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VI.

DISCOURS D'AUDIENCE ET DE CONGÉ.

Discours d'audience adressé à l'Empereur Joseph II, par le Barón de Breteuil, ambassadeur de France à la cour de Vienne; le 19 de Févr. 1775. (†)

SIRE, l'honneur que j'ai de remettre les lettres du roi, m'impose, pour premier devoir, de vous parler de tous ses sentimens pour V. M. Rien n'interesse plus le coeur du roi, que de vous convaincre, sire, de sa constante amitié, et du prix qu'il attache à tous les liens sacrés qui l'unissent à V. M. Le roi désire et se flatte qu'ils sont tous également indissolubles. Je serai trop heureux, sire, si mes soins respectueux et mon zèle attentif pour tout ce qui pourra maintenir et fortifier la confiance et l'intimité des deux maisons, vous sont une nouvelle preuve de la résolution où est le roi de n'en laisser échapper aucune occasion. Quant à moi, sire, le comble de ma satisfaction, est d'avoir l'honneur d'être chargé de suivre des intérêts aussi précieux et établis sur des bases aussi solides. J'ai travaillé dans cet espoir depuis longues années. Je n'aurai plus rien à désirer, si j'en recueille le flatteur avantage de mériter l'estime et les bontés de V. M. J'en serai sûr,

(†) voyez, DE FLASSAN, Histoire de la diplomatie française, T. VII, p. 122.

si elle les accorde au désir de lui plaire, ainsi qu'au profond respect et à l'admiration la plus vraie pour toutes les grandes qualités que V. M. montre à l'Europe.

Discours d'audience adressé à l'Impératrice - Reine MarieThérèse, par le Baron de Breteuil, le 19 de Février

1775.(1)

Madame, le roi, en me faisant l'honneur de me charger des plus grands intérêts auprès de V. MI., m'a particulièrement recommandé de vous renouveler les protestations les plus sincères sur son attachement à votre alliance, et de ne négliger aucun moyen de vous convaincre de sa constante amitié. S. M. jouit, madame, de la manière la plus sensible pour son coeur et pour son esprit, du rare avantage de trouver dans l'union des principes les plus solides de sa monarchie et des plus tendres sentimens de son ame, la source du repos qu'elle veut procurer à ses peuples, et celle de son bonheur personnel. Je serai, madame, le plus heureux de tous les hommes, si, pendant le cours de mon ministère, je puis contribuer par mes soins, et par la bonne foi de mes démarches, à resserrer de plus en plus, les liens de l'intérêt commun et si vrai des deux monarchies. Je trouverai, madame, dans ce devoir journalier, l'emploi de tous mes principes, de tous les voeux de mon ambition, et l'expression de mon admiration respectueuse pour deux augustes princesses (2) que j'ai eu l'avantage d'admirer de près, que V. M. a douées de toutes ses vertus, qui répandent comme elle, le bonheur sur des peuples entiers, et qui ont daigné m'honorer d'une protection particulière.

(1) voyez ibid. p. 123.

(2) Les reines de France et de Naples.

Discours d'audience adressé à l'Impératrice de Russie, par M. d'Allion, ministre plénipotentiaire de la cour de France à celle de Russie, en 1745.

Madame, les glorieux travaux de Pierre le Grand portèrent un peuple reconnaissant, à le proclamer empereur et père de la patrie. Les éminentes qualités que V. M. I. réunit, engagent les nations à confirmer les suffrages de celle qui a le bonheur de vivre sous les douces lois de V. M. I.

La lettre que j'ai l'honneur de remettre à V. M. I. et par laquelle le roi m'accrédite de nouveau auprès d'elle, en qualité de son ministre plénipotentiaire, contient un témoignage bien éclatant de l'amitié de S. M. pour votre auguste personne, et de son admiration pour des vertus qui frappent et qui fixent les yeux de toute l'Europe.

Le roi ne m'a rien tant recommandé que de chercher à faire connaître à V. M. I. combien il désire de vivre avec elle dans la plus parfaite intelligence. Trop de terres séparent les états respectifs pour être dans le cas de se vouloir du mal, et en le pouvant, de s'en faire: mais les plus grandes distances se rapprochent, lorsqu'on veut se rendre réciproquement utile.

Digne fille d'un des plus grands monarques qui ayent, jamais paru, et sans cesse attachée à marcher sur ses traces, V. M. I. ne peut ignorer quels étaient ses sentimens et ses vues par rapport à la France. Les tems n'ont point change. Que je m'estimerais heureux, si pendant mon ministère, les choses pouvaient être amenées à un point, qui constatât également, que les désirs des deux cours n'ont point varié.

V. M. I. daignerait-elle permettre, qu'en mon particulier je me felicitasse de la commission dont j'ai l'honneur d'être chargé? La joie que j'en ressens, doit être à V. M. I. un garant assuré de l'attention que j'apporterai à mériter ces mêmes bontés, dont elle m'a honoré pendant le cours de ma première mission.

Discours d'audience de l'ambassadeur d'Angleterre adressé au Roi de France.(†)

Sire, le roi mon maître m'a envoyé en qualité de son ambassadeur extraordinaire auprès de V. M. pour l'assurer, qu'il n'y a rien qu'il souhaite plus ardemment que de maintenir et d'affermir la parfaite amitié, si heureusement établie avecV.M.et pour confirmer et augmenter l'union et la confiance réciproque entre les deux nations, si avantageuses à l'une et à l'autre. La nature a borné la Grande-Bretagne par la mer; elle ne cherche rien qui appartienne à ses voisins; elle trouve naturellement son avantage dans le repos; son intérêt aussi bien que l'inclination et la sagesse de son roi, la porte à désirer la paix et le bonheur de ses voisins et à y contribuer. V. M. possède le plus beau et le plus puissant royaume de l'Europe; il n'a besoin que de repos et de tranquillité pour le rendre des plus heureux et des plus florissans. Comme j'ai eu le bonheur de voir former ces engagemens qui unissent le roi mon maître à V. M. je m'estimerais heureux si par mes efforts, je puis contribuer à maintenir cette heureuse union et à la rendre encore plus parfaite entre les deux nations.

(†) voyez, le Mercure historique T. 120, p. 66.

Discours adressé au Roi de France par l'ambassadeur des Etats-Généraux des Provinces- Unies des Pays-Bas. (†)

pour

Sire, L. H. P. mes maîtres m'envoyent auprès de V. M. lui donner les témoignages et les assurances les plus sincères de leur respect et du désir ardent qu'elles ont d'entretenir et de cultiver de plus en plus avec V. M. cette heureuse intelligence et amitié qui fait la gloire de la république, et que les traités qui subsistent entre V. M. et L. H. P. doivent rendre inaltérables. C'est sur ce fondement inébranlable et sacré, que L. H. P. se flattent de conserver cette précieuse bienveillance dont V. M. les a constamment honorées depuis son avènement au trône.

C'est principalement, sire, dans cette union, que L. H. P. font consister les plus grands et les plus solides avantages de la république; aussi en souhaitent-elles bien ardemment l'affermissement et la durée. L. H. P. de leur part, ne manqueront pas d'apporter une attention très-particulière à maintenir cette parfaite union par l'accomplissement religieux des traités, et par un ménagement soigneux à conserver la précieuse amitié de V. M. qui à tous égards leur est si importante et si chère. Ce sont là, sire, les sentimens et les dispositions de mes maîtres. Comme L. H. P. ont daigné me choisir pour faire connaître ces sentimens à V. M., je tâcherai de répondre à une distinction si honorable, par une conduite conforme a leur intention. Mon bonheur, sire, sera bien grand si en même tems je puis me rendre digne de la bienveillance de V. M. par les efforts que je ferai pour la mériter.

(†) voyez, le Mercure historique, T. 118, p. 465.

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