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assez téméraires aujourd'hui pour y toucher! Napoléon le voit avec étonnement, avec inquiétude même, il a peine à concevoir que la peur qu'ils ont de sa force puisse les aveugler à ce point.

La défection de la Prusse donne aux alliés un renfort de cent mille hommes divisés en quatre

armées 1.

La première et la seconde, commandées par Yorck et Bulow, arrivent par Berlin sur les pas de Wittgenstein. Blücher, à la tête de la troisième, s'élance de Breslau à travers la Lusace,

adjuge à Napoléon la représentation de la révolution....... Ah! que c'est peu connaître ce qui s'est passé !............. Je dirais bien plus vrai en prenant une route absolument contraire..... Si Napoléon n'est plus à la tête de l'Europe, și la France a perdu ses conquêtes, ne serait-ce pas pour s'être séparé de la révolution ?........ Qui sait si un consul n'eût pas duré plus qu'un empereur ?.... Qui sait si des citoyens n'eussent pas défendu plus virilement leurs foyers contre les étrangers que ne l'ont fait des sujets?...... Qui sait jusqu'à quel point le retour d'une cour a détrempé nos âmes? (M. l'abbé de Pradt, 1821; tom. 1, pag. 263.)

'Les 42,000 hommes que la convention de Paris laissait à la Prusse ne passaient que six mois sous les armes, et 42,000 autres les remplaçaient pendant les six mois suide sorte que la Prusse exerçait par an le double de l'état militaire qui lui était accordé. (Voir l'ouvrage de M. de Monvéran, sur l'Angleterre, tom. vi, pag. 178.)

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pour joindre à Dresde les Russes de Wintzingerode et de Kutusoff. Tauenzien reste en arrière avec la quatrième pour faire le blocus des forteresses de l'Oder.

Heureusement la Prusse a mis, à couvrir sa défection, le temps qu'il fallait pour y porter remède.

Déjà, comme nous l'avons vu, le deuxième et cinquième corps d'armée, conduits par le général Lauriston et par le duc de Bellune sont arrivés sur l'Elbe et se sont ralliés au vice-roi. Un troisième, formé des divisions Dufour et Dumonceau va les y rejoindre, il part de Wezel, et, dirigé par le général Vandamme, prend la route de Brême et d'Osnabruck.

D'autres armées se forment encore avec ce qui reste à recevoir des levées décretées le 11 janvier. Chaque jour voit ces colonnes s'épaissir et s'étendre. Le maréchal Ney, qui vient d'être décoré du titre de prince de la Moskwa, et le duc de Raguse, qui arrive d'Espagne, sont partis de Paris pour aller en prendre le commandement. Le général de Wrède réunit une nouvelle armée bavaroise à Bamberg; nos alliés du Wurtemberg, de Darmstadt et de Bade préparent aussi de nouveaux contingens. Mais comment compter sur nos alliés ? La défection de la Prusse doit nous en faire prévoir bien d'autres!...

Napoléon, qui n'a jamais fait avancer une armée sans préparer aussitôt une réserve, pense que le moment des grandes précautions est venu. Désormais pour réserves ce ne sont plus des corps d'armée qui suffisent; il nous faut des conscriptions tout entières.

La levée de 1813 a paré aux événemens de Russie; la levée du mois de janvier nous donne le supplément de force que les derniers événemens de Prusse rendent nécessaires. Maintenant, pour faire face à tout ennemi nouveau qui surviendrait, Napoléon ordonne que la conscription de 1814 soit rendue disponible, et qu'elle soit complétée à cent quatre-vingt mille hommes par les classes antérieures !.

I

Trop de Français ont succombé sans doute dans ces guerres incessantes! mais «< il serait facile de prouver que » de toutes les puissances de l'Europe la France est celle >>> qui, depuis 1800, a le moins perdu.

>> L'Espagne, qui a éprouvé tant de défaites, a perdu da>> vantage dans la propórtion de sa population. Que l'on >> considère ce que l'Aragon seul a sacrifié à Sarragosse.

» Les levées de l'Autriche, détruites à Marengo, à Ho>> henlinden; celles de 1805 détruites à Ulm, à Auster» litz; celles de 1809 détruites à Eckmuhl, à Wagram, » ont été hors de proportion avec sa population.

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>> Dans ces campagnes, les armées françaises avaient >> avec elles des armées bavaroises, wurtembergeoises, >> saxonnes, polonaises, italiennes, suisses, qui compo

La désobéissance même nous fournira un supplément de ressources. Les états de la con

>> saient la moitié de la grande armée. L'autre moitié, sous

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l'aigle impériale, était pour un tiers composée de Hol» landais, de Belges, d'Allemands du Rhin, de Piémon>> tais, de Génois, de Romains, de Toscans.

» La Prusse perdit toute son armée, de 250 à 300,000 » hommes, dès sa première campagne en 1806...

» La Russie, en 1812, a perdu six fois plus que la >> France réduite à ses anciennes limites....

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» L'Angleterre a soldé le commerce des Indes par le plus pur de son sang versé en Flandre, dans la NordHollande, à Buenos - Ayres, à Saint- Domingue, en Égypte, à Flessingue, en Amérique.

L'augmentation de la population de la France, depuis 1800, vient à l'appui de ces calculs en réfutant de >> vaines déclamations proposées par l'ignorance ou la >> haine.....

>> Toutes les conscriptions décrétées n'étaient jamais en» tièrement livrées. Le nombre auquel on les taxait était une ruse de guerre pour imposer à l'étranger. (Voyez >> les états des réfractaires, etc.)

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>> C'est ce qui a toujours fait croire que les armées françaises étaient plus nombreuses qu'elles ne l'étaient en » effet.

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» Outre cela, on surchargeait d'un tiers les situations >> dans les ordres du jour, demandesde v ivres, etc.; c'é»tait convenu avec tous les commandans d'armée. » (Mémoires de Napoléon, écrits par le comte de Montholon, à Sainte-Hélène, tom. 11.)

scription présentent un total de cent soixante mille conscrits qui ne sont plus dans leurs familles, mais qui n'ont pas rejoint leurs drapeaux. Ce n'est rien moins qu'une grande armée qui s'est perdue en route. Mais les ministres promettent d'en retrouver la plus grande partie, et de la rendre à ses devoirs.

Enfin un grand nombre de jeunes gens de famille s'engourdissaient dans le fond des vieux châteaux de nos provinces. Leurs parens les y tenaient soigneusement à l'écart de la chance commune des combats. Cette sourde rébellion à la loi militaire révèle d'anciens mécontentemens qui pourraient devenir dangereux... Mais Napoléon aime mieux des compagnons de gloire que des otages. Le cri de la France en péril pénètre jusqu'aux oreilles de ces jeunes gens! On rouvre devant eux la carrière de leurs ancêtres, et dix mille s'y précipitent. Ils quittent avec empressement la veste de chasse pour l'uniforme; ils s'arment, ils s'équipent à leurs frais; ils montent à cheval et vont se réunir à Versailles, à Metz, à Tours et à Lyon, où les généraux de Pully, Lepic, de Ségur et Saint-Sulpice les attendent. Le choix de pareils chefs est un témoignage marquant de l'intérêt que Napoléon porte à cette brillante jeunesse et des espérances qu'il

met en elle.

TOME I. 2. Édit.

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