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Au milieu de cette longueur, on a observé les allongements de la face tendue sur une longueur de 1,02, au moyen de deux microscopes montés sur une même tige et l'on a mesuré les raccourcissements de la partie comprimée sur une longueur de 0,50 au moyen de deux appareils Manet-Rabut placés sur les faces laté

rales.

Conformément au plan fixé d'avance, on a arrété le chargement au moment où l'allongement des fibres extrèmes du béton était de 0,625 pour la première poutre et de 1mm,300 pour la seconde. On n'apercevait alors au microscope aucune fissure dans l'enduit. minee et lisse de ciment pur qui avait été appliqué sur la face tendue pour faciliter l'examen.

Pour chaque poutre on a ensuite enlevé au burin le béton qui recouvrait les armatures et arraché celles-ci avec précaution, puis on a aplani, autant que possible, la surface du béton ainsi entamé.

Enfin on a détaché, à la scie, du reste de la poutre la plaquetle AB.

En faisant l'épure des déformations, on a reconnu que les diverses fibres des plaquettes ainsi isolées avaient subi des allongements compris entre 0mm, 22 et 0mm,50 pour la première et entre 0,56 et 1mm,07 pour la seconde et l'on sait que le béton non armé se brise dès que son allongement dépasse 0mm,10 à 0mm,20.

Ces plaquettes privées du secours des armatures métalliques et du béton moins fatigué auraient dû tomber en morceaux au moment où la scie les a isolées si le béton armé avait la mème limite d'allongement que le béton non armé. Or il n'en a rien été et l'on n'y a aperçu aucune trace de fissure.

Pour rendre impossible toute contestation, on a soumis ces plaquettes à des épreuves de flexion et l'on a reconnu qu'elles avaient une grande résistance.

Pour avoir un terme de comparaison, on a essayé de la même manière les parties supérieures BC des poutres dont on avait détaché les plaquettes en question. Le tableau suivant donne les résistances calculées par la formule qui est généralement employée par les pièces élastiques soumises à la flexion.

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Pour apprécier ces chiffres il faut tenir compte des faits sui

vants :

Les faces des plaquettes AB avaient été obtenues l'une par burinage, l'autre par sciage du béton et l'outil y avait fait des blessures qui pouvaient amorcer des fissures et hâter la rupture.

D'autre part, l'essai des plaquettes AB a eu lieu le 28 novembre et le 12 décembre et celui des parties BC le 12 janvier. La résistance du béton a certainement augmenté entre ces dates surtout pour la poutre n° 2 qui a été immergée jusqu'au 1er décembre et conservée depuis hors de l'eau. Exposée à l'air, la chaux encore libre a dû se carbonater en augmentant la résistance du béton.

Il est donc démontré non seulement que le béton armé et convenablement préparé peut subir, sans se briser, des allongements très supérieurs à ceux qui brisent toujours le béton non armé, mais encore qu'après ces déformations considérables il possède une résistance à la traction comparable et peut-être égale à celle du béton qui n'a subi aucune déformation préalable.

Il est non moins certain que les constructions armées présentent généralement des fissures et la principale cause de cette différence est la suivante.

Le béton exposé à l'air sec après sa fabrication subit un très fort retrait pendant les premiers jours et n'a d'abord qu'une faible résistance. Si sa contraction est entravée par des armatures métalliques, il n'a ni la force nécessaire pour imposer au métal des raccourcissements importants ni la ductilité qu'il faudrait pour se plier à ses exigences. Il se produit généralement des fissures d'abord invisibles qui s'ouvrent et se prolongent lorsque la pièce armée est soumise à des tensions mécaniques. Au contraire, si l'on maintient le béton constamment humide pendant un temps suffi sant, son retrait est nul et rien ne tend à produire des fissures

pendant qu'il acquiert de la résistance et de la ductilité. Sans doute, le béton tend à se raccourcir lorsqu'on cesse de le maintenir humide, mais il possède alors une résistance élevée et la faculté de supporter de grands allongements et il ne se fissure pas malgré l'entrave que les armatures apportent à sa contraction.

L'éventualité des fissures force à donner aux armatures des sections suffisantes pour résister à la totalité des tensions, mais il est néanmoins indispensable de connaître les lois qui régissent les déformations non élastiques du béton armé. En effet, sans elles, on ne saurait déterminer ni les déformations des constructions armées ni les répartitions d'efforts dans les cas où elles dépendent des déformations, ni les positions de l'axe neutre dans les pièces fléchies et, par suite, les pressions qui se développent dans leurs fibres comprimées.

N' 17

CHASSE-CORPS

DESTINÉ A EMPECHER L'ÉCRASEMENT DES PIETONS

SOUS LES ROUES DES TRAMWAYS

SYSTÈME DE M. MAX VON LEBER

Note de MM. GAUTHIER, Ingénieur des Ponts et Chaussées, et NETTER, Rédacteur au Ministère des Travaux Publics.

Un grand nombre de systèmes ont été imaginés pour éviter que les personnes venant à être renversées par une voiture de tramway ne soient écrasées sous les roues du véhicule. Plus de 300 projets d'appareils de ce genre ont été adressés à la ville de Vienne, plus de 400 ont figuré au concours ouvert à Dresde en 1903; mais un petit nombre d'inventeurs seulement semblent s'ètre préoccupés des difficultés d'adaptation de leurs dispositifs aux voitures et des conditions d'entretien en service courant, de sorte que la plupart des propositions ont dû être écartées.

Celles qu'il a été possible de retenir se divisent en deux catégories; à la première appartiennent les appareils fixés à la paroi antérieure des voitures qui est garnie d'une sorte de matelas élastique vertical et précédée d'un cadre plus ou moins incliné sur l'horizon et sur lequel est tendu un filet.

Le piéton imprudent ou maladroit serait renversé dans le filet et protégé par le matelas élastique d'un choc dangereux contre la paroi avant du véhicule. L'expérience faite sur des mannequins a toutefois établi que les enfants seraient, en réalité, seuls à bénéficier de ce genre de dispositifs, car les adultes risquent fort, une fois renversés d'être projetés par le matelas élastique en dehors du

filet et de passer ensuite sous le rouleau qui forme le côté extérieur du cadre.

Ce dernier doit deborder de 1 mètre à 1,50 l'avant des voitures, condition des plus fàcheuses pour l'inscription de celles-ci dans les courbes de faible rayon qu'on est trop souvent obligé d'admettre dans les villes et aussi pour la sécurité du piéton qui dispose de moins de temps pour se garer. Il lui suffirait, dans certains cas, d'une fraction de seconde pour éviter le choc; or à la vitesse de 20 kilomètres à l'heure, un tiers de seconde s'écoulerait entre le moment où il serait atteint par une voiture pourvue de filet et celui où il serait tamponné par la même voiture dépourvue de ce dispositif.

Dans la deuxième catégorie se rangent les appareils fixés sous l'avant des voitures et qui entrent en action grâce au mouvement imprimé soit par la victime elle-même soit par le watmann à une pièce pendulaire.

Celle-ci en s'écartant de sa position d'équilibre déclenche le dispositif de sécurité.

L'emploi des appareils de cette catégorie suppose qu'il existe sous la plateforme des voitures et jusqu'au voisinage des roues un espace libre de 0,30 de hauteur, ce qui est facile à réaliser sauf en ce qui touche les marchepieds dont les angles devront être arrondis.

Mème dans ces conditions, il serait encore difficile d'organiser, dans cet espace libre, un dispositif genre « Corbeille » qui permettrait sûrement de recueillir un adulte et c'est au chasse-corps qu'il convient de donner la préférence. Celui-ci ne doit pas affecter la forme d'un soc de charrue mais bien la forme plane avec pans coupés aux extrémités.

Le chasse-corps doit être disposé aussi près que possible des roues afin que la victime bénéficie jusqu'à la dernière limite du secours qu'elle peut attendre de l'action du frein. L'expérience prouve qu'on peut le rapprocher jusqu'à 80 centimètres de l'axe des roues sans qu'il y ait à craindre que les vêtements de la victime puissent être atteints par celles-ci.

C'est en se basant sur ce principe que M. Max von Leber, direc

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