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Quibus repostus mentibus est Deus.
Tormenta torsit fortia corpore:
Lassante pœnâ3 crevit amor crucis.

Si scire posses vincere martyrem*,
Vesane tortor, parcere disceres.
Flammas, flagellum, carnifices, rotas,
Cui crux sequenda est, non metuit nimis.
Hanc quum caminis igne crepantibus
Jussisse fertur præcipitem dari
Priscus, veneni fonte nocentior 6
. (Nam sic feralem tempore sordido?
Dixere sanctæ virginis arbitrum),
Hujus ministri dum cuperent nimis
Fornacis escæ tradere martyrem,
Lux tunc olympi luce serenior

Opus removit sæva volentium®,

Cum voce monstrant qui gladium simul :
«Nos hinc, precamur, dirige Tartaro;
Nam nostra sanctam non violat 10

manus. >>

Turgescit illi 11 felle jecur calens :
Mox saxa, fossas, verbera, bestias,
Majus venenum, blanditias 12 parat,
Quibus virago fortiter obstitit.

« Quibus.... » Sous-entendu « illi. » Ceux dont les âmes sont remplies de Dieu délient leurs cœurs des chaînes périssables.

2 « Tormenta torsit fortia corpore.»Le sujet est «<Euphemia.»> Son courage fait tordre sur son corps les durs instruments du supplice. Remarquez l'énergie imitative des mots « tormenta torsit. >>

3 «Lassante pœnâ... » Quand la douleur se lasse. Cette pensée est naturelle; lorsque dans les grandes maladies la souffrance atteint son paroxysme, elle semble ne plus être.

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« Vincere martyrem... » Le martyr est un vainqueur.

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« Cui,» sous-entendu «< ille.»> 6 « Veneni fonte nocentior,>> plus funeste qu'un empoisonneur public, se rapportant à « Priscus. >>

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» en ce

Tempore sordido, temps d'ignominieuse mémoire. Opus removit sæva volentium,» ajourna l'exécution des desseins cruels des bourreaux.

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« Qui..., » les bourreaux qui s'adressent au proconsul. 10 « Violat pour « violabit. »> « Illi. » Priscus dont le foie se gonfle de fiel et bouillonne de rage.

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« Blanditias parat, »> il lui prépare un poison plus subtil encore, l'appât de la flatterie,

Helpidie vivait dans la première moitié du vie siècle. Elle était la femme du célèbre Boèce qui fut mis à mort en 524, ainsi que son beau père Symmaque, par ordre de Théodoric, roi des Ostrogoths.

HYMNES'.

1. De sanctis Apostolis Petro et Paulo.

Aurea luce et decore roseo 2,
Lux lucis, omne perfudisti sæculum,
Decorans cœlos inclyto martyrio
Hâc sacrâ die, quæ dat reis veniam.

Janitor cœli, doctor orbis pariter,
Judices sæcli, vera mundi lumina “,

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veur. Ce sont eux qui ont fait connaître aux hommes la gloire de Dieu et sa justice; aussi leur at-on appliqué les passages suivants de l'Ecriture: « Coeli enarrant gloriam Dei. » Psaume XVIII, v. 1; et « Annuntiaverunt cœli justitiam ejus. » Psaume XCVI, v. 6.

4 < Janitor cœli. » Evangile selon saint Matthieu, ch. xvi, V. 19.« Judices sæcli. » Evangile selon saint Matthieu, ch. xix, v. 28; saint Paul, I Epître aux Corinthiens, ch. vi, v. 3..- « Mundi lumina. »> Evangile selon saint Matthieu, ch. v, v. 14,

Per crucem alter, alter ense triumphans
Vitæ senatum laureati possident 1.

Jam bone pastor Petre, clemens accipe
Vota precantûm et peccati vincula
Resolve, tibi potestate traditâ,

Quâ 2 cunctis cœlum verbo claudis, aperis.

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2 « Tibi potestate traditâ, quâ,» puisque tu as reçu le pouvoir en vertu duquel, etc.

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« Mente, etc. » Saint Paul fut ravi jusqu'au troisième ciel. C'est pourquoi les fidèles lui demandent de les transporter en esprit jusque dans le ciel, pour que leur pensée se détache des choses de la terre.

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« Ex parte cognoscimus, quum autem venerit quod perfectum est; evacuabitur quod ex parte est. >> « Ex parte,» imparfaite

ment.

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«Olivæ binæ. » L'homme juste est comparé à l'olivier dans l'Ecriture. Voyez (saume LI, V. 8. De plus on lit dans l'Apocalypse, ch. xi, v. 4 : « Hi sunt duæ olivæ et duo candelabra in conspectu Domini terræ stantes. >> Eufin la doctrine évangélique, prêchée par saint Pierre et saint Paul, est comparable à une huile salutaire qui guérit les blessures du péché.

« Fide, spe, charitatis. >> Les trois vertus théologales. — <«< Geminæ. » La charité consiste dans la pratique du double précepte de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain. Voyez saint Matthieu, ch. xxII, v. 36 à 40.

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Quodcumque vinclis super terram strinxerit,
Erit in astris religatum fortiter,
Et quod resolvit in terris arbitrio
Erit solutum super coeli radium;
In fine mundi, erit judex sæculi.

« Catenarum laqueos rupit. » Jeté en prison par Hérode, saint Pierre fut délivré de ses chaînes par un ange; voyez les Actes des Apôtres, ch. xi..

2 « Luporum. » Ce mot est pris figurément comme dans la parabole du bon pasteur. Voyez saint Jean, Evangile, ch. x, v. 12.

On s'étonnera peut-être de ne pas voir figurer parmi nos auteurs Boèce lui-même, beaucoup plus connu que la plupart d'entre eux. Nous avouons que malgré notre admiration pour son profond savoir, l'élévation de son génie, les qualités de son style et de ses vers, le titre même de bienheureux que l'injustice de son dernier supplice lui a un instant mérité et que l'Eglise n'a pas confirmé, nous n'avons pas trouvé assez souvent le nom de Jésus-Christ dans les Consolations de la Philosophie; que cette Philosophie même ne nous a semblé ni la sœur, ni la parente, ni même la servante (ancilla Theologia) de Béatrix, cette douce et sublime personnification de la Théologie, qui a inspiré à Dante ses poèmes immortels. Nous avons voulu rester strictement fidèle à notre titre et n'admettre dans ce volume que des poètes dont le christianisme ne pût être l'objet d'aucun doute.

Né vers le milieu du ve siècle, au sein d'une famille patricienne et sénatoriale de l'Auvergne, Alcimus Ecditius Avitus monta sur le siége épiscopal de Vienne, et l'occupa jusqu'au 5 février 525 jour de sa mort. Il assista à plusieurs conciles, et prit part aux événements les plus importants de son siècle. Dans la lutte qu'il soutint contre les Ariens, il eut des relations fréquentes avec le roi des Bourguignons Gondebaud qui favorisait ces hérétiques, et il parvint à convertir son fils Sigismond. Ce célèbre évêque a fait cinq poèmes en vers hexamètres sur la Genèse et sur l'Exode: 1° De origine mundi; 2o De_peccato originali; 3o De sententiâ Dei; 4o De diluvio mundi; 5o De transitu maris Rubri. M. Guizot fait remarquer que les trois premiers poèmes forment un tout complet, et qu'on peut les intituler Paradis perdu; puis il compare saint Avit à Milton, et donne quelquefois l'avantage au premier sur le second. Le poète anglais, qui était très-érudit, a sans doute profité de l'œuvre du poète latin, qui fut précisément publiée au XVIe siècle. Les vers de saint Avit sont d'une bonne facture; son style est clair et précis. Ce poète a de l'invention et de l'éclat et il a su faire une œuvre originale en se renfermant dans les limites de l'Ecriture.

DE ORIGINE MUNDI.

I. Création de l'homme,

Ergo ubi completis fulserunt omnia rebus,
Ornatuque suo perfectus constitit orbis,

Tum Pater omnipotens æterno lumine lætum
Contulit ad terras sublimi ex æthere vultum,
Illustrans quodcumque videt: placet ipsa tuenti
Artifici factura suo, laudatque creator
Dispositum pulchro quem condidit ordine mundum.

Tum demum tali Sapientia voce locuta est :
«En præclara nitet mundano machina cultu";

« Illustrans quodcumque videt, » jetant de l'éclat sur tout ce qu'il apercoit.

2 «Præclara mundano machina cultu. » Hypallage, pour « præclaro mundana machina cultu. >>

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