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général dans toutes les grandes villes où il y a toujours un assez grand nombre de caves, qui ne sont ni trop froides, ni trop humides. On sent que ce n'est que dans un temps de disette que l'on peut recourir à cette culture: mais alors on appréciera cette ressource, et l'on obtiendra des résultats plus avantageux qu'on ne l'aurait espéré.

2 DES

ARTS ET MANUFACTURES.

SECONDE COLLECTION.

Tome 3. N° 8.

Février 1816.

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AGRICULTURE.

Du chaulage; de l'immersion ou de l'imbibition des grains connue sous le nom de stratification; réveil de la puissance végétative dans les graines surannées; emploi de l'acide muriatique oxigéné; eau ou menstrue radical et élémentaire.

Cet article, signé D.-D. M., a paru dans la bibliothèque physico-économique. L'intérêt qu'il présente nous détermine à le reproduire.

Le chaulage est connu depuis long-temps; l'imbibition des semences l'est aussi; mais l'utilité de cette dernière opération a été plus 2o Coll, 3.

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ou moins contestée, et nous espérons la rendre évidente, en prouvant le réveil de la puissance végétative, par l'immersion des semences dans un fluide approprié et animé par l'acide muriatique et l'oxigène. Des preuves sans réplique viendront étayer notre doctrine, démontrer de plus en plus l'importance d'un bain menstruel à donner aux semences végétales; elles nous conduiront pas a pas et par la main à établir la possibilité de l'existence d'un menstrue végétal, universel, c'est-à-dire élémentaire et radical, dont nous aimons à nous flatter d'avoir fait l'utile découverte, et qui ne peut manquer d'être tôt ou tard accueilli et adopté par le cultivateur."

Du chaulage. Le noir ou la carie des blés est une maladie qui leur est particulière, et qui en dégrade absolument la qualité; on soupçonne aujourd'hui, et probablement avec raison, que ce noir n'est autre chose que la présence de molécules infiniment petites, et appartenant à une partie de la cryptogamie, c'est-à-dire à la classe des champignons, tenant encore plus au règue animal qu'au règne végétal. Quoi qu'il en soit, il paraît que cette carie ne se développe pas également partout, et qu'il faut la réunion de plusieurs

circonstances pour qu'il lui soit permis de foisonner. Des expériences rigoureuses, faites en Angleterre, ont prouvé que des terres naturellement humides, et celles surtout qui sont situées dans le voisinage des eaux et sur la lisière des bois, sont plus sujettes à donner des blés cariés, tandis que cette maladie est plus rare dans les champs secs, élevés et en bonne exposition. Le froid, lorsqu'il vient se joindre à l'humidité, est encore une cause médiate de carie, et les blés, souvent atteints du noir dans les parties septentrionales des trois royaumes, le sont beaucoup moins dans leurs contrées méridionales.

La carie des grains pourrait donc être envisagée, sous de certains rapports, comme une maladie locale, inhérente aux pays froids, et à-peu-près inconnue dans les pays chauds. Les blés d'Egypte, de Barbarie, de Sicile, se présentent bien rarement à l'état de carie; elle ne se rencontre, ainsi que nous venons de le dire, que dans les blés produits de champs enveloppés par des bois, des montagnes, environnés de marécages, et sur lesquels des vapeurs humides sont condensées pendant une très-grande partie de l'année. C'est principalement dans cette hypothèse que la carie

attaque les blés vers l'époque de leur matuzité; alors la poussière noire qui constitue la carie, est un poison tellement subtil, qu'un de ses atômes infecte de proche en proche, d'abord un grain, aussitôt tout un épi pour porter ensuite son venin dans les épis environnans, et le mal marche quelquefois avec une rapidité incroyable. Il cause de même les plus grands dommages, quand il se développe sur des blés encore jeunes, et alors le ravage, quoique plus lent, est souvent bien plus général.

Aussi les agriculteurs ont-ils tout mis en usage pour repousser ce funeste fléau, et ils ont cru avoir rencontré un puissant moyen de répression dans le chaulage ou l'immersion des blés.

Des faits, d'heureux résultats sont venus à l'appui de leur théorie, et des expériences comparatives ont bientôt prouvé que cette méthode méritait d'être suivie, non pas, suivant nous, comme dépouillant le grain d'un principe de carie qui lui serait inhérent, et qui serait propre à se développer avec la végé tation de la plante, pour empoisonner plus tard des épis non encore existans au moment des semailles, mais bien au contraire comme

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