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Description d'une presse d'imprimerie, mue par une machine à vapeur.

Les journaux ont parlé de la nouvelle presse d'imprimerie proposée par M. Koenig, artiste allemand, établi à Londres, des avantages qu'elle offre sur les presses ordinaires, et des ouvrages déjà imprimés par cette méthode perfectionnée. La patente de l'auteur n'ayant point encore été publiée, M. Daclin y supplée en en faisant connaître le mécanisme, d'après la relation d'un témoin oculaire qui l'a vue fonctionner dans l'imprimerie du Times, journal anglais, où elle est employée depuis plus d'une année.

La presse est fort analogue à celle des imprimeurs en taille-douce, et l'action s'exerce en général par des cylindres. La cage qui la contient a 6 à 7 pieds de haut, et à-peu-près la même largeur; sa longueur est de 12 à 14 pieds. Tous les cylindres qui en font partie sont placés dans des directions parallèles entre elles perpendiculaires à la direction longitudinale de la machine. Le principe d'action qui met les cylindres en mouvement, s'applique

à leurs axes prolongés en dehors de la cage, du côté le plus voisin de la roue principale, que fait tourner la manivelle mise en rotation par le va-et-vient du piston de la machine à vapeur, principe de tout le mouvement.

L'encre.

Immédiatement au-dessus du milieu de la cage, on voit un vase qui contient l'encre; elle coule par une ouverture pratiquée au fond, et qu'on peut augmenter ou diminuer à volonté. Au sortir du vase, l'encre tombe entre deux cylindres de métal qui tournent sur leurs axes, et sont à très-peu-près en contact. La pression qu'ils exercent sur l'encre, la force à se distribuer uniformément sur leurs surfaces, et l'atténue considérablement. De cette première paire de cylindres, l'encre passe sur d'autres qui l'étendent encore davantage, et finalement elle est déposée sur un cylindre recouvert de peau (1) ou de quelque matière souple, propre à transmettre l'encre aux ca

(1) On voit dans l'imprimerie de M. Taylor, à Londres, des balles d'imprimeur, faites d'après un procédé nouveau, de toile de lin grossière, imprégnée de colle, qui distribuent l'encre plus uniformément que les balles ordinaires, couvertes de peau.

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ractères. Ces cylindres sont au nombre de six; d'abord, une paire qui reçoit l'encre du vase; puis, un seul, au-dessous de ces deux, et qu'ils frottent; sous celui-ci, une seconde. paire, et finalement sous ces derniers, le cylindre garni qui fait l'office de balles. Le cylindre de métal qui se trouve immédiatement au-dessous de la première paire, a un double mouvement, l'un de rotation sur son axe, et l'autre de va-et-vient parallèlement à ce même axe. Ce dernier mouvement contribue à étendre l'encre sur une plus grande surface et avec plus d'égalité.

Un des grands avantages de ce procédé est la finesse qu'il procure à l'encre, et l'égalité remarquable avec laquelle elle se distribue sur les caractères, uniformité bien supérieure à ce qu'on peut obtenir par l'action ordinaire de la main, surtout lorsque l'impression est très-rapide. Le système des cylindres pour la distribution de l'encre occupe environ 18 pouces ou 2 pieds de hauteur, au milieu de la cage, et les deux parties de la presse qui se trouvent de part et d'autre de ces cylindres se ressemblent exactement; chacun a, pour ainsi dire, sa presse à rouleau, de manière que l'ouvrage se fait à double avec les mêmes caractères.

Le papier blanc.

Dans chacune des deux régions de la presse comprises entre les cylindres à encre et l'extrémité, se trouve un grand cylindre de bois, de dimensions telles que trois feuilles de papier à imprimer couvrent sa circonférence entière. Chacun de ces deux cylindres tourne bien sur son axe, mais leur mouvement n'y est pas uniforme; ils ne font à-la-fois qu'un tiers de révolution, et ils restent ensuite stationnaires pendant quelques secondes. Leur surface supérieure pendant chaque arrêt présente toujours un espace vacant, de la gandeur de la feuille à imprimer. Un ouvrier debout tout auprès, sur une petite plateforme, a, à côté de lui, un tas de feuilles humectées; il en prend une par ses deux coins, il l'étend sur l'endroit vacant, et l'y ajuste de la main, pendant que le cylindre est en repos; celui-ci fait un tiers de tour; un nouvel espace vacant se présente, il est garni de même, etc. Lorsque la machine est en pleine et parfaite fonction, chacun de ces cylindres imprime 550 feuilles par heure. Les ouvriers qui servent cette machine doivent être très-actifs, dans le cas dont on vient de parler; mais la marche or

dinaire est 450 feuilles par heure, par homme, ce qui fait une feuille tirée toutes les huit secondes.

Les caractères.

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Les caractères, après la composition et la mise en page ordinaires, dans une forme de fer, sont placés (les lettres en dessus), sur une plateforme de métal épaisse de quelques pouces, et qui est supportée par quatre petites roues d'environ 4 pouces de diamètre, deux de chaque côté. Ces roues roulent dans deux rainures qui occupent toute la longueur de la machine, et en constituent comme la base, lorsqu'elle est en action. La plate-forme ainsi chargée de caractères, roule facilement sur ces roues, d'un bout à l'autre de la cage, sans s'arrêter sensiblement, excepté lorsqu'elle atteint à l'une ou à l'autre extrémité. Là on remarque un arrêt d'une ou deux secondes, puis elle revient en arrière jusqu'à l'autre bout; dans chacun de ses mouvemens alternatifs, elle passe sous le 'cylindre chargé d'encre et sous les deux qui portent chacun à leur circonférence les feuilles de papier qui, pressées sur les caractères, prennent l'encre que ceux-ci viennent de recevoir.

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