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Constituit, sævosque super pius extulit hostes,
Quò subjecta meus temnat certamina vertex.

Ibo igitur sacri veneranda per atria templi,
Ac munus laudum Christi devotus ad aram
Persolvam, gaudensque melos et carmina dicam :
« O Deus ætherei censor mitissime regni,
Pande salutiferas moestis clamoribus aures,
Quosque gemens fundo miseratus respice fletus.
Te mea vult facies, te mens, te corda precantur,
Conspectum faciemque tuam, pater alme, requiro.
Neve pios oculos, sanctum neu subtrahe vultum,
Neu famulum Dominus, bello incumbente, relinque.
Esto mihi clemens potiùs fidusque patronus,
Nec me contemptum truculentis desere monstris.
Meme quippe feri quondam liquêre parentes1;
At bonus hic Dominus dulci pietate refovit.
Pande mihi rectum perplexa per avia callem,
Legis et eximiam tribuas fulgere lucernam 2,
Ne ferro accinctos incurram nescius hostes;
Sed duce te gradjar inimica per agmina tutus.
Nam me falsiloqui cinxerunt undique testes:
Nil tamen insontem mendacia vana nocebunt,
Sed mendax proprium portabit lingua reatum.
Ast ego confido Domini quòd gaudia larga
Vitali in patria lætus sine fine videbo.
Exspecta Dominum constanti corde benignum,
Semper et adversis conflige viriliter armis :
Nam bona perpetui patiens feret inclyta regni.

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« Vitali patriâ, » ́la patrie, la terre des vivants.

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Patiens, » celui qui souffre avec patience, «feret,» obtiendra.

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Saint Notker, surnommé le Bègue, naquit dans le canton de Thurgovie vers l'an 840 de J.-C. Il revêtit l'habit monastique, et fit ses études au monastère de Saint-Gall sous la direction d'Ison. Il devint un musicien très-habile, sans négliger l'étude de l'Ecriture sainte. Après la mort de sou maître Ison, il fut chargé de diriger les écoles du monastère et forma des disciples célèbres. Il mourut en odeur de sainteté le 6 avril 912. On a prétendu qu'il était l'inventeur des séquences; mais il a déclaré dans ses ouvrages qu'il avait fait les siennes sur le modèle de celles qu'il avait trouvées dans l'antiphonaire de l'abbaye de Jumièges en Neustrie. Cette déclaration fournit une preuve nouvelle à l'appui de notre opinion que l'Ile-de-France, la Normandie, la Picardie et la Champagne peuvent revendiquer l'honneur d'avoir donné naissance aux arts et à la littérature gothiques.

SÉQUENCES'.

I. In die sancto Paschæ.

Victimæ paschali2 laudes

1 Les séquences ou proses sont de deux sortes régulières et irrégulières. Les séquences ir régulières ont précédé les séquences régulières; elles sont divisées en versets, mais elles ne sont pas assujetties à des règles fixes de versification, en sorte qu'elles n'ont point un rhythme régulier. Cependant elles ne laissent pas d'avoir un caractère lyrique, parce que le poète s'attache & former une suite de sons harmonieux et de périodes éminemment musicales. Par la même raison, elles offrent des traces d'assonance, de rime, et même de numération des syllabes; quelquefois la même assonance se reproduit constamment à la fin de chaque verset et d'un bout de la pièce à l'autre. Quant aux séquences régulières, elles sont divisées en strophes et soumises à des règles fixes, de sorte que le rhythme en est régulier.

Immolent 3 Christiani.

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2 Dans le « Victimæ paschali le milieu des versets correspond avec la fin par des assonances intérieures : « Paschali, christiani; oves, peccatores, etc. » Cette séquence, irrégulière du reste, offre aussi des traces de numération des syllabes. Mais avant tout, ce qu'il faut remarquer en elle, c'est la forme dramatique du dialogue. Dans les trois premiers versets, l'Eglise s'adresse aux fidèles; puis survient un dialogue entre les Apôtres et sainte Marie-Madeleine, et le peuple s'écrie après la déclaration des Apôtres : « Tu nobis, etc., » Ms. 904. Bibl. imp.

3 << Laudes immolent, »> offrent un sacrifice de louanges. Toutes les paroles, toutes les actions qui tendent à glorifier Dieu, sont une espèce d'immolation ou de sacrifice spirituel, que l'homme fait en son honneur. C'est en ce sens que le Psalmiste a dit, Ps. CXL, v. 2: « Dirigatur oratio mea, si

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Angelicos testes,
Sudarium et vestes.

Surrexit Christus, spes mea: Præcedet vos 4 in Galilæam.

Credendum est magis soli
Mariæ veraci,

Quàm Judæorum turbæ fallaci 5.

Scimus Christum surrexisse
A mortuis verè " 6

Tu nobis victor Rex, miserere.

II. In Nativitate Domini.

Eia recolamus laudibus piis digna

Hujus diei carmina, in quà nobis lux oritur gratissima.
Noctis interit nebula 9; pereunt nostri criminis umbracula.

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Agnus.» Voyez l'Evangile selon saint Jean, ch. 1, v. 29. « Oves. » Psaume XCIV, v. 7: «Nos autem populus ejus et oves pascuæ ejus.»

en cet endroit. Ce ne fut qu'en 1817 que nous trouvâmes, dans plusieurs manuscrits, l'explication de cette irrégularité qui nous avait frappé.

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« Surrexisse... verè.» Evangile selon saint Luc, ch. xxiv, v. 34: « Surrexit Dominus verè. »

2 « Duello,» guerre, combat. 7 Tous les versets de cette sé3 «Sepulcrum, » etc. Voyez quence irrégulière sont liés entre l'Evangile selon saint Jean, ch. xx. eux par des assonances en a: 4 « Præcedet vos, etc. Jesus- Digna, gratissima, umbracuChrist avait prédit à ses disciples la, etc. » De plus, une ou pluqu'il les précéderait en Galilée. sieurs assonances en a répondent Voyez saint Matthieu, ch. xxvi, dans l'intérieur même de chaque verset à l'asson ince de la fin : « Eia, digna, carmina, gratissima, etc. » Nous avons confronté les textes publiés par Clichtove et par Daniel avec le texte que renferme le Manuscrit 90 de la Bibl imp.

v. 32.

5 «Turbæ fallaci.» Voyez saint Matthieu, ch. XXVIII, v. 11 à 16. Cette strophe a été retranchée dans les éditions imprimées. Elle était chantée sur la même phrase musicale que la dernière strophe « Scimus Christum. » Comme les strophes de cette séquence sont groupées deux à deux sous un rhythme et un chant identiques, cette pièce nous avait toujours paru défectueuse

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<< Lux gratissima. » Evangile selon saint Jean, ch. 1, v. 9: « Erat lux vera quæ illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum. »

«Noctis, nebula. » Nous

Hodie sæculo maris stella1 est enixa novæ salutis gaudia; Quem 2 tremunt barathra, mors cruenta pavet ipsa, a quo peribit mortua.

Gemit capta pestis antiqua; coluber lividus perdit spolia 3.
Homo lapsus, ovis abducta, revocatur ad æterna gaudia.
Gaudent in hâc die agmina angelorum cœlestia,

Quia erat drachma decima perdita, et est inventa.
O proles nimiùm beata, quâ redempta est natura!
Deus, qui creavit omnia, nascitur ex feminâ.

Mirabilis natura, mirificè induta; assumens quod non erat, manens quod erat.

Induitur naturâ divinitas humanâ: quis audivit talia, dic, rogo, facta?

Quærere venerat pastor pius quod perierat.
Induit galeam; certat, ut miles, armaturâ.
Prostratus in sua propria ruit hostis spicula.
Auferuntur tela in quibus fidebat ;

Divisa sunt illius spolia; capta præda sua 7.
Christi pugna fortissima salus nostra est vera,
Qui nos suam ad patriam duxit post victoriam,
In quâ sibi laus est æterna.

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