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Saint Grégoire, dans son Com- tirent d'un bois et dévorèrent mentaire sur le livre de Job, ex- quarante-deux de ces enfants. plique ce passage ainsi : «Huma- Cette histoire est la figure de tout nitas Christi fuit ut esca provo- ce qui arriva aux Juifs pendant cans dæmonem ad devorandum la Passion et après la Résurreceam, pertrahendumque in mor- tion de Notre-Seigneur. Les Juifs tem; divinitas autem ejusdem, ut se moquèrent de Jésus-Christ hamus sub escâ latitans, quâ dæ- exalté en croix, et lui dirent, mon incautus in maxilla est per- saint Matthieu, ch. xxvII, v. 40: foratus, quoniam, quum huma- « Si filius Dei es, descende de nitatem Christi sicut aliorum ho- cruce. » Aussi Dieu les maudit, minum deglutire voluit, virtute et quarante-deux ans après, Vesdeitatis illius perforatus, quam pasien et Titus fondirent sur Jévoraverat prædam amisit. » rusalem, comme deux ours qui s'élancent sur leur proie: la ville et le temple furent détruits, et le peuple juif fut dispersé.

« In cavernam, etc. » Pensée empruntée à Isaïe, ch. xi, v. 8: « In cavernam reguli, qui ablactatus fuerit, manum suam mit- 3 « David arreptitius.» David tet. » L'enfant nouvellement se- s'était refugié à Geth, ville des vré est Jésus-Christ lui-même Philistins, chez le roi Achis, que personne n'a pu convaincre pour échapper à la colère dé de péché, a draconis immunis Saül. Là, ayant appris que les malitia. Le basilic, nommé re- serviteurs d'Achis représentaient gulus, parce qu'il est le roi des à ce roi qu'il était le meurtrier serpents, désigne ici le démon. du plus vaillant des Philistins, La caverne du basilic est l'i- de Goliath, il contrefit l'insensé, mage de ce monde dans lequel pour qu'on ne prit point quelSatan a établi sa demeure. Enfin, que violente résolution contre la main de l'enfant nouvellement lui, et il put, de cette manière, sevré, représente la puissance de échapper à ses ennemis. Voyez Jésus-Christ qui a chassé de ce les Rois, livre I, ch. xxi, v. 10 monde l'antique serpent trop à 15. 4 longtemps adoré ici-bas sous la figure des idoles du paganisme.

2 « Irrisores, etc. On lit dans le quatrième livre des Rois, ch. 11, v. 23, 24, qu'Elisée montait la route de Béthel, lorsque de jeunes enfants sortirent de la ville et le raillèrent en disant: «Ascende, calve, ascende, calve; » que le prophète jeta les yeux sur ces enfants et les maudit au nom du Seigneur; qu'alors deux ours sor

Hircus emissarius. >> » Pour purifier le sanctuaire, le grandprêtre devait offrir deux boucs au Seigneur : l'un de ces boucs était immolé, mais l'autre, c'està-dire le bouc émissaire, était présenté vivant, et ensuite envoyé dans le désert. Voyez le Lévitique, ch. XVI, v. 10 et 21.

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« Passer. » Pour purifier un lépreux, on offrait deux passereaux au Seigneur : l'un était

In maxillâ mille sternit,
Et de tribu 2 suâ spernit

Samson matrimonium; Samson Gazæ seras 3 pandit, Et asportans portas scandit Montis supercilium.

Sic de Judâ leo fortis 4, Fractis portis diræ mortis, Die surgit tertiâ ;

immolé, l'autre était épargné et relâché. Voyez le Lévitique, ch. XIV, v. 4 à 8.- David contrefaisant le fou le bouc émissaire et le passereau, sont trois figures de Jésus Christ échappant aux Juifs malgré les gardes qu'ils avaient placés à l'entrée du sépulcre pour empêcher qu'on enlevât son corps et qu'on fit croire à sa résurrection.

1 << In maxillâ, etc. » Samson tuant mille Philistins avec une mâchoire d'âne, est la figure de Jésus-Christ terrassant les mille démons qui étaient adorés ici-bas sous la figure des idoles païennes. Voyez les Juges, ch. xv, v. 15.

2 « De tribu, etc. » On lit dans les Jug, ch. XIV, v. 1 à 3, que Samson, descendant à Thamnata, vit une fille des Philistins, et la demanda en mariage, bien qu'on lui conseillât de ne point prendre une épouse chez un peuple infidèle et incirconcis. Jésus-Christ aussi a choisi l'Eglise, sa divine épouse, chez les Gentils, plutôt que chez les Juifs, à cause de l'aveuglement et de l'incrédulité de son peuple. 3 «Gazæ seras, etc. »> Voyez, page 423, note 1.

4 « De Judâ leo fortis. » Nom que saint Jean donne à JésusChrist dans l'Apocalypse, chapitre 5, v. 5.

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«Veri Jonæ signativum, figure du véritable Jonas. Dans saint Matthieu, ch. xII, v. 39, Jésus-Christ répond aux Juifs qui lui demandent un miracle: « Generatio mala et adultera signum quærit, et signum non dabitur ei, nisi signum Jonæ prophetæ. » Voyez Jonas, chapitre II, v. 1. Les trois jours et les trois nuits que Jonas passa dans le ventre de la baleine, représentent les trois jours et les trois nuits que Jésus-Christ passa dans le sein de la terre.

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Botrus, etc. » Dans le Cantique des cantiques, chapitre 1, v. 14, l'épouse dit en parlant de l'époux : « Botrus Cypri dilectus meus mihi, in vineis Engaddi. » Saint Bernard, dans son XLIVe sermon sur le cantique de alomon, fait remarquer que l'époux de l'Eglise, Jésus-Christ, est appelé ici Bo

Synagogæ flos marcescit, Et floret Ecclesia.

Mors et vita conflixere, Resurrexit Christus verè, Et cum Christo surrexere Multi testes gloriæ.

Mane novum 2, mane lætum Vespertinum tergat fletum, Quia vita vicit letum : Tempus est lætitiæ.

trus Cypri, à cause de la résurrection, tandis que, dans le verset qui précède, il est appelé fasciculus myrrhæ, à cause de l'amertume de sa passion. « Reflorescit » fait donc allusion à la résurrection, et « dilatatur et excrescit» à la propagation de la doctrine chrétienne.

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Mors et vita conflixere, etc. » Voyez le Victimæ paschali, page 388, note 2.

«Mane novum, etc. » Ps. XXIX, v. 6: «Ad vesperum demorabitur fletus et ad matutirum lætitia.» Saint Jérôme commente ainsi ce verset : « Ad vesperum demorabitur fletus, quia passo et sepulto Domino apostoli et mulieres in fletu et gemitu demorabantur. Et ad matutinum lætitia, quia mane (saint Marc, ch. xvi, v. 9) venientes ad sepulcrum gloriam resurrectionis ab angelis acceperunt. »

3 Les deux dernières strophes renferment chacune cinq vers. Les quatre premiers vers riment ensemble; ils ont huit syllabes et la pénultième longue. Le cinquième vers a sept syllabes et la pénultième brève; il rime avec le cinquième vers de la strophe correspondante.

« Vita. » Evangile de saint Jean, ch. XIV, v. 6: «Ego sum via et veritas et vita. >>

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« Vivax unda. » Dans Jéré mie, ch. 11, v. 13, le Seigneur dit en parlant des Israélites: « Me dereliquerunt fontem aquæ vivæ. » Voyez aussi dans saint Jean, ch. IV, v. 10 à 15, l'entretien d Jésus-Christ avec la Samaritaine. « Vera vitis. » Saint Jean, ch. xv, v. 1: « Ego sum vera vitis. »

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«Morte secundâ. » Apocalypse, ch. xx, v. 14 : « Et infernus et mors missi sunt in stagnum ignis. Hæc est mors secunda.»

9 En terminant la lecture de cette magnifique séquence, nous restons frappés d'admiration. Jamais tant d'idées sublimes n'ont été exprimées en un plus petit nombre de mots. Quels beaux mou vements lyriques! quel riche assemblage et quel heureux enchaînement de figures tirées de l'Ecriture sainte! quelle marche libre et naturelle ! Commece style est simple, précis, ferme et rapide! Ici, point de négligences ni de longueurs; point de ces mots oiseux qui ne contribuent qu'à l'ornement du langage; point de ces épithètes parasites qui ne servent qu'à dissimuler la pauvreté de l'inspiration ou qui ne sont destinés qu'à amener la rime.

VII. In festis Paschalibus.

Lux1 illuxit dominica, Lux insignis, lux unica, Lux lucis2 et lætitiæ, Lux immortalis gloriæ.

Diem mundi conditio 3 Commendat ab initio Quam Christi resurrectio Ditavit privilegio.

In spe perennis gaudii, Lucis exultent filii 4. Vindicent membra meritis Conformitatem capitis 5!

Malgré les entraves de la versification, chaque mot ajoute une idée à l'idée qui précède. Il y a dans cette perfection absolue quelque chose de prodigieux, surtout s'il est vrai, comme l'a prétendu Thomas de Cantinpré, qu'Adam de Saint-Victor dictait et peut-être même improvisait ses poèmes à haute voix.

Vers ïambiques dimètres libres. Les strophes sont tantôt monorimes, comme la seconde, tantôt à rimes plates, comme la première, tantôt à rimes croisées, comme la quatrième.

2 « Lucis, lumière. Partout ailleurs ce mot est au nominatif et signifie jour.

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Conditio. » Ce substantif, dérivé du verbe « condere, » fonder, créer, est pris ici dans le sens de fondation, création. Le dimanche (jour du Seigneur) est le premier jour de la semaine, parce qu'il est le premier jour de la création c'est le dimanche que Dieu commença son œuvre par la création de la lumière.

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› Membra sperent 5 singula.

Pascha 6 nostrum Christus est, Qui pro nobis passus est, Agnus sine macula.

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Hostis qui nos circuit, Prædam Christus eruit: Quod Samson præcinuit, Dum leonem lacerat 8.

David fortis viribus
A leonis unguibus
Et ab ursi faucibus
Gregem Patris liberat.

l'hymne Ad cœnam agni providi, page 63.

« Les deux strophes suivantes renferment quatre vers de sept syllabes qui ont la pénultième brève. Les trois premiers riment ensemble, le quatrième rime avec le quatrième de la strophe correspondante.

3 Leonem lacerat. » Voyez les Juges, ch. xiv, v. 5 et 6. Le lion déchiré par Samson est la figure du démon vaincu par Jésus-Christ. De là ces paroles de saint Pierre, Epitre I, ch. v, v. 8: « Vigilate, quia adversarius vester diabolus, tauquam leo rugiens circuit, quærens quem de

voret.

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