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COMMUNICATIONS DIVERSES

Identification du prieuré de Mansat

Dans la deuxième livraison du tome LV du Bulletin de la Société archéologique du Limousin, paru récemment (1906), M. Charles de Lasteyrie a publié une charte de Guillaume, abbé de saint Martial, concédant à des moines de l'abbaye le domaine d'Aigueperse, avril 1223. Dans cette charte figure P. de Pratmi, prieur de « Mansac ». A cette occasion M. de Lasteyrie répète ce qu'il avait déjà avancé dans son Histoire de l'abbaye de Saint-Martial, à savoir que le prieuré de « Mansac » était situé dans le village dit encore aujourd'hui Mansac, chef-lieu de commune de l'arrondissement de Brive (Corrèze) (1). Cette identification remonte à l'édition déplorable des Chroniques de Saint-Martial, par Duplès-Agier, et, comme tant d'autres, elle est radicalement fausse. Il est d'autant plus nécessaire de la corriger que M. Champeval, qui a tant fait pour redresser les erreurs topographiques de Duplès-Agier, s'est laissé lui-même gagner par la contagion (2). Le prieuré en question était situé à Mansat, commune du canton de Bourganeuf (Creuse). Il suffit de consulter le Pouillé de Nadaud, récemment publié (3), pour s'en convaincre. J'ajoute que le prieuré fut réuni à la chambrerie de Saint-Martial au XIVe siècle et que le terrier de la chambrerie, qui existe aux Archives de la Haute-Vienne (4), ne laisse subsister aucun doute à ce sujet.

(Communication de M. Antoine Thomas, de l'Institut).

(1) Bulletin, t. LV, p. 814, no !. (2) Bulletin cité, t. XLII, p. 385. (3) Bulletin cité, t. LIII, p. 325. (4) No provisoire 466.

L'élection de Durand à l'évéché de Limoges, 1238

Le neuvième fascicule des Registres de Grégoire IX, publiés par M. Lucien Auvray dans la Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome (série in-4°), a paru récemment (juin 1906). Il contient des actes cotés de 4021 à 4406, tous de l'année 1238, parmi lesquels les no 4030 et 4038 sont relatifs à l'élection contestée de Durand, prévôt de Saint-Junien, à l'évêché de Limoges. Sous le n° 4038 sont imprimés in extenso les articulations des deux compétiteurs en présence, dont chacun accuse les partisans de l'autre des crimes les plus atroces irrégularité, assassinat, incontinence, sodomie, etc. C'est très édifiant. Il reste à identifier les noms propres que l'éditeur s'est contenté de reproduire tels que les donne le manuscrit du Vatican. J'y relève seulement quelques détails. Le prévôt de Saint-Junien est dit avoir cumulé avec sa prévôté l'archidiaconé de Limoges et l'église de « Labrentan ». Serait-ce La Brionne, canton de Saint-Vaury (Creuse), dont la forme romane est La Breuna? Guillaume de Maumont, archidiacre de Combraille et « G. de Aureliaco », archidiacre de la Marche, cumulaient chacun une église paroissiale avec leur archidiaconé, mais ces églises ne sont pas nommées. Le nom de la concubine (vraie ou supposée) de l'archidiacre Jean de Barmont, énoncé par le manuscrit Maria de Siau, doit être lu Maria d'Esjau cette femme tirait son nom d'une commune dont la graphie officielle est Eyjeaux, canton de Pierrebuffière (Haute-Vienne). La veuve soupçonnée d'accointance avec le pénitencier de la cathédrale était du bourg d'Afieu, ou selon la graphie officielle Affieux, canton de Treignac (Corrèze); il faut lire en effet : « vidua de burgo d'Afio » au lieu de « vidua de Burgo Dafio». La bulle 4332 autorise l'abbé d'Uzerche, Hélie, à porter l'anneau, comme il était déjà autorisé à porter la mitre et le baton pastoral (31 mars).

(Communication de M. Antoine Thomas, de l'Institut).

Une statue de saint Jean au village de Sainte-Claire

On a écrit plusieurs fois quelques pages intéressantes sur les statues de la Sainte-Vierge dont les habitants de Limoges aimaient à décorer l'extérieur de leurs maisons. Il n'en reste actuellement qu'un petit nombre, et les niches gothiques qui les abritaient dis

paraissent aussi de plus en plus au cours des transformations qui ont lieu dans presque tous les quartiers de l'ancienne ville.

Ces statues de la Sainte-Vierge qui étaient nombreuses, et celles plus rares de quelques saints, sont en pierre, en bois ou en faïence. Je viens aujourd'hui en signaler une qui est en plomb, et dont on n'a jamais parlé c'est une statue de saint Jean-Baptiste, qui se trouve dans un faubourg de Limoges, au village de Sainte-Claire. Elle a une hauteur totale de 0m41. Le saint est debout, porté par un socle carré de 015 de hauteur. Il est simplement vêtu d'une peau de mouton, qu'un manteau recouvre en partie. De la main droite il tient une grande croix dont le pied touche terre; le bras et la main gauche supportent un livre d'assez grande dimension. Sauf le livre, c'est bien le type connu et aimé du saint précurseur.

Le socle sur lequel est posée cette statue a aussi son intérêt, car il nous fait connaître l'époque de son exécution. Il est formé par la réunion de quatre plaques semblables, que le fondeur a soudées ensemble et ornées d'une corniche. Sur chacune d'elles se détache, en beau relief, un grand écusson de forme ovale, tel qu'on en trouve au XVII siècle. Les armes qu'il porte sont d'azur au chevron d'or, accompagné en chef d'un croissant d'argent accosté de deux étoiles d'or, et en pointe d'une rose de méme. Il est surmonté d'un casque taré de face et orné de lambrequins. Ce sont les armes de la famille de Villoutreix, dont une branche habitait La Judie, commune de Saint-Martin-le-Vieux, canton d'Aixe; et l'autre Faye, commune de Flavignac, canton de Châlus.

On connaît plusieurs sceaux dont se servaient les membres de cette famille; sur des lettres de 1661 on en trouve un qui est absolument semblable à celui que le fondeur a reproduit ici, et ce qui le distingue des autres moins anciens, c'est qu'il a le casque taré de face. On peut en conclure que cette statue est un peu antérieure à 1661. Les autres sceaux de la famille de Villoutreix qui sont postérieurs à cette date, portent le casque taré de profil, remplacé en 1726 par une couronne de comte, et en 1769 par une couronne de marquis.

Cette statue de saint Jean-Baptiste est conservée dans une niche, au-dessus de la porte d'une maison qui fut le presbytère de l'ancienne paroisse de Notre-Dame de Soubrevas, mais dans la façade du jardin qui regarde Limoges, et non du côté de la place publique.

Cette localité, qui est aujourd'hui sur la belle avenue de Naugeat, ouverte en 1860, a été le chef-lieu d'une paroisse et même d'une commune. Son surnom Soubrevas ou Soubrenas, lui vient de la position élevée qu'elle occupe. Soubro et Soubrane, dans le langage du pays signifie supérieur, d'en-haut. On disait Notre-Dame-d'en

Haut, pour la distinguer de Notre-Dame de La Règle qui était au bas de la ville. Sainte Claire était honorée d'un culte particulier dans cette église, comme patronne secondaire, et c'est sous le nom de Sainte-Claire qu'on désigne généralement aujourd'hui cette localité.

Les titres les plus anciens nous font connaitre qu'il existait en ce lieu un prieuré de filles, appelé Notre-Dame de Soubrevas, appartenant à l'abbaye de La Règle. Les Archives de la Haute-Vienne conservent une transaction du 22 mai 1331, entre les consuls de Limoges et la dame abbesse de La Règle, touchant la justice de cette paroisse. Il y « est dit et accordé que la dite dame aura la moyenne et basse justice, et la mixte, et les consuls la haute justice ».

Le 21 mai 1483, les collecteurs du château de Limoges remboursent aux collecteurs de la paroisse de Soubrevas treize livres indûment perçues (Bull. Soc. arch. du Lim., LI, p. 355).

Un arrêté du Parlement de Bordeaux confirme une sentence de la Cour consulaire de Limoges, condamnant Simon Reyx, de Soubrevas, à être pendu. L'exécution eut lieu le 4 juin 1528, au creux des Arènes, en présence des consuls, de leur prévôt, de leurs officiers, « et d'une grande multitude de peuple » (Archives hist. du Limousin, VIII, p. 284).

L'église paroissiale de Notre-Dame de Soubrevas, qui succéda à celle du prieuré, semble avoir été construite au XIV siècle; c'est du moins l'époque qu'indiquent quelques chapiteaux portant jadis la retombée des voûtes, que l'on voit aujourd'hui à une maison du village. L'abbesse de La Règle a toujours eu le droit de nommer les titulaires de la cure. Voici le nom de ceux qui me sont connus:

Pierre des Monts était curé de Notre-Dame de Soubrevas avant 1372. Jean Ollier en 1614. Pierre Ducoudert à partir de 1614. N... Cibot, 1674-1681. J. Duprat, 1681-1699. Jean Moulinier, 1700. N... Nicolas, 1744-1763. Jean-Baptiste Sénemaud, 1763-1809.

Dans l'état des paroisses dressé en 1686, on lit que celle de Notre-Dame de Soubrevas « est composée de 81 feux. L'abbesse de La Règle en est dame. Elle est située sur le penchant de la Vienne. Il y a beaucoup de prés et de vignes, peu de blé et de bestiaux ». A la même époque on constate, au moyen des registres paroissiaux, que la plupart des habitants sont vignerons.

En 1769 les paroissiens de Notre-Dame de Soubrevas construisirent dans une agréable position le presbytère qui existe aujourd'hui comme maison particulière; et c'est là que se trouve la statue de saint Jean-Baptiste décrite plus haut.

Par ordonnance du 30 juillet 1771, Turgot, intendant de la géné

ralité, chargea Jean-Baptiste Vacherie, notaire et arpenteur royal demeurant au Dorat, de faire le cadastre de cette paroisse. Ce travail se trouve encore aux Archives de la ville de Limoges (GG. 5), sous le titre de : « Etat des fonds de la paroisse de Sainte-Claire ». La commission chargée de former le département de la HauteVienne publia, le 25 mars 1790, un premier tableau donnant la division de ce département en six districts et quarante-cinq cantons. On y remarque le canton d'Isle, composé des communes d'Isle, de Verneuil, de Sainte-Claire et de Condat. Mais cette répartition ne fut pas maintenue. Dès l'année 1791, la commune de Soubrevas-Sainte-Claire fit partie du canton de Limoges.

Lorsque les lois révolutionnaires eurent fermé les églises, on vit la municipalité de Soubrevas-Sainte-Claire présenter une requête à l'administration départementale pour obtenir « la réouverture de son église paroissiale ». (Archives de la Haute-Vienne, L. 484). Je ne sais quelle suite fut donnée à cette demande.

Au rétablissement du culte, l'église reprit son ancien titre de paroisse, avec son ancien curé, M. Jean-Baptiste Sénemaud, qui avait été condamné à la déportation pour refus de serment. Mais en 1809, la paroisse et la commune furent supprimées. La commune de Limoges prit tout le territoire de celle de Soubrevas, et la paroisse fut réunie à celle de Saint-Michel-des-Lions.

Dès lors l'église mal entretenue était vouée à une ruine certaine, qui se fit attendre quelques années. Plus tard, en 1869, une croix fut érigée sur son emplacement, et solennellement bénite, le 12 août, par M. le curé de Saint-Michel-des-Lions. Aujourd'hui, ce village fait partie de la paroisse du Sacré-Cœur, érigée en succursale par décret du Président de la République du 26 février 1873.

(Communication de M. le chanoine A. Lecler.)

Découverte de monnaies à Linards (Haute-Vienne) (1)

Dans les premiers jours de janvier 1906, un cultivateur du hameau de Salas, commune de Linards, canton de Châteauneuf (Haute-Vienne), à la suite de travaux qu'il avait exécutés dans la cour de sa ferme, découvrit sous une dalle un vase en terre contenant, dans un sac de toile grossière, un millier de pièces de mon naies anciennes en billon et cuivre.

1 Voir le procès-verbal du 27 mars 1906.

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