INDUSTRIE NATIONALE.

Séance générale, tenue le 28 février 1816, par la société d'encouragement pour l'industrie nationale.

Cette réunion qui avait attiré un concours nombreux de savans, d'artistes et d'amis de l'industrie, était consacrée à entendre la lecture du compte rendu des travaux du conseil d'administration pendant l'année 1815.

Plusieurs fabricans et artistes de la capitale avaient contribué à l'éclat de la séance, en exposant dans les salles les nouveaux produits de leur industrie, qui ont été vus avec satisfaction. Nous citerons les suivans comme ayant fixé plus particulièrement les regards, soit par leur nouveauté, soit par leur bonus exécution.

1o. Une mécanique uranographique, de l'invention de M. Rouy, déjà approuvée par les astronomes de Milan, et qui, par ses combinaisons ingénieuses, permet d'imiter le mouvement des planètes. L'auteur a pré

senté cette ménanique au Roi et aux princes de la famille royale.

2o. Des tahatières en plaqué d'or, enrichies de dessins de très-bon goût, et exécutées par MM. Lecouffle et Baudin, bijoutiers, rue Saint-Denis, no 42.

3. De très-beaux schalls en laine de Cachemire, avec des ornemens dans le goût français, de la fabrique de M. Ternaux, dont des produits sont généralement estimés.

4o. D'autres schalls du même genre, qui rivalisent avec les précédens, présentés par M. Bauson, rue de Montreuil, no 85.

5o. Un portrait du Roi, sur porcelaine, par M. Gonord, rue de Popincourt, no 96, d'une parfaite ressemblance et d'un fini précieux.

6o. Un semblable portrait peint sur velours, dont la société a agréé l'hommage, qui lui a été fait par M. Vauchelet, rue de Clichy, déjà avantageusement connu par d'autres productions du même genre, que le public a accueillies avec une faveur méritée.

7°. Divers objets d'ameublement et d'équipement, des sacs à des sacs à ouvrages, casquettes, etc., imprimés sur étoffes, par le procédé de M. Bonvallet, hôtel d'Aligre, rue Saint-Honoré : ces impressions, qui imitent la broderie, et en ont

tout le relief et même plus de netteté et de correction, se distinguent par leur solidité et leur bas prix. Nous ne pouvons rien ajouter aux éloges que nous en avons déjà faits, sinon que l'auteur a varié et multiplié ses dessins, et qu'il livre dès à présent au commerce une foule d'objets de très-bon goût.

8°. Des tissus pour sangles et des tuyaux sans couture, en fil de chanvre, fabriqués par M. Guillemot, rue Thevenot, no 23. On se rappelle que la société a proposé un prix sur ce sujet.

9o. Des presses à timbre sec, exécutées par M. Regnier, avec le talent qui distingue cet ingénieux artiste.

10o. Le mécanisme imaginé par M. Dezarmeaux rue de Bourbon, no 6, pour remplacer la main amputée au poignet, et les divers instrumens dont il se sert avec beaucoup d'adresse et qu'il perfectionne chaque jour. Ce militaire invalide continue de se rendre digne des témoignages de satisfaction et des récompenses qu'il a reçus, tant de S. Exc. le ministre de l'intérieur que de la société d'encouragement.

11o. Des fusils et pistolets à percussion, de MM. Moreau et Roux, rue des Trois

Frères, et dont le moindre avantage est de dispenser de l'emploi de la baguette, de l'amorce et du tirebourre.

12o. Enfin des serrures à combinaisons, très-bien exécutées par M. Nantes, habile serrurier, et qu'il a présentées au Roi.

La séance s'est ouverte à sept heures du soir, sous la présidence de M. le comte Chaptal.

La parole a été accordée à M. Degérando, secrétaire de la société, qui, après un brillant préambule que son étendue ne nous permet pas de publier, a rendu compte, en ces termes, des travaux du conseil d'administration pendant l'année 1815.

Arts mécaniques.

« Un militaire invalide, M. Dezarmeaux, a exécuté un poignet artificiel à l'usage de ceux de ses camarades mutilés par suite de blessures honorables. L'idée en est toute naturelle; elle ne suppose aucune combinaison des théories de la mécanique; mais l'instrument, et c'est ce qui importe, remplit parfaitement son objet. C'est une boîte en fer, ou un manche fortement assujetti, par des courroies, au bras privé de la main, et au

quel s'adaptent plusieurs ustensiles ingénieux. propres à la remplacer. Avec son secours, on peut écrire, dessiner, faire des armes. S. Exc. le ministre secrétaire d'état de l'intérieur nous a adressé l'auteur et transmis ses dessins; déjà il lui avait accordé un encouragement auquel la société, sur le rapport de M. de la Chabeaussière jeune, a joint aussi quelques récompenses. S'il nous est doux de vous présenter, dans le premier objet de ce rapport, une invention utile à l'humanité, nous aimons aussi à vous faire connaître que l'inventeur n'a usé de ces récompenses que pour perfectionner et étendre son mécanisme, et que, renonçant aux droits de propriété que les lois lui assuraient, il a désiré et provoqué lui-même la publication de son appareil, pour en rendre l'adoption plus rapide et l'usage plus général.

<< Vous vous rappellerez, messieurs, que la société avait applaudi autrefois à l'idée conçue et exécutée par M. Boiteux, bonnetier à Paris, de mettre dans le commerce une sorte de tricots épais, à longues peluches, appelés tricots laineux, qui donnent une grande chaleur, mais en regrettant que le prix de cette espèce de fourrure artificielle fût trop élevé