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gault, pour atteindre dans les sables verts les couches aquifères déjà rencontrées par les puits de Grenelle et de Passy et dont l'affleurement apparait en Champagne.

La dépense totale devait, d'après les prévisions primitives, s'élever à la somme de 557.000 francs, qui comprenait, avec le forfait précité, 200.000 francs pour le tubage et 99.000 francs pour travaux en régie.

Exécution en régie des travaux préliminaires.- Les travaux préliminaires en régie furent immédiatement entrepris: ils comprenaient, outre les installations de chantier, le creusement de l'avantpuits maçonné de 2 mètres de diamètre, l'établissement d'une galerie souterraine de 300 mètres de longueur à 23 mètres audessous du sol pour écouler vers la Bièvre les eaux d'épuisement, puis l'étanchement particulièrement délicat de trois nappes aquifères en pression qu'il a fallu successivement traverser aux cotes 29 mètres et 18 mètres au-dessus du niveau de la mer et aux environs même de ce niveau, avant d'atteindre vers-3 mètres la craie compacte dans les premiers mois de 1865; enfin un prolongement de l'avant-puits dans la craie jusqu'à la cote-20TM,50.

La dépense de ces travaux préliminaires s'est élevée à 261.779 fr. 65.

Commencement, en 1866, du forage à l'entreprise. — Le 4 décembre 1865, M. Léon Dru, frère et successeur du soumissionnaire primitif, fut mis en possession du chantier; mais les travaux de forage proprement dits ne furent en réalité commencés que vers la fin de 1866. Le diamètre adopté était de 1,20. Les travaux furent poussés peu à peu à partir de cette époque jusqu'en 1872, sauf une interruption forcée pendant les événements de 1870-71.

Suspension des travaux en 1872. Le forage était parvenu à la profondeur de 532,75, où il atteignait les couches ébouleuses qui se trouvent à la surface du gault et où devait par suite commencer l'ère des difficultés, lorsque les travaux furent suspendus en novembre 1872: un désaccord avec l'entrepreneur surgit au sujet des dispositions à prendre pour la continuation de l'opération, et une entente ne put avoir lieu. Les travaux furent définitivement laissés en suspens en 1874, après règlement des sommes dues à

l'entrepreneur, lesquelles s'élevaient à 214.772 fr. 85 que M. Dru n'accepta pas d'ailleurs sans réserves.

Le total des dépenses faites à ce moment s'élevait, y compris 54.773 fr. 05, prix du terrain, et 31.923 fr. 70 de nouvelles dépenses en régie, à la somme de 563.249 fr. 25.

Les res

Reprise des travaux en 1892 par M. Paulin Arrault. sources disponibles furent reportées alors sur le puits artésien de la place Hébert qui fut continué seul. Et c'est seulement après un intervalle de près de vingt ans, lorsque ce puits eut été achevé, que, sous les auspices de M. Ernest Rousselle, Conseiller Municipal du quartier, une délibération du Conseil Municipal du 22 juillet 1892, approuvée par arrêté du 29 août suivant, vint autoriser la reprise des travaux et une dépense nouvelle de 220.000 francs.

M. Léon Dru avait passé l'entreprise à M. Paulin Arrault, Ingénieur des Arts et Manufactures, qui consentit à prendre la suite des opérations au moyen du matériel demeuré sur place, et par application de l'ancien marché.

Descente d'un tube de 0,90 de diamètre. On commença par descendre un tubage continu en tôle, composé de sept tronçons égaux, de 0,90 de diamètre, reliés entre eux par des raccords à baïonnette, qui fut mis en place avec un plein succès sur toute la hauteur du forage déjà exécuté.

Le forage fut ensuite repris en avril 1894 et les crédits furent portés à 270.000 francs.

Déchirement de la colonne de tubage de 0,90.- On avait à peine atteint la profondeur de 535,90 lorsque, le 17 septembre 1894, une descente brusque du tubage en détermina le déchirement à 402m,25 du sol. Ce grave accident eut pour effet de provoquer une modification profonde dans les dispositions de l'ouvrage : il fut décidé, en effet, que, pour éviter de nouveaux mouvements du tubage, celui-ci serait scellé, dans la position qu'il occupait, au moyen d'un coulis de béton de ciment sur le pourtour (ce travail a été terminé en avril 1895); après quoi une deuxième colonne, de 0,60 seulement de diamètre, afin de pouvoir franchir la partie étranglée rẻsultant de l'écrasement de la première, serait descendue dans l'intérieur en vue de reprendre le forage à ce diamètre réduit.

Descente d'un deuxième tube de 0,60 de diamètre.· Le tube de 0,60 reçut une longueur de 197,42 calculée de manière à occuper l'espace compris entre le fond présumé du puits et le dessus de la déchirure du premier revêtement de 0,90. Mais le nouveau tube, dont la mise en place avait donné lieu à une rupture des tiges de sonde le supportant et à une chute du tube de 40 mètres de hauteur, ne put non plus atteindre le fond: coincé par la pression des argiles du gault il s'arrêta et resta immobilisé à la profondeur de 542,89 (14 novembre 1896).

Descente d'un troisième tube de 0,50 de diamètre. Après un sondage de recherche pratiqué avec un tube de 0,28 de diamètre et qui atteignit les sables verts (mais non encore la première nappe jaillissante) à la profondeur de 568,70, on dut se résigner à descendre un troisième tubage de 0,50 de diamètre et 262,56 de longueur, de manière qu'après la mise en place définitive le sommet en dépassât l'extrémité supérieure du tube de 0,60. Cette addition nécessaire comportait une nouvelle dépense de 50.000 francs qui fut approuvée par délibération du 12 novembre 1897 et par arrêté préfectoral du 9 décembre suivant.

Descente d'un quatrième tube de 0,40 de diamètre. Le pied de la colonne de 0,50 ne put être descendu qu'à la profondeur de 566,60, alors qu'un nouveau sondage de recherche n'avait atteint la première nappe jaillissante qu'à 571,50: il fallut encore recourir à un tubage plus étroit, le quatrième, qui reçut 0,40 de diamètre et 50,34 de longueur.

Remontée du tube de 0,40.- Mais de nouvelles difficultés surgirent des fusées de sable, entraînées par l'eau jaillissant par le trou du sondage de recherche, menaçaient de remblayer le puits au-dessus du sommet du tube de 0,40 dont le pied était descendu à la profondeur de 569,58; on retira ce tube en vue de l'allonger et de le redescendre ensuite.

Une rupture de la sonde, qui détermina la chute dans le puits d'une série de tiges de 481 mètres de longueur, et les grandes difficultés de saisir le tube recouvert par les sables, causèrent un nouveau retard au cours de cette opération qui fut terminée à la fin de mars 1900.

Prolongement jusqu'au sol du tube de 0,50 de diamètre; bétonnage au pourtour. — M. Arrault crut qu'on améliorerait grandement la situation en remplaçant la colonne télescopique formée par les divers tubages et qui déterminait des changements successifs de vitesse dans l'ascension de l'eau, par une colonne du diamètre uniforme de 0,50, en prolongeant jusqu'au haut du puits le tubage de 0,50 déjà en place et en bétonnant l'espace annulaire entre ce tubage et l'ancien revêtement.

C'était encore une dépense, évaluée à 80.000 francs, qu'il fallait accepter. M. Henri Rousselle, qui avait succédé à son père comme Conseiller Municipal du quartier, entraîna l'approbation par le Conseil d'une proposition conforme présentée par l'Administration; un arrêté préfectoral du 29 mai 1900 ouvrit le nouveau crédit.

Le prolongement du tubage de 0,500 et le bétonnage au pourtour, achevés au mois de mai 1901, permirent enfin de dégager complètement le puits, de telle sorte que l'eau de la première nappe vint enfin apparaître librement à la surface du sol. Redescente du tube de 0,40 après rallongement. Pour atteindre la deuxième nappe, il fallait redescendre dans le puits le tube de 0,40 préalablement allongé. Divers motifs, et particulièrement une maladie grave de l'entrepreneur, vinrent retarder ce travail qui fut totalement arrêté par la mort de M. Paulin Arrault le 22 décembre 1901.

Substitution de M. René Arrault fils à M. Paulin Arrault père, décédé. Son fils, M. René Arrault, acquéreur de la maison, demanda, le 8 septembre 1902, à continuer l'exécution du marché, et la substitution fut approuvée le 24 octobre.

Jaillissement de l'eau en novembre 1903. - Après de longues hésitations du nouveau chef d'entreprise, le travail fut enfin repris. Pour l'activer, on tenta de substituer un câble en acier aux tiges rigides de la sonde, mais le câble se rompit le 19 octobre 1903. La partie tombée dans le puits put être retirée assez rapidement, et, juste un mois après ce dernier accident, le 19 novembre, la sonde atteignait enfin, à la profondeur de 582m,40, la deuxième nappe qui donnait immédiatement, à 4 mètres au-dessous du sol (altitude 58), un débit de 67 litres à la seconde.

L'eau, analysée, se montra à peu près complètement dépourvue de microbes et présenta une composition identique à celles des autres puits artésiens de Paris, avec la même température de 28°. D'abord chargée de sable et un peu trouble, elle ne tarda pas à devenir claire.

Le tube de 0,40 était arrêté à 8,70 au-dessus du fond du puits et refusait de descendre plus bas ; on prépara un cinquième tube de 0,37 de diamètre, et l'on allait le mettre en place quand une chute brusque du tube de 0,40, déterminée sans doute par un éboulement, puisqu'elle a coïncidé avec un trouble de l'eau et une diminution momentanée du débit, a rendu l'emploi du nouveau tubage inutile. Il a suffi d'enlever le remblai de sable qui s'était formé sur 41 mètres de hauteur dans le puits lors de ce dernier éboulement, pour retrouver le débit normal.

Réception de l'ouvrage. L'opération s'est trouvée ainsi terminée, et la réception de l'ouvrage a été prononcée le 17 mars 1904.

Dessins de l'installation et coupe géologique du puils. - Les figures de la page 155 montrent l'installation du chantier, et la fig. 1 (pl. 3) la coupe géologique du puits (*).

Nécessité de remonter la cote de jaillissement de l'eau; moyen

(*) Le tableau ci-dessous donne les altitudes (rapportées au niveau de la mer) auxquelles on a rencontré, dans les cinq puits artésiens existant à Paris, les principaux niveaux géologiques, ainsi que les profondeurs de ces puits:

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Les cotes d'altitudes ci-dessus sont prises pour les puits de Passy et de La Chapelle, dans une communication de M. Huet à l'Académie des Sciences en date du 9 juillet 1888; pour les trois autres, sur des coupes établies par MM. Léon Dru et Arrault

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