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dimanches qui suivront la réception du Mandement. Tous les dimanches, pendant la session, on chantera l'Exaudiat après la grand'messe, et on fera au salut les prières ordinaires les prêtres diront à la messe les oraisons déjà indiquées en pareilles circonstances.

-M. l'archevêque vient aussi d'adresser une Circulaire (1) à MM. les curés du diocèse, relativement à la quête annuelle qui se fait le quatrième dimanche de l'Avent, pour la caisse diocésaine. S. Em. les exhorte à recommander les besoins de cette caisse aux fidèles. Nous cilerons ce passage de la Lettre du vénérable prélat :

«Le diocèse a perdu cette année plus de trente prêtres; la maladie et les infirmités en ont inis un nombre considérable hors d'état de continuer leurs fonctions; ce vide dans le sanctuaire n'a fait qu'accroître celui des années précédentes, et il s'en faut beaucoup que les nouvelles ordinations puissent suffire aux emplois vacans dans toutes les parties du saint ministère. Nous aurions cependant l'espoir d'assurer, avec le temps, aux fidèles les secours spirituels dont ils sont menacés de manquer, si les ressources de la caisse diocésaine pou. voient nous permettre de recevoir dans les séminaires tous ceux qui se présentent avec des marques de vocation pour l'état ecclésiastique, mais qui n'ont pas les moyens de fournir anx frais de leur éducation. Vous partagerez sans doute la douleur que nous ressentons d'avoir été obligés de mettre des bornes à notre bonne volonté à l'égard de plusieurs jeunes gens qui annonçoient de suffisantes dispositions, comine aussi de restreindre les secours que nous aurions désiré accorder aux besoins des anciens dans le sacerdoce ».

M. l'abbé de Maccarthy, qui prêche la Station de l'Avent aux Quinze-Vingts, a donné, dimanche dernier, un beau discours sur l'incrédulité; il avoit partagé son sujet en trois points, la folie de l'incrédulité, le crime de l'incrédulité, le malheur de l'incrédulité. Dans le premier point, qui a été traité avec plus d'é

(1) Se trouve au bureau du Jouroal; prix, 25 c. franc de por

tendue que les autres, l'orateur a fait sentir combien la conduite des incrédules est inconséquente. Les uns ont des doutes, et s'endorment tranquillement dans cet état, sans songer à en sortir, et sans s'inquiéter des suites de leur apathie. Les autres sont plus décidés, mais leurs difficultés sont si vaines et si frívoles qu'on ne peut assez s'étonner que des hommes de sens s'en rapportent à de tels motifs dans une affaire où leur sort éternel est compromis. N'est-ce pas une pitié de voir Ja plupart des incrédules citer comme des autorités l'opinion de quelques écrivains doués de plus d'esprit et de brillant, que de connoissances et de solidité, et au témoignage desquels ils se garderoient bien de déférer s'il s'agissoit du moindre de leurs intérêts temporels ? A des raisonnemens péremptoires, M. de Maccarthy a joint fréquemment des mouvemens éloquens. Il a opposé les fondemens solides sur lesquels notre foi s'appuie, aux assertions légères, aux systêmes contradictoires. aux foibles difficultés des incrédules. Sa composition nerveuse, son style plein, son débit noble et animé, se joignoient à l'intérêt du sujet pour captiver l'attention d'un auditoire nombreux; on y remarquoit entr'autres beaucoup d'hommes, et surtout des jeunes gens, dont plusieurs, comme aux conférences de M. Frayssinous, prenoient des notes, et faisoient l'extrait d'un discours digne en effet à tous égards d'être recueilli.

M. Rochelle, prêtre, demeurant à Saint-Calais, diocèse du Mans, vient de mourir dans cette ville après avoir reconnu les écarts où l'avoit entraîné la révolution. Il a dressé avant de mourir la déclaration suivante, qu'il a envoyée à M. l'évêque du Mans, avec une lettre pleine de sentimens d'humilité et de repentir. Cette déclaration nous est certifiée par l'autorité ecclésiastique, et nous n'en supprimons que quelques passages moins importans, pour abréger:

"Moi, Michel-Jacques Rochelle, habitant de Saint-Calais,

diacre du Mans, soussigné, animé du plus grand désir de me réconcilier avec Dieu, ai jugé à propos de réparer, autant qu'il m'est possible, les scandales que j'ai donnés aux chrétiens catholiques. Sous la main du Tout-Puissant, manus Dei tetigit me, les souffrances m'ont fait connoître mes torts et le besoin de recourir à lui. Je ne crains point le blâme du monde qui m'abandonne; ayant à me reprocher les écarts de l'enfant prodigue, il est juste que je manifeste les sentimens qui lui méritèrent sa grâce.

» Faut-il que j'aie méconnu la voix de la droite raison, de la conscience et des pasteurs légitimes! Faut-il que j'aie prêté l'oreille à celle d'une nature dépravée, de la crainte et de mon intérêt personnel! Que n'ai-je été fidele aux vrais principes de la foi des intrus ne m'eussent pas imposé les mains; je ne fusse pas entré dans un sacerdoce sans force et sans vigueur; je n'aurois pas quitté la communion de Pie VI et de Mr. de Gonssans, auxquels je devois obéissance; je n'eusse pas, malgré leurs défenses, partagé, pendant un an et demi, le ministère du téméraire usurpateur qui osa remplacer M. Drouelle, vénérable curé de cette ville. Je ne serois pas dans l'obligation, pour l'acquit de ma conscience, de publier la rétractation que je fais aujourd'hui, et la pro fession de foi que voici:

» Je crois en Dieu Père, Fils et Saint-Esprit; je crois toutes les vérités révélées et contenues dans les divines, Ecritures que l'Eglise catholique nous enseigne; je me soumets de bon cœur à son autorité, qui maintenant est déposée entre les mains de Pie VII, souverain Pontife régnant, et dans celles de tous les évêques qui le reconnoissent pour vicaire de JésusChrist et le chef de son Eglise. Je condamne, avec eux, la constitution civile du clergé qu'on a voulu substituer, en 1790, à la discipline de tous les siècles catholiques; je condamne, sans réserve quelconque, le serment qu'il m'a fallu faire pour exercer le ministère; je regrette bien sincèrement d'avoir, malgré les interdits et les irrégularités, consacré, confessé et beni des mariages; je gémis et pour moi et pour ceux qui m'ont employé, d'avoir été profanateur, et peutêtre la cause d'un mal irréparable; je les conjure, au nom de ce qu'ils ont de plus cher, d'abjurer les erreurs qu'ils ont partagées avec moi. Je les engage à recourir aux pasteurs légitimes, pour obtenir d'eux ce que je n'ai pu leur douner,

l'absolution de leurs péchés, et la validité de leurs mariages.

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Que je serois content, si, avant de mourir, j'apprenois que ma rétractation a réparé le mal que j'ai fait! Ah! si je pouvois le noyer dans mon sang! Je voudrois qu'il fut répandu jusqu'à la derniere goutte; mais quel mérite peut avoir ce sang coupable? O mon Sauveur, répandez une goutte du vôtre sur moi et sur mes infortunés complices, et nous serons lavés de nos iniquités.

» Le désir de voir ce témoignage de mon repentir opérer sur ceux que j'ai scandalisés, et pour lesquels j'ai été une pierre d'achoppement, me fait consentir qu'ils m'aient en horreur, pourvu qu'ils détestent les crimes que nous avons commis ensemble. Puissent-ils tous profiter de la bonté divine et de l'indulgence de l'Eglise, qui, comme sou divin Epoux, se réjouit du retour des pécheurs.

Pour finir cet aveu, déjà si pénible à l'orgueil, je confesse encore à tous mes frères en Jésus-Christ, que, malgré les engagemens du sous-diaconat et la sainteté du caractère sacerdotal, j'ai profité de cette liberté impie et scandaleuse offerte aux religieux et aux prêtres que l'Eglise obligeoit au célibat j'ai violé ses défenses; enfin, j'ai contracté un mariage civil. Ah! ce souvenir m'accable..... Quoique j'aie obtenu dispense de l'empêchement qui le rendoit nul, et que j'ai demandé la bénédiction nuptiale, je ne puis penser à cette faute sans frémir.

» J'ai fait connoître ces sentimens à MM. Jean-Julien Vaslin, Auguste-Antoine-Nicolas Anjubault la Borde, Michel Dolidon, René Blin, et à M. Beucher Dubourneuf, curé de Saint-Calais, le 20 novembre 1820. Je les approuve devant eux, et ils les ont signés, pour les rendre authentiques, comme ils sont réels et sincères ».

On nous a transmis de nouveaux renseignemens sur M. l'abbé Grandjean, curé de Versailles, mort le 14 octobre dernier. Cet excellent homme étoit né en 1757, et non en 1758, comme nous l'avions cru d'abord. Ses succès dans ses études avoient été très-brillans, et Jui avoient concilié la bienveillance de M. de Drouas, évêque de Toul. Ce prélat eut la satisfaction de voir

son jeune protégé remporter tous les premiers prix en rhétorique dans son college de Saint-Claude; c'étoit lui-même qui avoit fait la distribution des couronnes, et il avoit donné en cette occasion au jeune Grandjean des témoignages d'attachement. Malheureusement ce prélat mourut, le 21 octobre 1773, six semaines après celte distribution; et cette perte en fut une à bien des titres pour le jeune écolier. Nous avons vu qu'il s'étoit trouvé au séminaire sous l'abbé Lamourette, alors professeur, et il aimoit à raconter que lui ayant entendu un jour avancer, en classe, quelque proposition sémi-philosophique, il alla ensuite le trouver en particulier pour lui demander des explications, et lui proposer des difficultés. La première réponse de Lamourette fat qu'il n'avoit pas dû dire cela; mais le séininariste lui représentant qu'il l'avoit entendu, et que ses camarades l'avoient entendu comme lui, le professeur, poussé à bout, laissa échapper son secret par cette réponse : Jeune homme, si je l'ai dit, vous avez assez d'esprit pour sentir quelque jour pourquoi je l'ai dit. L'abbé Grandjean n'ayant pas trouvé dans M. de Champorcin, successeur de M. de Drouas, les mêmes bontés que dans ce dernier, quitta le diocèse, et vint à Paris, où il fut d'abord vicaire de Saint-Michel-sur-Orge, puis d'Athys. I occupa ces deux places peu de temps, et devint curé de Bretigny, vers 1785. Quelques personnes zélées pour l'honneur de sa mémoire nous ont su mauvais gré d'avoir dit qu'il avoit fait le serment. Nous leur demanderons la permission de croire que nous devions le dire. C'étoit une chose connue de tous ses amis, et que nous savions depuis long-temps. On nous eût reproché de n'en point parler dans un article assez étendu, et qui devoit offrir tout ce qui étoit relatif à notre ami. L'amitié ne nous obligeoit point, ce semble, à faire ce qui étoit notoire, et nous avons fait d'assez bon coeur l'éloge de l'abbé Grandjean pour qu'on ne nous soupçonne pas d'avoir voulu affliger sa

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