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et à le rendre aussi facile dans l'exécution que celui de la gravure en taille-douce : but auquel il importe de parvenir, afin que la lithographie puisse rendre un jour aux arts et aux sciences les grands avantages qu'on a lieu d'en attendre.

magne.

J'ai composé un traité de lithographie, dans lequel je décris les manières et les procédés divers en usage jusqu'à ce moment en AlleJe me propose de le publier à l'époque où l'art, perfectionné par de nouvelles découvertes ou par ma propre expérience, pourra devenir d'un usage facile et d'une application générale.

Mais il est temps que je rentre dans l'objet plus spécial de ce rapport, et que je vous présente, Messieurs, les résultats de l'examen que vos commissaires ont fait des travaux lithographiques de M. Engelmann.

Cet artiste, non moins distingué par ses talens que digne d'éloges pour l'empressement qu'il a mis à introduire en France une invention qu'il regarde, à juste titre, comme d'une haute importance, a transmis à la société un mémoire dans lequel il expose des considérations générales sur la lithographie et sur les procédés dont elle se compose. Ainsi il parle

des pierres, de l'encre et des crayons, de la manière de transporter l'écriture du papier sur la pierre, de la gravure sur pierre, de la manière en bois, de celle par laquelle on obtient des fonds de couleur, et enfin de la presse et du tirage. On ne doit pas s'attendre à trouver dans ce mémoire, qui ne contient que huit pages, des notions propres à diriger les artistes dans la pratique. Ce n'était pas le but de l'auteur, qui semble ne l'avoir publié que pour faire connaître au public son nouvel établissement. Il y a joint, dans cette vue, quatre planches, dont la première représente un taureau au crayon, avec des blancs de réserve sur un fond de bistre; la seconde, deux satyres faits à la manière en bois, et un sujet à la plume avec une teinte au bistre ; la troisième, des notes de musique, et de l'écriture transportée du papier sur la pierre; la quatrième enfin, une carte géographique et une petite tête, l'une et l'autre gravées sur pierre.

L'exécution de ces différens morceaux laisse fort peu de chose à désirer, si on la compare avec ce qui se fait en ce genre en Allemagne. Nous pouvons porter le même jugement sur les autres gravures envoyées à la

société par M. Engelmann. Les neuf feuilles qui représentent les dessins au trait des loges de Raphaël, sont remarquables par la pureté et la délicatesse du trait. Les dessins au crayon, représentant des animaux, sont exécutés d'une touche légère, moëlleuse et douce, qui flatte agréablement la vue. La carte imprimée sur toile, et qui par cela même présente une difficulté de plus, est tracée avec assez de netteté, sauf quelques parties un peu trop faibles. La gravure à la manière en bois, dont nous avons parlé plus haut, laisse aussi quelque chose à désirer sous le rapport de la pureté des ombres et de leur harmonie. Ce dernier genre, qui est assez expéditif, demande beaucoup de tact et de goût pour produire des effets heureux.

Si M. Engelmann n'a pas porté dans tous ses ouvrages lithographiques le degré de perfection qu'on a atteint en Allemagne, il en a cependant approché de très-près; et si l'on considère les obstacles qu'on rencontre toujours dans un établissement naissant, et surtout la difficulté de former des artistes dans un genre nouveau, on peut présumer que M. Engelmann, avec des soins, du temps et de la persévérance, produira des ouvrages

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aussi parfaits que ceux qui sont sortis des presses de Munich.

Pour connaître cependant le degré de perfection auquel il possède l'art lithographique, il eût été nécessaire de savoir s'il réussit également sur tous les dessins tracés sur pierre qu'il soumet à la presse; s'il parvient a en tirer un nombre donné d'épreuves également belles, et quel est ce nombre; enfin, à quel prix il peut les mettre dans le commerce. Ce sont là les données dont il faut partir pour connaître au juste toute l'importance et la valeur d'une entreprise de ce genre, soit pour l'entrepreneur, soit pour le public. Il ne suffit pas, pour que l'art soit recommandable, qu'il puisse produire quelques belles épreuves: ce serait un effort qui exciterait une admiration momentanée; mais l'art, sans profit et sans résultats, serait aussitôt abandonné et plongé dans l'oubli. D'ailleurs, si la lithographie, sœur de la gravure en taille-douce, ne peut réunirdes qualités aussi brillantes que celle-ci, elle doit au moins remplacer l'éclat qui lui manque par les avantages qui lui sont propres, au nombre desquels il faut mettre en première ligne la facilité et l'économie.

Vos commissaires pensent que la société

doit féliciter M. Engelmann des succès qu'il a obtenus, lui témoigner sa reconnaissance pour la communication qu'il lui a faite, et l'exhorter à poursuivre l'entreprise qu'il a si heureusement commencée. Ces conclusions ont été adoptées.

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