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d'hiver entre le Niémen et la Vistule. Tout semblait présager que la guerre s'arrêterait sur la frontière polonaise, mais un événement que la sagesse humaine ne pouvait ni prévoir ni prévenir se passait sur le Niémen, et détruisait de fond en comble toutes ces premières combi

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DANS la nuit du 9 au 10 janvier, on reçoit aux Tuileries les nouvelles suivantes :

Le général Yorck, qui, depuis Mittau, commandait l'arrière-garde prussienne du duc de Tarente, a profité de sa position pour conclure à Taurogen un arrangement amical avec le général russe de Diebitch, que jusqu'alors il avait combattu. C'est lui-même qui, le 31 décembre, a donné au duc de Tarente la nouvelle de sa défection: « Quel que soit, dit-il dans sa lettre, le » jugement que l'Europe portera de ma con» duite, j'en suis peu inquiet. »

Peu d'heures après, le général prussien Massenbach, qui était auprès du duc de Tarente avec une brigade prussienne, est sorti du camp français pour aller rejoindre le général Yorck.

Ainsi, le duc de Tarente a été abandonné, en présence de l'ennemi, par le corps auxiliaire qui

faisait sa principale force, et notre ligne du Niémen se trouve rompue aussitôt que formée.

Les suites de cet événement sont graves. A peine les débris de notre armée sont-ils arrivés dans leurs cantonnemens, qu'ils sont forcés de les quitter. Dans ce court intervalle de repos qui a succédé à tant de misères, l'armée semble n'avoir eu que le temps de faire des pertes nouvelles. Le changement survenu si vite dans la température et dans les alimens est fatal à ceux que la fatigue et la disette ont épuisés. Le prince de Neufchâtel est tombé malade; le général Lariboissière est mort; le général Éblé est mort: que d'autres encore, qui n'ont pas gelé sur les lits de neige des bivouacs, sont venus périr sous les édredons de la Prusse!

Le roi de Naples, commandant en chef de l'armée, a mis sa précipitation ordinaire dans la mesure qu'il a dû prendre. C'est le 31 décembre que le duc de Tarente a été abandonné des Prussiens; c'est le 1. janvier que le roi de Naples a quitté Koenisgberg, laissant à Pillau une garnison de douze cents hommes sous les ordres du général Castella, et posant à peine le pied à Elbing et Marienbourg. Tous nos corps d'armée sont replongés dans le désordre d'une retraite à volonté qui n'a plus de terme. C'est à qui se jettera derrière la Vistule, tandis que les Russes

affamés se précipitent sur les quartiers que nous abandonnons et profitent des ressources de tous genres que leur offre cette riche partie de la

Prusse.

Napoléon peut calculer alors ses revers dans toute leur étendue.

De grandes mesures deviennent nécessaires : ce qui suffisait hier ne suffit plus aujourd'hui. Des conjonctures imprévues commandent des sacrifices qu'on avait cru pouvoir éviter. L'inso

I

Murat, sans la défection d'Yorck, aurait pu réunir derrière le Niémen ou la Pregel, à l'époque du 5 janvier, :

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Indépendamment de ces quarante-deux mille hommes, Murat aurait formé une réserve avec ce qu'on aurait pu réunir de la garde et des deuxième, troisième, quatrième et neuvième corps. Ainsi, il aurait disposé de forces plus nombreuses que celles de Tchitchakof et Wittgenstein réunis, qui ne s'élevaient qu'à quarante mille hommes. (Histoire de l'expédition de Russie, par M. 't. 11, de la page 398.)

***

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note

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lence des vainqueurs de Louis XIV, et la honte des traités de Louis XV, semblent nous menacer, encore. C'est du retour de ces temps ignominieux qu'il s'agit de préserver la France; et l'empereur s'adresse avec confiance au patriotisme de la nation. Ses orateurs demandent :

100,000 hommes sur les cohortes,

100,000 sur les conscriptions des quatre dernières années,

et 150,000 sur la conscription de 1814.

350,000.

Ce qui, avec la conscription de 1813, déjà en marche, procurera à notre armée de Russie un renfort d'un demi-million de soldats.

A peine les paroles de détresse ont-elles été entendues, que les levées demandées sont votées par le sénat, et que toutes les villes s'empressent encore d'y ajouter des offres volontaires d'hommes et de chevaux pour remonter la cavalerie. << Tout l'empire, dit le conseil général de Paris, » s'empresse de pousser un cri de guerre una>> nime... Sire, votre bonne ville de Paris fe>>rait trop peu si elle n'obéissait qu'au devoir, >> elle vous supplie d'agréer l'offre d'un régi

Discours de M. Regnault de Sait-Jean-d'Angely.

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