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quit des efforts du premier pasteur qui tenta de laver la toison de ses brebis. L'Art du chapelier, approuvé par l'académie des sciences, ne nous apprend rien à cet égard; et l'Encyclopédie se trompe en disant que la colle et la lie de vin sont les agens nécessaires du feutrage; mais, depuis que M. Monge a traité cette question avec sa sagacité ordinaire, nous savons que cette étoffe n'est que le résultat mécanique d'une contexture particulière commune à tous les genres de poils.

Toutes les tribus errantes qui habitent la Haute-Asie ou l'ancienne Scythie n'ont jamais eu que cette ressource pour couvrir leurs tentes et leurs chariots. Les Kalmouks, les Kirguis sont encore abrités par de larges pièces de feutres, comme ont dû l'être les Scythes leurs ancêtres, ou au moins leurs devanciers, dans les steps de la Tartarie.

Les sauvages savaient tisser quelques végétaux, mais le filage fut un grand pas dans l'industrie, et fit naître une infinité de tissus, dont un petit nombre eut le feutrage comme auxiliaire, tandis qu'il fut négligé, ou même oublié, comme art unique, par les peuples riches en tissus variés. Mais ceux qui ont conservé une forte teinture de la vie nomade

ainsi que ses besoins, ils ont adopté le tissu comme ajoutant quelque chose à la solidité de l'étoffe, sans cesser de considérer le feutrage comme l'opération principale.

La première fois que nous eûmes l'occasion de voir des Cabardiens du commun, nous fûmes frappés de leur habillement roide, épais et sans plis; c'était une étoffe croisée, à la vérité, mais le feutre dominait évidemment le tissu, et en faisait le principal mérite.

Or un seul fil à la chaîne ou à la trame ne suffirait pas pour donner à ces vêtemens l'épaisseur que nous leur avons remarquée; il est probable aussi que les cordelettes dont les Caucasiens font ces gros draps sont lâches et peu tordues, pour se prêter plus facilement au feutrage; c'est ce qu'ils peuvent obtenir et ce qu'ils obtiennent sans doute avec économie par l'ingénieux procédé dont nous venons de faire la description...

Nouvelle grue, propre au service d'un moulin, , par M. de Bettancourt, lieutenantgénéral au service de S. M. l'empereur de Russie.

Les grues sont des machines très-utiles et connues de toutes les personnes qui ont la moindre notion de mécanique. Leur usage n'est cependant pas aussi étendu qu'il devrait l'être. En Angleterre, elles sont communes; en France, on les trouve dans les ports de mer, à Paris et dans quelques villes, pour élever les matériaux dans la construction des grands édifices. On en voit rarement en Allemagne et presque point dans le reste de l'Europe. Cependant les cabinets et les livres sont pleins de modèles et de dessins de ces machines qui diffèrent par leurs formes et même par leurs propriétés, suivant l'objet de leur destination. Celle que nous allons décrire a été imaginée pour être placée à la partie supérieure d'un moulin.

Explication de la Planche double 28 et 29.

Son emploi est d'élever le sac S (fig. 1.)

verticalement jusqu'à la hauteur convenable; puis, par la continuation du même mouvement, de le faire entrer dans l'intérieur de l'édifice; et, sans faire d'autre opération que désengrener le treuil B, qui tirait la corde, décharger le sac et faire retourner la pince H à sa première position.

Nous ferons connaître la manière dont s'opèrent ces mouvemens, après avoir décrit les différentes parties de la machine.

La fig. I représente une section de l'édifice, et la grue vue de profil.

Fig. 2. Plan de la même grue.

Fig. 3. La grue vue de face placée dans une des fenêtres supérieures : les mêmes lettres indiquent les mêmes pièces dans toutes les figures.

A, arbre qui reçoit son mouvement du moulin et qui porte un pignon D, pour tourner le treuil B.

B, treuil qu'enveloppe la corde qui lève le sac.

C, levier qui porte un des bouts du treuil, et qui en le levant dégage la roue qui lui est contigue du pignon D, et le laisse en liberté pour qu'il puisse tourner en sens contraire. D, pignon moteur, toujours en mouvement et dans le même sens.

EE, deux poutres parallèles qui se projètent hors de l'édifice, et qui laissent entre elles un espace libre de 5 à 6 pouces dans toute leur longueur : elles sont supportées à leur extrémité et vers le milieu des arcs

boutans.

par

N. B. Les arcs - boutans du milieu sont cachés par le mur.

F, poulie fixée entre les deux poutres EE, sur laquelle passe la corde qui doit lever le poids S.

G, chariot qui porte la poulie a, et qui reçoit aussi la même corde. Ce chariot est vu par devant dans la fig. 4, et de profil dans la fig. 5. Les deux roues b, c, portent sur le milieu des deux poutres E, E; et la poulie a, avec l'étrier f, auquel est attaché le bout de la corde g, doit passer librement entre les deux poutres.

H, pince ou tenaille, munie d'un léger ressort pour l'ouvrir, et qui sert à prendre le sac. On voit que, par le tirage de la corde, elle doit se fermer et serrer le poids, et que le ressort la fera ouvrir aussitôt que le sac posera par terre.

I, J, poulies sur lesquelles passe la corde gh, qui d'un bout est attachée à l'étrier de la

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