai. Les remblais qu touchent les murs ont été formés à Nice et à Cannes, d'enrochements. L'utilité pratique de ces « prismes de poussée » n'est pas contestée, mais elle est différemment expliquée. Suivant M. Pelletreau, un remblai pierreux, après qu'il est colmaté par les dépôts vaseux, crée une composante verticale de la poussée de l'eau qu i est utile à la résistance. Pour d'autres il est simplement évident qu'il y a toujours intérêt à substituer des enrochements à un remblai vaseux de mauvaise qualité. Ce qui est certain, c'est que, par sa stabilité propre, un massif d'enrochements fait face à la poussée d'une fraction du remblai, comme le montre le croquis ci-après où l'on voit que par suite de la présence du prisme d'en

E

F

D

B

rochements A B C, le massif qui charge le mur au lieu d'être le prisme triangulaire A B D, n'est plus que le prisme quadrangulaire

A B E F, l'angle E B C étant égal à l'angle d'éboulement des enrochements, plus grand que l'angle d'éboulement (DBC) des terres du remblai. Dans cet ordre d'idées il serait rationnel d'araser les enrochements à la ligne KE; il est vrai que cet arasement au-dessous du niveau de l'eau peut paraître malaisé à réaliser; en ce cas, on élève le massif des enrochements jusqu'au niveau de l'eau comme cela a été fait à Nice et à Cannes.

L'emploi de ces enrochements a donné lieu a une réclamation des entrepreneurs en ce qui concerne le mode d'évaluation du cube des remblais qui était mesuré d'après le volume du vide restant à combler en arrière des prismes d'enrochements. Les entrepreneurs ont critiqué ce mode d'évaluation, auquel ils ont reproché de ne pas tenir compte du volume des remblais terreux qui s'introduisent inévitablement dans les vides des enrochements. Satisfaction leur a été donnée sur ce point, lors du règlement de comptes.

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Dépenses. Les deux entreprises ont été réglées à l'amiable. Les dépenses faites pour le port de Nice ont eté les suivantes :

Dépenses à l'entreprise, y compris une indemnité transactionnelle de 1.352 fr. 75 accordée pour réglement de compte définitif, par décision ministérielle du 1o juillet 1902

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495 759 fr. 62
34.483

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La dépense prévue par le décret du 8 janvier 1897 qui a autorisé les travaux était de 936.000 francs.

La Chambre de cominerce de Nice a concouru à cette dépense

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