Page images
PDF
EPUB

Congruunt mysteria. Frons est Christus protegendo, Flos dulcore, nux pascendo 1, Ros cœlesti gratiâ 2.

Cur 3, quòd virgo peperit Est Judæis scandalum, Quum virga produxerit Sicca sic amygdalum?

Contemplemur adhuc nucem; Nam, prolata nux in lucem, Lucis est mysterium 4. Trinam 5 gerens unionem, Tria confert unctionem, Lumen et edulium.

Nux est Christus, cortex nucis

1 ◄ Pascendo. » Jésus-Christ nourrit les fidèles de sa doctrine salutaire; il les nourrit aussi de sa chair et de son sang; Evangile selon saint Jean, ch. vi, v. 56: «Caro mea verè est cibus, et sanguis meus verè est potus. »

2 « Ros cœlesti gratiâ. » Semblable à la rosée du ciel qui détrempe la terre desséchée par les feux du jour et la rend propre à fortifier les plantes, et à produire les fleurs et les fruits, JésusChrist répand les grâces du ciel dans les cœurs desséchés par les flammes impures des vices et des passions, et fait naître en eux le fruit des bonnes œuvres.

3

« Mème rhythme que la douzième strophe de la séquence Heri mundus exultavit.Voy. page 468, note 5.

4 « Contemplemur.... mysterium. » Considérons encore la noix; car si nous en connaissons bien la nature, nous voyons qu'elle est le mystérieux emblème de la lumière.. - « Lucis» désigne Jésus-Christ; saint Jean,

Circa carnem pœna crucis,
Testa corpus osseum.
Carne tecta Deitas,
Et Christi suavitas,
Signatur per nucleum 6.

Lux est cæcis, et unguentum
Christus ægris, et fomentum 7
Piis animalibus.

O quàm dulce sacramentum 8!
Fonum carnis 9 in frumentum 10
Convertit fidelibus.

Quos sub umbrâ sacramenti,
Jesu, pascis in præsenti,
Tuo vultu satia.
Splendor Patri coæterne,
Nos hinc transfer ad paternæ
Claritatis gaudia.

ch. 1, v. 9: « Erat lux vera quæ illuminat omnem hominem, etc.>>

« Trinam, etc.,» triple en une seule substance, la noix est la source de trois bienfaits.

6 « Cortex, testa, nucleus,» le brou, la coquille, l'amande. « Cortex» représente la passion de Jésus Christ, à cause de son amertume; « testa,» la charpente osseuse de son corps, c'est-à-dire sa nature humaine, à cause de sa dureté; et « nucleus, »> sa nature divine, à cause de sa saveur douce et agréable.

[merged small][ocr errors]

Fomentum,» nourriture. Unguentum, lux et fomentum correspondent à unctionem, lumen et edulium, qui terminent une des strophes précédentes.

8 « Sacramentum. » Le sacrement de l'Eucharistie.

9

« Fœnum carnis.» Par allusion à ce passage d'Isaïe, chapitre XL, v. 6: «Omnis caro fœnum et omnis gloria ejus quasi flos agri; » le poète appelle ainsi le corps humain revêtu par Jésus-Christ.

[blocks in formation]

IV. In festis Paschalibus, de Beatà Virgine.

[blocks in formation]

pain céleste et vivifiant, que l'on donne aux fidèles sous la forme de l'hostie.

Imitation très-remarquable du Victima paschali. Le Victimæ paschali a pour sujet la Résurrection; Adam de Saint-Victor reproduit le tour dramatique et souvent même les paroles de cette prose, pour les appliquer à un autre sujet, la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ; enfin, il se sert du rhythmé employé par Notker, comme d'une espèce de moule dans lequel il jette des idées différentes avec une habileté extraordinaire.

2 « Abstulit.» Sous-entendu « vitam dont l'idée est con

[blocks in formation]

V. De Resurrectione Domini.

Mundi renovatio

Nova parit gaudia;
Resurgenti Domino
Corresurgunt 2 omnia.
Elementa serviunt,
Et auctoris sentiunt
Quanta sint solemnia.

Ignis 3 volat mobilis,
Et aër volubilis,
Fluit aqua labilis,
Terra manet stabílis,
Alta petunt levia,
Centrum tenent gravià,
Renovantur omnia.

Cœlum fit serenius,
Et mare tranquillius;
Spirat aura leviùs,
Vallis nostra floruit.
Revirescunt arida,

4

Recalescunt frigida
Post quæ ver intepuit.

Gelu mortis solvitur,
Princeps mundi tollitur,
Et ejus destruitur
In nobis imperium ;
Dum tenere voluit
In quo nihil habuit 5,
Jus amisit proprium.

Vita 6 mortem superat ;
Homo jam recuperat,
Quod priùs amiserat,
Paradisi gaudium :

Viam præbet7 facilem,
Cherubim versatilem,
Ut Deus promiserat,
Amovendo gladium 8.

« Quæ. » Ce relatif a pour antécédent « frigida. »

[ocr errors]

« illum. »

Les quatre premières stro3 « Ignis etc.» Développephes de cette séquence renferment ment de l'idée contenue dans sept vers de sept syllabes, dont le vers: « Elementa serviunt, la pénultième est brève. Dans la les éléments obéissent. première strophe, les quatre premiers vers sont liés par des rímes croisées; le cinquième rime avec « Tenere. >> Sous-entendu le sixième, et le septième avec le In quo nihil hadeuxième et le quatrième. Dans buit. » Jésus-Christ a dit luila seconde strophe, les quatre même, Evangile de saint Jean, premiers vers ont la même rime, ch. xiv, v. 30 : « Venit princeps ainsi que les trois derniers. Dans mundi hujus, et in me non habet la troisième et la quatrième stro- quidquam. phe, les trois premiers vers riment ensemble; le quatrième vers rime avec le septième, et le cinquième avec le sixième.

2 Corresurgunt.» Verbe composé de cum et de « resurgere. » Cette séquence a beaucoup de rapport avec l'hymne Salve, fesia dies, page 330, et le morceau d'Abailard sur la résurrection et sur le retour du prin. temps, page 423.

6 « Dans ces deux dernières strophes dont tous les vers ont sept syllabes et la pénultième brève, les deux premiers vers riment ensemble; le troisième rime avec le troisième, et le quatrième avec le quatrième vers de la strophe correspondante. Præbet. D Sujet sous-entendu vita,» c'est-à-dire « Christus. »

7

• Construisez : a Amovendo

[blocks in formation]

gladium versatilem Cherubim.>> Cherubim,» mot indéclina ble, est ici au génitif. On lit dans la Genèse, chap. ш, v. 24, qu'après avoir chassé l'homme du paradis, Dieu mit à l'entrée du jardín de délices un chérubin avec un glaive de feu qu'il agitait toujours, pour garder le chemin qui conduisait à l'arbre de vie.

Les deux premières strophes, et les sixième, huitième, dixième et onzième strophes ont le même rhythme que la première strophe de la séquence Heri mundus exultavit. Voyez, page 466, note 1.

. «< Zyma vetus expurgetur. >> Le levain, dans l'Ecriture, est le type et l'expression du péché. C'est en ce sens que les Juifs reçoivent l'ordre (Exode, ch. xII, v. 15) de manger l'agneau pascal avec le pain sans levain, et de ne point mêler de ferment dans le sacrifice offert au Seigneur. Voy. le Lévitique, ch. 1, v. 11.Saint Paul aux Corinth. Epître I, ch. v, v. 7: « Expurgate vetus fermentum, ut sitis nova conspersio."

«Hæc, etc.» Le jour de la Résurrection est préfiguré dans l'ancienne loi par le jour où les Hébreux dépouillèrent les Egyptiens (Voyez page 155, note 4) et furent délivrés du joug de Pharaon.

4 << Opus servitutis. » Voyez l'Exode, ch. I.

Cette strophe renferme trois vers les deux premiers riment ensemble, ils ont huit syllabes et la pénultième longue; le troisième vers n'a que sept syllabes et la pénultième brève, et il rime avec le troisième vers de la strophe suivante.

6 Cette strophe renferme trois vers. Les deux premiers riment ensemble; ils ont dix syllabes et la pénultième brève, et ils sont coupés comme les vers français de dix syllabes. Le troisième vers a sept syllabes et la pénultième brève; il rime avec le troisième vers de la strophe précédente.

7 α Hæc... Dominus, etc. » Ce beau mouvement lyrique est emprunté, en partie du moins, au psaume cxvil, v. 24: « Hæc dies quam fecit Dominus, exultemus et lætemur in eâ. ».

Lex1 est umbra futurorum 2. Christus, finis promissorum 3, Qui consummat omnia; Christi sanguis igneam Hebetavit romphæam Amotâ custodiâ.

Puer 5 nostri forma risûs, Pro quo6 vervex est occisus, Vitæ signat gaudium. Joseph exit de cisternâ,

[ocr errors]

1 « Lex,» l'ancienne loi. Cette strophe, ainsi que la septième et la neuvième out le même rhythme que la troisième strophe de la séquence Heri mundus exultavit. Voyez, page 466, note 1. 2 « Umbra futurorum. » Saint Paul développe cette pensée dans plusieurs passages de ses Epitres. Voyez, Epitre aux Hébreux, chapitre x, v. I, et Ep. aux Coloss., ch. II, v. 17.

3 «Finis promissorum. » Voy. saint Paul, Epitre II aux Cor., ch. 1, v. 20, et Ep. aux Romains, ch. x, v. 4.

4 «

Igneam romphæam. » Nous avons déjà parlé du glaive de feu placé à l'entrée du paradis. Voy. page 475, note 8.

3

[ocr errors]

« Puér. Isaac, nommé ainsi à cause de la joie que sa naissance causa à sa mère. Sara, après l'avoir enfanté, prononça ces paroles, Genèse, ch. xxi, v. 6: « Risum fecit mihi Deus, et quicumque audierit, corridebit mihi. »

6 « Pro quo, etc. » Isaac, fils unique d'Abraham et de Sara, près d'être immolé par son père, et échappantà la mort par le sacrifice du bélier, préfigure à la fois la Passion et la Résurrection du Fils unique de Dieu.

7

Joseph, etc. » Voyez la Genèse, ch. xxxvii, v. 28.

8 « Hic dracones, etc. » Par

[blocks in formation]

l'ordre du Seigneur, Aaron jeta une verge devant Pharaon et ses serviteurs, et cette verge fut changée en une couleuvre. Par l'ordre de Pharaon, des enchanteurs et des magiciens jetèrent à leur tour des verges à terre, elles se changèrent en serpents qui furent dévorés par celui d'Aaron. Voyez l'Exode, chapitre vii, v. 8 à 12. La couleuvre dévorant les serpents est la figure de Jé. sus-Christ anéantissant le culte des faux dieux.

9

« Quos ignitus, etc. » Le serpent d'airain, érigé par Moïse dans le désert, pour guérir les Israélites blessés par les serpents de feu, est la figure de JésusChrist étendu sur l'arbre de la croix pour le salut du genre humain. Voyez les Nombres, chapitre XXI, v. 5 à 9. Jésus-Christ s'est appliqué lui-même cette figure; Evang. selon saint Jean, ch. III, v. 14: «Sicut Moses exaltavit serpentem in deserto, ita exaltari oportet Filium hominis, ut omnis, qui credit in ipsum, non pereat, sed habeat vitam æternam. »>

10 « Anguem, etc. » Job (chapitre XL, V. 20) dit en parlant du démon, qu'il désigne sous le nom de Léviathan: An extrahere poteris Leviathan hamo, aut armillâ perforabis maxillam ejus? »

« PreviousContinue »